La Fondation Roi Baudouin (FRB) présentait ce 9 mars dans ses bureaux les résultats d’une étude qu’elle a lancée deux ans plus tôt sur le sentimentd’insécurité1. Parti de l’écoute des citoyens, ce rapport rend compte de la perception que ces derniers ont de leur insécurité. Lesperceptions de l’insécurité et les opinions varient fortement.
Le rapport présente également une centaine de projets luttant contre le sentiment d’insécurité. Soutenus par la Fondation, ces projets favorisent le dialogue etle partenariat entre divers acteurs locaux : habitants, pouvoirs locaux, police, associations, etc. Un nouvel appel à projets intitulé « L’insécurité,c’est aussi notre affaire » sera lancé le 2 mai prochain2.
La Fondation part du principe que tout sentiment d’insécurité doit être pris au sérieux. L’insécurité revêt des dimensions objectives etsubjectives. La première dimension porte sur des faits et relève de l’action de la police et de la justice, la seconde relève de perceptions, de sentiments et deconvictions. Le rapport, de plus de deux cents pages, traite de ces perceptions de l’insécurité du citoyen.
La méthode de travail utilisée repose sur un processus d’écoute sur trente-quatre « scènes » différentes. La Fondation a collaboré avecquatre universités et deux bureaux de consultance. Parmi les différentes scènes, on relève des jeunes dans les écoles ou les quartiers délabrés, despersonnes âgées dans les logements sociaux, des habitants de quartiers qualifiés de peu sûrs comme des habitants de quartiers plus paisibles. D’autres scènesont permis d’écouter des victimes de restructurations économiques, des usagers de bus et métro, mais aussi des groupes moins écoutés comme les sans-abri oules demandeurs d’asile.
Le rapport montre que les citoyens estiment qu’ils ne sont pas assez entendus par les autorités politiques qui ne prennent pas suffisamment en compte les multiples dimensions de leursentiment d’insécurité. Le rapport en pointe certaines qui passent notamment par le délabrement des lieux publics, la criminalité, ou les nuisances etincivilités. On retrouve également des éléments comme l’évolution des normes et valeurs, l’individualisme, ou la société multiculturelle.On se souviendra notamment que ce n’est pas tant le grand banditisme, pourtant très médiatisé, qui est évoqué quand le citoyen parle de son sentimentd’insécurité.
Le local et l’autorité douce
Quant aux réponses existantes, le rapport les situe surtout au niveau local, dans l’implication des gens eux-mêmes, partant de leur perception del’insécurité et de leurs pistes de réponses. Autre point mis en avant, l’importance d’une plus grande responsabilisation des citoyens et de contribuer àun climat de convivialité dans lequel l’assistance réciproque est un élément essentiel. Il apparaît primordial de stimuler les contacts entre les personnes etgroupes de personnes qui se craignent mutuellement en raison de leurs différences que ce soit de génération, d’origine ethnique ou culturelle. Le rapport soulignel’importance de l’interaction des réseaux locaux et met l’accent sur l’intervention de « figures d’autorité douce » comme le policier dequartier, les médiateurs, les gardiens de parcs, les concierges, les directeurs d’écoles, etc.
Parmi la centaine d’initiatives soutenues par la FRB, on retrouve un projet participatif d’embellissement d’un quartier ou encore un projet d’amélioration de laconnaissance et de la communication avec l’appareil judiciaire. Un autre projet vise l’accroissement du « contrôle social » dans des quartiers immigrés par des« pères de quartiers » de la même origine culturelle qui sillonnent les lieux pour nouer contact avec les jeunes. Des initiatives riches d’enseignements pour inspirerde nouvelles actions à découvrir dans ce rapport de la Fondation.
1. « À l’écoute du sentiment d’insécurité – Rapport sur le sentiment d’insécurité », publication (gratuite) téléchargeable sur le site de la FRB ou à commander via le centre de contact de la FRB – tél. : 070 233 728– publi@kbs-frb.be
2. Les informations seront disponibles sur le site de la Fondation à partir du 2 mai 2006.