Une nouvelle version du Plan HP a été adoptée. Mais plusieurs acteurs reprochent à la ministre Eliane Tillieux (PS)1 son manque de concertation. Suite (etpas fin) d’un dossier délicat.
En février, le gouvernement wallon avait adopté l’actualisation du Plan Habitat permanent (Plan HP) (voir Alter Echos n° 310 du 18 février 2011 : « Nouveau Plan HP, le gouvernement promet une concertation»). Pour rappel, ce plan vise à accompagner sur base volontaire les résidents permanents – quelque 8 000 personnes – qui habitent dans les campings, domaines etparcs résidentiels de week-end. L’actualisation du plan porte sur cinq axes : la maîtrise des entrées et la transformation éventuelle des équipementstouristiques, le relogement, l’accompagnement des résidents permanents, l’organisation en partenariat (avec les communes, associations…) et le pilotage du plan. A l’époque, lesassociations de terrain redoutaient que cette nouvelle version soit source de dégâts collatéraux. Elles avaient reproché au gouvernement son manque de concertation.
Ce 28 avril, le Plan HP est revenu sur la table du gouvernement. Que s’est-il passé entre-temps ? « La ministre a tenu compte d’amendements qui ont étésuggérés. De 71 mesures, on est passé à 67 en raison de doublons et une mesure spécifique a été ajoutée concernant l’accès aux soinspour les personnes âgées », explique le porte-parole d’Eliane Tillieux, en charge de la coordination du Plan HP. Le but était aussi de s’assurer du soutien del’ensemble des ministres wallons sur ce dossier.
Le dernier communiqué met aussi l’accent sur la reconversion de sites en zone d’habitat, comme à Somme-Leuze par exemple. « Ces sites devront rencontrer des exigences de confortet de sécurité et se situer à proximité de services tels que les écoles ou les transports en commun », précise ce texte. Il est aussi questiond’assurer dans les zones HP un équipement de base en eau et électricité.
Une conception variable de la concertation
Entre ces deux passages au gouvernement, les inquiétudes du terrain ont été relayées à différents niveaux. Début avril, le Conseil supérieurdu logement (CSL)2 a rendu public un avis sur la question. Il estime que « la problématique de l’Habitat permanent est avant tout une question à traiter sur leplan du logement et de l’aménagement du territoire. Or le plan « Habitat permanent » a été trop isolé de la politique du logement ». En termes de réponsesà apporter, le CSL considère que « les dispositifs à envisager devraient également permettre des innovations et une plus grande tolérance en matière dediversité de l’habitat (…). Le Conseil souhaite donc se réserver le temps d’examiner plus avant certains points qui méritent à ses yeux une réflexionplus profonde, notamment les mesures relatives à la reconnaissance de formes d’habitat alternatif, en perspective avec la réforme du Code wallon du logement ». La mesure 99du projet de réforme prévoit effectivement « une possibilité de déroger à la définition de logement (…) afin de permettre au gouvernementd’intégrer les modes d’habiter alternatifs ou innovants en distinguant la forme de l’habitat et les modalités d’occupation de l’habitat. »
Le 27 avril, le MOC3 avait dénoncé le peu de concertation de tous les acteurs de la part de la ministre. Et de dresser une liste précise à ce sujet :« manque de coordination du comité de pilotage, manque de soutien aux antennes sociales, manque d’échanges entre acteurs, sous-représentation des résidentsdans les lieux de concertation ». Solidarités nouvelles4, une association travaillant avec les résidents permanents, enfonce le clou. « On réfute le faitqu’il y ait eu de la concertation, explique David Praile. Faire de l’information, ce n’est pas faire de la concertation. Les habitants, en tout cas, ne sont pas concertés. Notre demande depouvoir discuter avec les habitants est passée à la trappe au nom d’une urgence qui ne se justifie pas sur le terrain. » Pour résumer, il n’y a pas eu de changement de capdepuis février.
L’asbl compte bien livrer sous peu une réaction plus complète. Quant à Eliane Tillieux, elle compte présenter une note de suivi du Plan HP en septembre 2011.
1. Cabinet de la ministre Eliane Tillieux :
– adresse : rue des Brigades d’Irlande, 4 à 5100 Jambes
– tél. : 081 32 34 11
– courriel : info-tillieux@gov.wallonie.be
– site : http://tillieux.wallonie.be
2. CSL :
– adresse : rue des Brigades d’Irlande, 1 à 5100 Jambes
– tél. : 081 33 24 99
– courriel : cslogement@gmail.com
3. MOC :
– adresse : chaussée de Haecht, 579 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 246 38 01
– site : www.moc.be
4. Solidarités nouvelles :
– adresse : rue Léopold, 36 A à 6000 Charleroi
– tél. : 071 30 36 77
– courriel : sn.secretariat@skynet.be
– site : www.solidaritesnouvelles.be