Les conseils consultatifs communaux des aînés peuvent-ils être des structures adéquates pour donner droit de cité aux 60 ans et plus ? Oui, mais …
Les conseils consultatifs communaux d’aînés (CCCA) ont eu le vent en poupe en 2008. Une effervescence tenant au fait que de l’argent frais et des emplois arrivaient dansles communes ayant rentré des projets dans ce sens. 205 500 euros étaient en effet libérés par Philippe Courard (PS), alors ministre wallon des Affaires intérieureset de la Fonction publique. Le ministre de l’Économie et de l’Emploi de la Région wallonne, Jean-Claude Marcourt (PS) apportait, lui, sa pierre à l’édifice encréant 77 emplois APE – soit un budget de 1 535 520 euros – affectés à la « coordination et soutien aux Conseils des seniors actifs », ainsiqu’à « la gestion et animation des maisons/homes de pensionnés ». La finalité étant « d’ intégrer les besoins desaînés dans des politiques menées par les pouvoirs locaux. » Mais aussi « d’assurer leur maintien, en tant que citoyens à part entière, actifsdans les différents domaines de la vie sociale. »
Combien de nouveaux CCCA ont-ils été créés grâce à ces aides ? « Il est impossible, à ce stade, d’annoncer unnombre », livrait-on, à l’époque, au niveau des cabinets ministériels. Cela d’autant que les emplois APE concernaient tant le soutien aux CCCA que lagestion et l’animation de structures d’accueil de retraités. Aujourd’hui, les données chiffrées ne sont guère plus précises ; les emploisAPE, eux, n’ont pas été renouvelés.
Et pour ce qui est du rôle effectivement joué par les CCCA, la CAS1 – Coordination des associations de seniors – ne se montre guère satisfaite.« Nous sommes occupés à réaliser un état des lieux au travers d’une enquête adressée aux 253 communes wallonnes francophones, livre ChristianDhanis, vice-président de la CAS1. Et nous comptons bien rencontrer les ministres Furlan et Picqué, ayant respectivement la tutelle sur les communes en Wallonie et àBruxelles, pour leur demander de légiférer, de manière précise, en la matière. »
En tête des revendications de la CAS, la mesure suggérée en 2006, déjà, dans la circulaire du ministre Courard qui visait à définir un cadre defonctionnement des CCCA. Il y était estimé souhaitable que le représentant de l’administration communale y siège, sans voix délibérative, tout commeles membres du conseil communal nommés par celui-ci pour servir d’agent de liaison. Cela afin de rendre la parole des aînés prépondérante sur les jeux etenjeux de pouvoir de l’autorité communale. « Nous sommes suffisamment actifs et lucides pour mener notre destinée nous-mêmes, nous n’avons pas besoin decoach », martèle Christian Dhanis, en pointant du doigt les CCCA présidées par un échevin. Autre revendication : un fonctionnement démocratique desCCCA orienté vers une action s’intéressant aux problèmes réels des aînés plutôt que l’organisation de goûters et autres animationsfestives annuelles pour le troisième âge. Et le vice-président d’énumérer les priorités : pauvreté, santé, qualité de vie,mobilité, isolement, maltraitance.
Agir avec efficacité
« Chaque conseil consultatif des aînés devrait également se donner un plan de travail annuel, élaborer un rapport d’activités et réaliserun travail structurel », ajoute la CAS. Et de dénoncer le fait que, souvent, les personnes qui siègent au CCCA présentent leur point de vue alors qu’ilconviendrait de faire remonter au sein du débat la parole des « sans voix ». Parité hommes/femmes, collaboration et coordination de commissions, invitationd’experts venant éclairer les membres du CCCA et entendre les demandes des aînés, autant de revendications qui s’ajoutent à la liste, pour un fonctionnementplus démocratique et plus efficace. Pas mal de critères qui, in fine, se retrouvaient déjà dans la circulaire de 2006. Alors, le fait de légiférer –plutôt que de suggérer – suffira-t-il à impulser les changements espérés ?
Pas si sûr au vu des nombreuses résistances émanant des aînés, eux-mêmes, siégeant au CCCA. Pour ne citer qu’un exemple, à Namur, communecapitale de la Wallonie, aucune femme ne préside de commission, et ses membres sont fiers de mettre en avant le fait que ce sont eux qui ont souhaité, lors du changement demajorité, que la présidence de la CCCA reste assurée par un échevin. Quant aux actions concrètes : on attend toujours la publication réactualisée– annoncée depuis trois ans déjà – des différents services proposés au sein de la commune à destination des aînés.
1. CAS :
– adresse : rue des Fabriques, 28 bte 12 à 4300 Waremme
– tél. : 0475 65 28 14
– site : www.cas-seniors.be