Le Conseil supérieur de l’Emploi1 regroupe, au niveau fédéral, experts et hauts fonctionnaires pour formuler des recommandations à la ministrefédérale de l’Emploi. Fin juin, il a pour la troisième année consécutive émis un avis sur « La politique belge de l’emploi dans le cadre dela Stratégie européenne pour l’emploi » (SEE)2.
Il passe d’abord en revue les évolutions récentes du marché de l’emploi, en insistant sur les bons résultats obtenus par notre pays pendant l’embellieconjoncturelle qui s’est achevée en 2001 et sur le fait que, depuis, la Belgique traverse une situation plus difficile à laquelle elle fait face de façon honorable encomparaison avec la plupart des autres pays de l’Union. Elle passe ensuite en revue les dernières évolutions de la SEE, dont les » piliers » et lignes directrices ontété revus au dernier sommet des chefs d’État et de gouvernement à Thessalonique. L’avis ne chiffre pas le nombre d’emplois à créer pouratteindre les 70% de taux d’emploi en 2010 (67% en 2005). La Belgique en étant à 59,7% au deuxième trimestre 2002, le Conseil rappelle que les objectifs 2010, fixésà Lisbonne, tablaient sur un taux de croissance de 3%, semblant ainsi suggérer qu’ils devraient être revus en fonction du nouveau contexte économiqueavéré depuis 2001 et pour sans doute encore un certain temps.
Les recommandations qui constituent sa troisième partie restent à un niveau très général. On retiendra surtout que le Conseil insiste sur la formationprofessionnelle, autant la formation initiale que la formation continue. S’en référant aux récents travaux de l’OCDE, il ébauche des pistes pour rendre lesformations continues plus incitatives pour les travailleurs actifs et pour les demandeurs d’emploi. Il est en effet nécessaire d’inverser les tendances qui veulent que ce soientles personnes les plus qualifiées qui bénéficient le plus des efforts publics et privés en matière de formation continue. Investir dans les compétences debase et pas seulement dans les besoins de formation immédiats mis en avant par les entreprises, reconnaître les acquis de l’expérience professionnelle ouextraprofessionnelle, améliorer la qualité de la formation initiale, miser sur les méthodes pédagogiques innovantes et sur la modularisation des apprentissages seraientainsi les éléments nécessaires d’une politique lisible et cohérente en matière de formation, qui doit se traduire dans des accords de coopération entreles différentes autorités du pays.
Le Conseil en profite pour approuver les différents mécanismes de réduction des coûts de la main-d’œuvre dans la mesure où ils « freinent leprocessus de substitution du capital au travail ». Il insiste aussi sur le rôle de l’État pour développer le potentiel d’emplois intensifs enmain-d’œuvre, et pas seulement dans les secteurs non marchands.
Aussi au premier rang des préoccupations du Conseil, figure la question des groupes spécifiques fragilisés dans l’accès au marché du travail, que ce soientles femmes, les travailleurs âgés, les personnes d’origine ou de nationalité extra-européenne, les personnes handicapées, etc. Le Conseil aborde ainsi lesthématiques des discriminations et de l’employabilité. Enfin, il revient sur des questions comme la qualité de l’emploi, la mobilité (géographique etlinguistique) et l’attractivité des salaires.
Simultanément, le Conseil a publié pour la seconde fois un inventaire des mesures en faveur de l’emploi, tous niveaux de pouvoir confondus, soit 220 fiches! Àl’instar de feu le rapport Jadot de l’administration fédérale, on y retrouve de façon souvent très précise les références légales,les objectifs et principes de la mesure, ses modalités d’application, et les résultats quantitatifs et qualitatifs. Un document de référence.
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2. Le document est téléchargeable à l’adresse suivante : meta.fgov.be/pd/pdf/frdf28.htm