Un bénéficiaire sur trois du revenu d’intégration a moins de 25 ans. Des jeunes qui cumulent bien souvent les problèmes. Des responsables de CPAS plaident pour une approche spécifique.
Quelques chiffres… En 2010, 105 334 personnes ont bénéficié d’un revenu d’intégration : 9,8 % d’entre elles étaient âgées de 18 ou 19 ans ; 19,5 % d’entre elles faisaient partie de la catégorie des 20-25 ans. En tout, plus de 30 000 jeunes émargent au CPAS, un nombre en augmentation constante : il y a dix ans, seulement 23 % des allocataires étaient des jeunes. Et il semblerait que la tendance se confirme déjà pour 2011. Le constat avait déjà été fait début janvier par le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale en ce qui concerne les jeunes issus de l’Aide à la jeunesse. Quelques semaines plus tard, c’est l’Union des Villes et Communes flamandes (VVSG) qui tire la sonnette d’alarme et réclame plus de moyens pour cette population particulière. « Actuellement, l’Etat fédéral prend en charge en principe la moitié des revenus d’intégration et les pouvoirs locaux, l’autre moitié. Nous voulons que le fédéral augmente sa quote-part à 90 % afin d’avoir davantage de moyens pour investir dans l’accompagnement des jeunes, au moins des plus vulnérables d’entre eux, qui ne sont pas du tout prêts pour le marché du travail », déclare Nathalie Devast de la VVSG.
« Le plus grand problème, c’est la majorité à 18 ans », explique pour sa part Patrick Debie, qui s’occupe depuis 16 ans déjà des jeunes au CPAS de Hal. « Etre majeur suppose toute une série d’obligations pour lesquelles ils ne sont pas prêts. » La plupart du temps, dans l’accompagnement des jeunes, l’accent est mis sur le travail mais, selon lui, ce n’est pas toujours réaliste. « Les projets autour de l’emploi ne sont efficaces que lorsque les personnes concernées sont aptes à travailler. Souvent ces jeunes sont confrontés à des problématiques multiples et arrivent à peine à garder la tête hors de l’eau. » Une rupture avec leurs parents, aucun diplôme, des problèmes de drogue ou même des troubles psychiatriques : des histoires qui reviennent régulièrement. « Ils ne sont ni dans les conditions qui permettent de trouver un travail ni dans celles qui permettent de le conserver. Ils n’ont pas réellement de domicile fixe, vont à gauche ou à droite avec d’autres jeunes qui sont dans le même cas qu’eux et leur réseau est déficient. Le groupe le plus difficile est celui des jeunes qui sont en rupture avec leurs parents. Il faut réellement les rééduquer, leur apprendre à se prendre en main. »
Surendettement
Ce qui frappe le plus Nika Dangez, coordinatrice des services sociaux au CPAS de Brasschaat, c’est le problème des jeunes surendettés. « Ils trouvent normal de continuer à vivre avec le même standing qu’auparavant et leur schéma de dépenses ne correspond pas du tout à leurs revenus. » Et puis il y a le cas des jeunes qui ont des problèmes psychiatriques. « Je n’oserais pas dire qu’il y en a plus qu’avant. Mais peut-être étaient-ils mieux pris en charge par leur entourage. Il est très difficile de les aider, de voir où réside le début du cercle vicieux dans lequel ils ont échoué. » Troisième type d’obstacle : les attitudes décalées par rapport au monde du travail. « En partie parce qu’ils n’ont jamais appris comment faire, mais aussi souvent simplement parce qu’ils ne sont pas encore prêts. Je remarque qu’il y a beaucoup de jeunes qui, une fois qu’ils ont trouvé un travail, semblent faire tout ce qu’ils peuvent pour le perdre. Ils ont du mal avec les changements. Etre dans la merde, c’est une situation qu’ils connaissent et dans laquelle ils finiraient presque par se trouver bien, d’autant plus que bien souvent, financièrement, ils ne voient pas beaucoup la différence. »
Pour Patrick Debie, la solution réside sans doute dans une approche personnalisée, au cas par cas, parce que plus encore qu’avec les autres clients du CPAS, ce qui importe avec les jeunes c’est de tisser des liens de confiance. « Il faut aller les voir chez eux, sur leur territoire, et prendre le temps de créer des moments informels. D’abord installer un climat de confiance avant d’aborder des questions comme l’emploi, et puis aussi parler avec eux de leurs relations et de leurs émotions. C’est seulement alors que l’on pourra dessiner un trajet et établir des priorités avec comme objectif final de les faire tendre vers leur autonomie totale. »
D’après De Morgen et De Standaard