A Anderlecht, une partie de la chaussée de Mons s’apprête à renaître. Au printemps 2012, les façades des bâtiments situés entre la rue duTransvaal et la rue Emile Carpentier seront repeintes par leurs habitants.
La chaussée de Mons, dans le quartier Cureghem, est terne, grise et déprimante. Les bâtisses du numéro 409 au numéro 427 ne font pas exception à larègle. Joëlle Petit1, jeune professeure d’histoire de l’art, vit dans ce quartier et emprunte régulièrement cette voie fort fréquentéepour se rendre à son travail.
Ce tronçon a subi de nombreuses transformations et se trouve dans un état de délabrement. Voici les raisons pour lesquelles Joëlle l’a choisi pour concrétiser sonidée. « Je ne suis pas une artiste et je ne propose pas un univers artistique, dit-elle. J’essaye juste de rendre ce projet possible. » Pour ce faire, elles’est inspirée de l’artiste viennois, Friedensreich Hundertwasser, et de son projet « Ton droit à la fenêtre » dont l’objectif étaitde transformer des bâtiments sans vie en habitats vivants.
Contrairement à Hundertwasser qui se concentre essentiellement sur le pourtour des fenêtres, Joëlle convoite la façade entière des bâtiments et souhaite lesvoir « s’habiller » de couleurs vives. Ce procédé contribuerait à améliorer l’environnement urbain par la créativité etl’implication de tous. « Nous souhaitons que les habitants se réapproprient leur lieu de vie, mais la façade est un élément délicat. Repeindre safaçade, ce n’est pas comme repeindre sa cuisine. La façade est à la limite entre l’espace privé et public. La modifier implique de nombreuses démarchesadministratives et des moyens conséquents », explique Joëlle Petit.
Esthétique, citoyenneté et solidarité
Pendant deux jours, Joëlle et un autre membre de l’équipe « fenêtres.ouvertes » ont sonné aux portes et obtenu les coordonnées denombreux habitants. La population de ce tronçon de la chaussée est mixte : propriétaires et locataires, personnes d’origine belge, anciens immigrés,primo-arrivants, etc. « Les réactions étaient très diverses : sceptiques, étonnées, enthousiastes. Je crois que certains ont pensé que cen’était que des paroles en l’air », relate Joëlle Petit.
Joëlle n’est pas seule dans l’aventure. Ils sont nombreux à faire partie du projet, notamment l’asbl Samenlevingsopbouw qui aide les habitants à mieux habiterleur logement et à devenir plus autonomes, notamment grâce à des formations. « Ton droit à la fenêtre » a étéprésenté au club d’entreprises Bruocsella pour le prix 2011, un prix encourageant les initiatives qui contribuent à améliorer l’environnement urbain. Et il aremporté le premier prix d’un montant de 20 000 euros. Imre de Coster, président du club d’entreprises Bruoscella, a été conquis par le dynamisme et lajoie de vivre de Joëlle Petit. « Le tronçon choisi est triste et cafardeux. Y mettre de la couleur nous a semblé une approche intéressante. Il étaitégalement important que le projet ait une dimension de pérennité. Notre objectif était de donner une impulsion à une idée originale et prometteuse.« Ton droit à la fenêtre » pourrait devenir un projet pilote et, pourquoi pas, s’étendre à d’autres quartiers de Bruxelles »,ajoute-t-il.
Les mots-clés sont : esthétique, citoyenneté et solidarité. « En passant à l’action, en sortant de ce sentiment d’impuissance, leshabitants acquerront une satisfaction personnelle. Ils seront dignes et fiers de leur chaussée », dit Joëlle. Le projet permettra également d’augmenter lacohésion sociale du quartier. Avant, pendant et après les travaux de peinture, ils se rencontreront et échangeront leurs impressions et leurs expériencesd’embellissement de leur lieu de vie.
L’équipe du projet est consciente que tous les habitants ne répondront pas tout de suite à l’appel de décoration de leur façade. Ils comptent sur uneparticipation de 10 % de pionniers. Dans une deuxième phase, 40 % des habitants devraient être touchés.
1. Joëlle Petit:
– courriel :fenetres.ouvertes@gmail.com