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Crise du logement : un enjeu européen

Profitant de la présidence de l’Union européenne de Nicolas Sarkozy, le Ministère de la crise du logement1, créé en France en 2006, ainauguré un bureau paneuropéen à Bruxelles, au n° 123 de la rue Royale, ce samedi 11 octobre. Avec une idée en tête : étendre son réseau aux payslimitrophes. Un premier pas avant de créer un lieu d’accueil dans chaque pays.

03-11-2008 Alter Échos n° 261

Profitant de la présidence de l’Union européenne de Nicolas Sarkozy, le Ministère de la crise du logement1, créé en France en 2006, ainauguré un bureau paneuropéen à Bruxelles, au n° 123 de la rue Royale, ce samedi 11 octobre. Avec une idée en tête : étendre son réseau aux payslimitrophes. Un premier pas avant de créer un lieu d’accueil dans chaque pays.

En partant du constat que les gens voyagent, le Ministère de la crise du logement français, créé dans la foulée de l’occupation du 24, rue de la Banqueà Paris, tente de constituer des réseaux européens. Mutualiser les compétences pour répondre à des besoins qui se retrouvent partout en Europe et favoriserune politique ascendante commune aux 27 pays : c’est l’idée ambitieuse des représentants de ce drôle de Ministère. Une maison mère pour marquer lanaissance de la mise en réseau de partenariats européens vient d’être officialisée à cette occasion. Un événement qui prend place au sein de lacampagne « Une clé pour tous » lancée le 5 octobre par le Ministère de la crise du logement belge2, créé voici un an (cf. encadré) etqui accueillait ces 11 et 12 octobre des représentants de projets d’habitat solidaire et alternatif venant de France, d’Italie et des Pays-Bas, les Belges « montant » de leurcôté à Paris les deux w-e suivants.

L’occasion aussi de faire connaître à la presse les préoccupations de ce réseau en matière de réponse sécuritaire « de plus en plusviolente de la part des autorités », de montrer concrètement les réalisations que proposent ces logements alternatifs, notamment en matière d’accompagnementsocio-psycho-médical, et de témoigner de la nécessité de créer en Europe une mouvance politique de l’habitat solidaire « en réponse au droitfondamental, mais pas encore reconnu par tous les États membres de l’Union européenne, d’un logement décent pour tous. »

« En étant groupés, on est plus forts »

Le Ministère de la crise du logement français qui rassemble plusieurs associations (Macaq3, Jeudi noir4, le DAL5) soufflera ses deux bougies cethiver : « Éradiquer la pauvreté est-il égal aujourd’hui à éradiquer les pauvres ? On peut se poser la question, s’insurge l’un desreprésentants français de Médecins du Monde. La politique sociale, ce sont actuellement les tentes ou les cartons. Les personnes disqualifiées ne doivent pas êtreutilisées comme à Paris avec les tentes de Don Quichotte en 2006. Il ne faut pas retirer de la flotte les SDF le soir, pour, au petit matin, les y remettre. Le résultat majeur,c’est que Jacques Chirac s’est rappelé l’existence du droit opposable. Le Ministère de la crise du logement est né à ce moment-là. Pourrépondre à la crise, parce que le droit du citoyen n’est pas respecté. » En bref : proposer des logements alternatifs.

Une situation meilleure en Belgique ? Pas vraiment. « La réalité est différente en Belgique par rapport à la France mais la gravité de la crise du logementest prépondérante. Les politiques n’ont plus de réponse à donner aux gens. On a une loi réquisitoire mais elle n’est pas appliquée.L’État belge ne prend pas ses responsabilités. On ne peut plus rester inactifs : il est nécessaire d’échanger, notamment sur les recettes des Français.»

Sans pour autant vouloir exclure le politique : « Il y a un travail politique à faire. C’est le système économique qui crée l’exclusion. Notre paroledoit aller de la petite commune à l’Union européenne. D’ailleurs est-ce qu’il existe dans la Constitution européenne un droit opposable ? Tout est flou.»

D’autres « espaces de reconstruction » ou « cliniques du lien », misant sur la transversalité sociale et la culture, devraient s’ouvrir en Belgique. Dontl’un avant la fin de l’année.

La version belge

À l’origine du Ministère de la crise du logement version belge, trois associations bruxelloises qui se sont réunies à la fin 2006 pour réfléchir àune action commune. Il s’agit des associations suivantes :

321logements, constituée par les occupants de l’hôtel Tagawa, avenue Louise à Bruxelles qui savaient qu’ils allaient devoir quitter l’hôtel mais voulaientpoursuivre ailleurs leur projet de logement collectif ;
Chez Nous/Bij Ons, un centre d’accueil pour sans-abri, qui voulait continuer ailleurs l’expérience positive de l’occupation du n° 103, boulevard de Waterloo, en prêtantune attention particulière aux sans-abri et aux personnes à très bas revenus ;
Le Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat (RBDH/BBRoW) qui s’était rendu compte que des associations parisiennes avaient pu faire porter le logement àl’agenda politique à travers une série d’actions d’occupation et la création du Ministère de la crise parisien.

Durant les mois de préparation, ces organisations ont appris à mieux se connaître. Tout en étant préoccupées par les mêmes sujets, leur vision etstratégie n’étaient pas nécessairement identiques. Elles ont cependant élaboré une charte et réfléchi à une stratégie commune. Ceci amené à l’idée de créer le Ministère de la crise du logement, en s’inspirant de l’initiative parisienne et d’autres villes françaises. C’est ainsi qu’estné le 1er avril 2007, le Ministère de la crise du logement (belge) lors de l’occupation du cloître du Gésu à Bruxelles.

À la suite de l’expulsion du cloître, une soixantaine de personnes se sont installées, le 25 mai 2007, dans un immeuble de bureaux au n° 123 de la rue Royale. Lepropriétaire du bâtiment, la Région wallonne en l’occurrence, a négocié une convention d’occupation précaire avec les habitants. L’expérience au123 constitue un laboratoire de la cohabitation solidaire. Ce projet est soutenu par une série d’associations et le collectif des habitants du 123 a décidé de rejoindre leMinistère. L’asbl 123 logements a permis la tenue d’une soirée d’interpellation politique juste avant les élections fédérales en juin 2007 et la tenue de cinqsoirées débat-rencontre, donnant la parole à des initiatives de Flandre, de Wallonie, Bruxelles et Paris. Et le 16 février, le 123 ouvrait ses portes au Forum duMinistère de la Crise du logement. Depuis lors, le Ministère y tient régulièrement son cabinet ministériel, ses asse
mblées parlementaires et y organise demultiples actions.

Source : www.wooncrisis.be

1. Ministère de la crise du logement français :
– courriel : postmaster@ministeredelacrisedulogement.org
– site : www.ministeredelacrisedulogement.org

2. Ministère de la crise du logement (belge) :
– site : www.wooncrisis.be (le site est en néerlandais et en français)
3. http://www.jeudi-noir.org
4. www.macaq.org
5. http://www.globenet.org/dal/

stephanied

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