À Anderlecht, des personnes vulnérables doivent attendre longtemps avant qu’on ne leur vienne en aide tandis que d’autres, bien peu scrupuleuses, tirent profit de la situation. Voilà comment on pourrait divulgâcher le reportage de la VRT sur le CPAS d’Anderlecht. Dans tous les cas, les dégâts en termes d’image sont énormes tant pour la troisième commune la plus pauvre du pays que pour les CPAS dans leur ensemble. Et il ne faudrait pas que ce reportage offre à certains un argument pour avancer que l’aide sociale serait un puits sans fond, en confortant d’une part cette idée chez quelques citoyens que d’aucuns obtiendraient trop facilement et sans contrôle, parfois aussi par clientélisme politique, les quelques sous que d’autres s’échinent à gagner durement chaque jour, en donnant de l’autre le tableau d’un CPAS qui s’effondre littéralement sous les multiples demandes d’aides sociales. Dans un contexte où le seul horizon politique semble celui d’économies annoncées partout, certains pourraient estimer que ce secteur mérite des coupes budgétaires drastiques alors que plus de 2,1 millions de Belges courent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale.
La gestion du CPAS d’Anderlecht doit évidemment nous interpeller. Dans les faits, la fraude sociale reste toutefois minime : une étude du SPP-IS de 2013 avait évalué la fraude sociale au revenu d’intégration à 4,14% sur l’ensemble des demandes. En cas de fraude, les CPAS disposent d’ailleurs de moyens légaux pour introduire des recours en justice en vue de la récupération des fonds. Cette lutte contre la fraude sociale doit donc être proportionnée à sa juste mesure.
La gestion du CPAS d’Anderlecht doit évidemment nous interpeller. Dans les faits, la fraude sociale reste toutefois minime : une étude du SPP-IS de 2013 avait évalué la fraude sociale au revenu d’intégration à 4,14% sur l’ensemble des demandes.
Car le vrai panorama du CPAS d’Anderlecht est d’abord celui-là: un assistant social doit y gérer en moyenne 200 dossiers. À cela s’ajoute l’épuisement des travailleurs sociaux, qui doivent faire face à une augmentation des normes et des standards administratifs, ainsi qu’à un manque de personnel. Dans la commune bruxelloise, huit postes d’assistants sociaux sont ouverts, mais il n’y a pas de candidat pour ces postes. En septembre dernier, le CPAS d’Anderlecht alertait la presse sur l’augmentation des agressions envers son personnel. «Les agressions vont de la microagression, comme des insultes, à des actes plus graves. Par exemple, nous avons eu un bénéficiaire qui a tenté de percuter un agent d’accueil avec sa voiture, ou encore une bénéficiaire qui a essayé d’entrer avec un pavé pour le lancer dans les guichets…», expliquait à la RTBF Max Lambert, responsable des services d’accueil au CPAS d’Anderlecht. En 2024, 14 agressions physiques ont été officiellement enregistrées au CPAS d’Anderlecht.
Dans la commune bruxelloise, huit postes d’assistants sociaux sont ouverts, mais il n’y a pas de candidat pour ces postes.
Selon la Fédération des CPAS bruxellois, le nombre maximal de dossiers par assistant social devrait être de 80, et de 50 pour ceux chargés des insertions professionnelles. Or, les chiffres actuels montrent que ces normes sont largement dépassées. Les perspectives sont encore plus préoccupantes, notamment face à la potentielle réforme de l’assurance chômage envisagée par le futur gouvernement fédéral qui aboutirait à une hausse de 141% de bénéficiaires du CPAS par rapport à 2014, soit 2,5 fois plus de personnes exclues de la sécurité sociale et dépendant de l’aide sociale qu’il y a dix ans.