Fin mars, le gouvernement fédéral prévoyait d’affecter 30 millions d’euros afin d’augmenter le financement de l’Accord de coopération du 30 avril 2004 entrel’État fédéral, les Régions et les Communautés relatif à l’accompagnement et au suivi actif des chômeurs. Prioritairement destinés à laRégion de Bruxelles-capitale, ces moyens auraient pu permettre au secteur de la formation de faire face au possible afflux de candidats engendré par la futuregénéralisation du CPP (Contrat de projet professionnel). La chute du gouvernement fédéral met un terme à cet espoir, pour le moment.
Octroyés dans le cadre de la réforme du plan d’accompagnement des demandeurs d’emploi, 30 millions d’euros – répartis en un montant de 20 millions d’euros enannée pleine (à partir de 2011) et de 10 millions d’euros pour la période allant du premier juillet au 31 décembre 2010 – auraient pu êtredestinés en priorité à Bruxelles, afin de lui permettre de renforcer le personnel d’accompagnement des demandeurs d’emploi d’Actiris et pour augmenter l’offre de formation. Lesnégociations avaient d’ailleurs bel et bien commencé.
« Dans ce cadre, nous avions demandé, avec nos collègues de l’emploi, au moins la moitié des sommes, à savoir cinq millions pour 2010 et dix millions pour2011 », déclare Bastien Manchon, conseiller Formation au cabinet d’Emir Kir1 (PS), ministre en charge de la Formation à la Cocof. Si ces montants peuventparaître importants, il faut rappeler que le secteur de la formation s’attend à une forte augmentation de la demande à la suite de la généralisation pour les moinsde vingt-cinq ans, en 2010, du CPP, du nom de ce contrat passé entre Actiris et le demandeur d’emploi afin de définir les actions à entreprendre pour réaliser le projetprofessionnel de ce dernier. Un contrat qui privilégie notamment la formation et qui risque dès lors de mettre à mal un secteur de la formation qui se dit déjàsaturé. « Il y a énormément de monde, notamment dans les missions locales, nous dit Tatiana Vial, attachée emploi à la Febisp2(Fédération bruxelloise des organismes d’insertion socioprofessionnelle et d’économie sociale d’insertion). Et les chiffres sont en hausse constante. Nos membres ne peuvent plusfaire d’insertion de qualité pour leur public. »
Dans les pages d’Alter Échos, en octobre 2009, Emir Kir chiffrait d’ailleurs la somme nécessaire afin d’absorber le nouveau public issu du CPP à quelque six millionsd’euros. Dans les mois qui avaient suivi, la situation entre le cabinet de l’élu socialiste et celui de Benoit Cerexhe (CDH), ministre de l’Emploi de la Région de Bruxelles-Capitale,s’était d’ailleurs quelque peu tendue lorsqu’Emir Kir avait notamment suggéré de reporter l’obligation du CPP à une date ultérieure. Benoît Cerexhe a eneffet fait de l’obligation du CPP l’une de ses mesures phares pour lutter contre le chômage.
Septembre sera chaud ?
Si les fonds prévus en mars par le gouvernement fédéral auraient finalement permis à tout le monde de « sortir de cette situation par le haut »,comme nous l’entendrons dire, la chute de ce même gouvernement vient tout faire capoter. En affaires courantes, celui-ci ne peut en effet dès lors plus négocier l’avenant àl’accord de coopération (voire le nouvel accord) qui aurait permis de libérer les fonds. « Une situation qui nous ramène quatre cases en arrière, déploreBastien Manchon. Il va en effet falloir renégocier avec le nouveau gouvernement fédéral, ce qui nous reporte au plus tôt à la fin de l’année2010. » Or, d’après certaines de nos informations, Benoit Cerexhe souhaiterait rester dans les timings annoncés pour l’obligation du CPP. Sans argent supplémentaire,les opérateurs de formation risquent donc de souffrir, même si Bastien Manchon déclare que le ministre Kir « (…) espère que la formation sera effectivement unepriorité lors de l’ajustement budgétaire de la Cocof, prévu en septembre/octobre 2010, si le gouvernement fédéral n’octroie pas de moyenssupplémentaires. »
Nous avons essayé d’obtenir le point de vue du cabinet de Benoît Cerexhe sur ce dossier, sans succès pour l’instant.
1. Cabinet d’Emir Kir :
– adresse : bd Saint-Lazare, 10 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 506 34 11
– courriel : info@kir.irisnet.be
– site : www.emirkir.be
2. Febisp :
– adresse : Cantersteen, galerie Ravenstein 3, bte 4 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 537 72 04
– site : www.febisp.be