Atteindre la cible
Le cortège de militants avance rapidement à travers les champs qui bordent l’aéroport de Bierset. Ils se préparent à atteindre leur cible, tout en chantant «We are unstoppable, another world is possible» (NDLR: Nous sommes inarrêtables, un autre monde est possible). Après avoir franchi les barrières du site, les activistes s’affairent, tous avec un rôle déterminé à l’avance. Certains se bloquent aux grillages avec des tubes métalliques, d’autres s’installent au sommet de tripodes en bois.
Plus de temps sur le terrain
Sur les deux jours d’action, Code-Rouge a mobilisé plus de 1.200 activistes. Si la coalition veut rassembler le plus de monde possible, elle a tout de même du mal à mobiliser les plus précaires. Une solution serait de passer plus de temps sur le terrain, selon Louis Droussin, porte-parole. «Je trouve que, pour l’instant, trop de gens séparent la question sociale de la question écologique. On ne se rend pas compte qu’il faut un changement radical du système, notamment au niveau socio-économique.»
Perturber la chaîne
Après plusieurs heures sur le site, des militants décident de s’introduire dans l’entrepôt d’Alibaba. Leur but est de perturber la chaîne logistique, en déplaçant des colis ou en griffonnant des étiquettes. Le temps pour certains de vérifier si la rampe servant à acheminer les cartons glisse correctement. Selon Maxime*, l’objectif est clair: «On est là pour se faire arrêter. À Anvers, plus de 600 activistes se sont fait embarquer. S’il n’y avait pas eu d’actions violentes dans l’histoire, on n’aurait pas connu autant d’avancées sociales.» Après plus de quatre heures de négociations avec des responsables de Code-Rouge, les forces de l’ordre se décideront à intervenir. Pas de gaz lacrymo ou de spray au poivre, mais des policiers qui traînent les activistes sur le sol, ces derniers se laissant aller afin de gagner le plus de temps possible. L’intervention fera quelques blessés, dont un bras cassé.
Le doyen des activistes
Rocco*, 78 ans, est le doyen des activistes présents devant l’entrepôt d’Alibaba. Même s’il s’est cassé la clavicule une semaine avant, il ne se voyait pas louper l’action. «J’ai fait mes examens en juillet 68, alors que j’étais en train de bloquer l’ULB avec d’autres étudiants. Un de mes petits-enfants m’a dit récemment: ‘Oh papy, tu arrives encore avec tes trucs écologiques.’ J’aimerais bien que mon engagement fasse partie des choses qui restent après moi, que je le transmette à mes enfants.»
* Prénom modifié.