Plus de la moitié des logements bruxellois sont vieux et énergivores. Loués à un prix plus accessible, ils sont généralement occupés par desménages à bas revenus. Des aides à l’investissement d’économie d’énergie existent, mais les principaux bénéficiaires sont-ils ceuxqui en ont le plus besoin ?
Bruxelles connaît une crise importante du logement : déséquilibre entre l’offre et la demande, logements anciens (42 % ont été construits avant1945), non rénovés, insalubres, etc. Les logements accessibles à des prix abordables sont souvent énergivores (absence de double vitrage, toiture mal isolée, etc.)et sont majoritairement habités par des ménages à bas revenus (25 % des Bruxellois vivent sous le seuil de pauvreté).
Véritables passoires, ces logements entraînent une consommation d’énergie importante. Depuis l’augmentation du prix de l’énergie suite à lalibéralisation des marchés du gaz et de l’électricité, se chauffer correctement est devenu trop cher pour certains. Les charges énergétiques constituent ledeuxième poste de dépenses. Incapables de payer leurs factures, certains ménages se retrouvent endettés auprès de leurs fournisseurs tandis que d’autrescherchent des alternatives plus économiques telles que l’utilisation de pétrole ou de charbon, mais potentiellement dangereuses pour la santé (pollution intérieure ethumidité).
Précarité énergétique
Ces ménages sont victimes de précarité énergétique. Selon le Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat (RBDH)1, « laprécarité énergétique est la difficulté de disposer d’énergie suffisante pour satisfaire des besoins élémentaires : chauffage,cuisine, etc. »
Une solution serait donc de diminuer la consommation d’énergie par de petits gestes, le remplacement et l’installation de matériels ou la réalisation de travaux. Maispour des ménages à bas revenus, effectuer des travaux coûte cher et peut se révéler compliqué si le logement ne leur appartient pas (Bruxelles compte60 % de locataires). C’est donc souvent le propriétaire qu’il faut encourager à réaliser l’ouvrage nécessaire. Mais rares sont les bailleurs quidécident de rénover leur bien afin de, notamment, faire baisser la facture d’énergie de leur locataire.
Des aides et des primes fédérales et régionales permettant d’économiser de l’énergie existent. Le dossier du RBDH « Réduire laprécarité énergétique : les politiques bruxelloises sont-elles à la hauteur ? » les explique en détail. En voici trois d’entreelles.
Les primes à l’énergie (système de financement) concernent les gros investissements et l’achat d’appareils électroménagers peu énergivores.Les bénéficiaires sont majoritairement des propriétaires occupants, pour des investissements lourds et réalisés à l’aide de technologiesspécialisées et coûteuses. Le montant des primes utilisé par les locataires est quant à lui minime. Ils ont généralement recours à desinvestissements « qui peuvent être conservés au-delà de la durée du bail ou qui portent sur de petites sommes ». Le montant de la prime perçupar un propriétaire et celui perçu par un locataire peut varier fortement.
La prime à la rénovation (système de financement) aide quant à elle les ménages à entreprendre des « travaux qui contribuent au respect desnormes élémentaires de sécurité, salubrité et des équipements du code du logement ». Ces travaux améliorent directement la performanceénergétique d’un logement. Les principaux bénéficiaires sont les ménages à bas revenus pour des travaux élémentaires.
Le prêt vert social (système de préfinancement) est un prêt à 0 %. Les délais de remboursement assez courts sont un obstacle pour les ménagesà bas revenus. 90 % des bénéficiaires de ce prêt sont des propriétaires occupants.
Accompagner
L’accompagnement et la sensibilisation sont essentiels. Il est important d’informer les locataires et les propriétaires occupants ou bailleurs sur les moyens de changer leurshabitudes ainsi que sur les aides disponibles. Ils doivent pouvoir être conseillés après analyse de la performance énergétique du logement, sur le type de travauxà effectuer, sur la demande de devis, sur la manière de constituer un dossier et sur le suivi des travaux.
Pourtant, peu de locataires investissent dans un logement dans lequel ils ne sont pas sûrs de pouvoir rester. La rentabilité de certains investissements supposegénéralement l’écoulement d’un certain laps de temps, de trois à quatre ans. Et pour les rares bailleurs qui entreprennent des travaux ou rénovations,le risque de voir ces investissements se répercuter sur le loyer est également à prendre en compte.
1. Le dossier trimestriel n° 23 du RBDH analyse la situation. Site : www.rbdh-bbrow.be