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Regard critique · Justice sociale

CPP et formation : suffisants, les millions ?

Emir Kir annonce de nouveaux moyens pour la formation professionnelle, et plus particulièrement pour « affronter » le CPP. Le MR s’interroge.

23-01-2011 Alter Échos n° 308

Emir Kir1 annonce de nouveaux moyens pour la formation professionnelle, et plus particulièrement pour « affronter » le CPP. Le MR s’interroge.

Née il y a un peu plus d’un an, la « polémique » concernant la généralisation du CPP (contrat de projet professionnel) aux moins de vingt-cinq ansest-elle sur le point de s’éteindre ? Pour rappel, ce contrat passé entre Actiris et le demandeur d’emploi afin de définir clairement les actions à entreprendre pourréaliser le projet professionnel de ce dernier avait été rendu obligatoire en 2010 pour les jeunes, faisant naître certaines inquiétudes du côté de laformation et de son ministre de tutelle, Emir Kir (PS). Ils étaient en effet nombreux à craindre, dans le secteur, que cette obligation n’entraîne une véritabledéferlante de jeunes vers les opérateurs de formation, le CPP privilégiant notamment le passage en formation.

Dans ce contexte tendu, Emir Kir avait estimé le budget susceptible d’aider lesdits opérateurs à affronter cette nouvelle donne à six millions d’euros, alors que lescomptes de la Cocof étaient (et sont toujours) désespérément faméliques. Une situation qui n’avait pas été sans générer quelquestensions entre l’élu socialiste et Benoit Cerexhe (CDH), ministre de l’Emploi de la Région de Bruxelles-Capital,e qui a fait de l’obligation du CPP une de ses priorités.

Des solutions

Rayon solutions, on avait d’abord pensé fin mars 2010 que des fonds pourraient être trouvés dans une enveloppe de 30 millions d’euros prévue par le gouvernementfédéral afin d’augmenter le financement de l’Accord de coopération du 30 avril 2004 entre l’Etat fédéral, les Régions et les Communautés,relatif à l’accompagnement et au suivi actif des chômeurs. Un espoir vite déçu par la chute du gouvernement fédéral, qui faisait capoterl’opération.

Or aujourd’hui, si l’on en croit Emir Kir, une solution aurait été trouvée, au point de débloquer un budget de quatre millions d’euros pour la formation.Annoncée en conférence de presse par le ministre le 26 octobre dernier, cette somme (en provenance conjointe de la Cocof et de la Région, une solution qu’avait déjàenvisagée Emir Kir fin 2009) fait de nouveau parler d’elle puisque Françoise Schepmans2, chef de groupe MR au parlement francophone bruxellois, la remet en cause depuisquelques semaines. « Ces quatre millions, j’ai beau les chercher dans le budget, je ne les vois pas », affirme-t-elle en faisant remarquer que, selon elle, le budget de laformation professionnelle est passé de 46,3 millions en 2010 à 47,02 millions en 2011, soit 638 000 euros de plus.

Une argumentation qu’Emir Kir balaie, un rien ironique : « Il est clair qu’il n’est pas évident pour tout le monde de comprendre les budgets, qui sont assez compliqués.D’autant plus qu’ici, on parle de la Cocof et de la Région. Mais il n’y a pas de doute à avoir, cet argent est bien prévu », affirme un ministre qui enchaîne endétaillant un montant se révélant in fine un rien supérieur au quatre millions annoncés. « Il y a un million en provenance de la Cocof et trois millionsissus de la Région via le pacte de croissance urbaine durable pour financer des formations dans les secteurs, entre autres, du pôle construction, du commerce, de l’horeca, des servicesde proximité. A cela s’ajoutent 250 000 euros dans le cadre des alliances emplois-environnement et 500 000 euros via le plan langue. »

Une somme suffisante ?

Néanmoins, malgré cela, Emir Kir ne peut nier que cette somme se situe en deçà des besoins financiers qu’il avait lui-même évoqués il y a un an.D’autant plus que cette si cette manne, d’après ses mots, sera dirigée essentiellement vers les jeunes (« Nous serons à temps pour mettre le CPP en place »,affirme-t-il), elle servira également « à d’autres types de dépense qu’il faudra engager ». « Pour moi, ces quatre millions sont unepremière étape. Il faut investir et refinancer », rétorque-t-il avant d’ajouter que cette somme sera récurrente.

Notons également, pour être complet, que les premiers échos en provenance du secteur de la formation et de l’emploi laissent entendre qu’il y aurait à ce jourtrès peu de jeunes engagés dans une formation à la suite de la signature du CPP. Ce ne serait donc pas, pour l’heure, le raz de marée annoncé. Une bonne nouvelleconcernant la question des moyens (les millions dégagés pourraient être suffisants) mais qui soulève une autre interrogation : où sont les jeunes ?

1. Cabinet d’Emir Kir :
– adresse : bd Saint-Lazare, 10 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 506 34 11
– courriel : info@kir.irisnet.be
– site : www.emirkir.be

2. Cabinet de Françoise Schepmans (Parlement bruxellois) :
– adresse : rue du Lombard, 57 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 549 65 43
– courriel : françoise@schepmans.be
– site : www.schepmans.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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