Autant le dire, la contraception masculine ne dispose pas, à l’heure actuelle, de nombreuses techniques. Hormis le préservatif et la vasectomie, les autres méthodes restent largement marginales et expérimentales.
Côté contraception, les hommes restent largement minoritaires à la prendre en charge: 33% contre 67% des femmes. En la matière, on parle du préservatif et de la vasectomie, seuls contraceptifs masculins accessibles aux hommes en Belgique, là où les femmes disposent d’une dizaine de méthodes. Mais le premier reste «tabou» pour 80% des Belges, à en croire une étude réalisée en 2019 par un fabricant de préservatifs; quant au second, si le nombre d’hommes ayant recours à la vasectomie augmente – en 2018, 11.000 hommes ont eu recours dans notre pays à une vasectomie contre 8.143 dix ans plus tôt –, ce chiffre reste dérisoire en comparaison avec la quantité d’opérations effectuées au Canada, au Royaume-Uni ou en Nouvelle-Zélande, par exemple. Pourtant, la vasectomie est l’une des méthodes de contraception les plus efficaces avec un taux de réussite de 99%. En outre, et contrairement à la stérilisation féminine, l’opération en elle-même est peu coûteuse et bénigne. À noter aussi que la vasectomie en Belgique concerne principalement des hommes entre 30 et 45 ans, et plus précisément entre 35 et 40 ans. Au sein même du pays, la répartition des vasectomies n’est pas uniforme: environ les trois quarts des hommes vasectomisés l’ont été en Flandre, et seulement un quart en Wallonie.
Selon une enquête de Solidaris, menée en 2017, 40% des hommes seraient d’accord d’utiliser la pilule masculine si celle-ci était commercialisée. Mais cette commercialisation, bien que souvent annoncée dans la presse, tarde à voir le jour en raison d’effets secondaires qu’entraîne ce type de médicaments. «Une raison quelque peu étrange quand les effets secondaires (acné, migraines, changements d’humeur, modification de la libido…) sont les mêmes, ou presque, que ceux de la pilule féminine», rappelait Solidaris dans son étude.
D’autres méthodes sont évoquées, à l’instar de la méthode thermique. Naturelle, elle permet d’augmenter légèrement la température des testicules grâce à la chaleur corporelle à l’aide d’un sous-vêtement adapté. C’est ce que propose le slip chauffant imaginé par le Dr Mieusset, andrologue français au CHU de Toulouse. En l’enfilant, on passe sa verge et son scrotum par un anneau. Les testicules remontent alors dans le pubis et sont maintenus à une température de 37 degrés. Ce qui permet, en le portant 15 h par jour, de faire diminuer le taux de spermatozoïdes mobiles dans le sperme, et donc d’être considéré comme stérile. Contrairement à la vasectomie, la méthode est réversible. L’homme intéressé doit faire une analyse avant de porter la contraception thermique, pour vérifier son taux de spermatozoïdes. Il doit ensuite porter le slip chauffant pendant trois mois, tous les jours, pour que le nombre de spermatozoïdes ne soit plus suffisant pour être fertile. Après cette période, il doit refaire une analyse pour vérifier qu’il est bien stérile. Si le sous-vêtement a fait ses preuves, il n’est pas encore commercialisé, même si des tutoriels sont disponibles sur Internet pour le réaliser à moindre coût. Dans le même style, il y a l’Andro-switch, un anneau en silicone conçu par Maxime Labrit, un infirmier français. Il suffit d’introduire le pénis dans l’anneau et d’y glisser ensuite la peau du scrotum, ce qui permet de maintenir les testicules en position haute. Mais là aussi, la fabrication reste artisanale.
Deux autres contraceptions sont à l’étude: une contraception hormonale par injection hebdomadaire. Comme la pilule, elle peut provoquer d’éventuels effets secondaires. Les spécialistes évoquent aussi le Vasalgel, un gel polymère injectable chirurgicalement destiné à bloquer les spermatozoïdes dans leur chemin vers l’éjaculation. Une méthode là aussi toujours en voie d’expérimentation.