Les nouveaux gouvernements des entités fédérées n’ont pas chômé cet été, accouchant de quelque 350 pages de déclarations gouvernementales que nous avons décryptées pour vous dans ce dossier1. Mais malgré nos grosses lunettes de journalistes, la façon dont les majorités entendent s’y prendre pour réaliser les politiques annoncées nous a semblé assez floue. «Les seuls chiffres avancés dans la déclaration, ce sont les numéros des pages», flinguait Willy Borsus (MR) au parlement wallon.
Le gouvernement wallon veut rendre l’apprentissage du français obligatoire pour les primo-arrivants «dans la limite des moyens budgétaires disponibles». Le gouvernement bruxellois entend renforcer l’activation des jeunes peu diplômés inscrits depuis six mois chez Actiris, «dans le cadre des moyens budgétaires disponibles». Mentionnant l’expression plus de quinze fois dans les quarante pages de sa déclaration, la Cocof apparaît comme la championne toutes catégories confondues de la précaution oratoire. «Compte tenu des moyens budgétaires disponibles», le Collège renforcera le contingent des services d’aide à domicile pour les aînés, soutiendra la création d’un nouveau centre social-santé global, agréera de nouvelles maisons médicales…
La législature sera placée sous le signe de l’austérité, on le sait. Mais un autre écueil nous inquiète peut-être davantage. L’inimitié viscérale qui règne entre le gouvernement fédéral en formation, d’une part, et les majorités régionales et communautaires, de l’autre, risque de paralyser certaines politiques. Le climat entre les différents étages de la maison Belgique n’a jamais été aussi tendu. «Quelque chose s’est brisé», observait Thomas Gadisseux, interviewé dans Le Soir à propos de l’enquête de Questions à la Une sur les coulisses des négociations
La Cocof prend position en faveur des salles de consommation à moindre risque. Pour cela, il faudra aménager la législation fédérale sur la consommation de drogues. La «suédoise» appréciera… Les négociateurs fédéraux annoncent en grande pompe dans la presse une série de réformes en matière de chômage. Mais les rênes de cette politique sont en grande partie aux mains des Régions.
Soyons de bon compte, les déclarations comportent leur lot de mesures qui pourraient se révéler profitables. «Dans la limite des moyens disponibles…» et «dans celle d’une bonne entente avec le fédéral ?!»
1. Région wallonne, Fédération Wallonie-Bruxelles, Région bruxelloise, Cocof et Cocom.
2. Diffusée le 3 septembre.