L’association des directeurs de promotion sociale de la zone de Namur1 a organisé ce samedi 17 mars une matinée de réflexion sur l’avenir de cet enseignement sous le titre : »L’EPS en Communauté française : légitimité et perspectives ». Il s’agissait, selon Marie-France Marlière, de « réaffrimer la place de l’EPS » face au sentimentd’inquiétude des directions et des enseignants devant les réformes en cours, le manque de moyens et, plus globalement, les transformations de la formation des adultes notammentperceptibles au travers de la mise en avant du thème de la formation tout au long de la vie au niveau de l’Union européenne.
Invitée à ouvrir cette séance, la ministre de l’Enseignement supérieur, Françoise Dupuis2, a tenu très explicitement à garantir la poursuite dechacune des deux missions que l’article 7 du décret du 16 avril 1991 assignait à l’EPS :
n à l’épanouissement individuel en promouvant une meilleure insertion professionnelle, sociale, culturelle et scolaire,
n répondre aux besoins et demandes en formation émanant des entreprises, des administrations, de l’enseignement et d’une manière générale des milieuxsocio-économiques et culturels, la première de ces missions semblant parfois être mise en danger par une vision de l’EPS « qui le réduirait à une tâched’adaptation des demandeurs d’emploi ou des travailleurs amenés à se reconvertir », selon les documents préparatoires de la Cozac.
ýe souhaitant pas se prononcer sur les travaux en cours du groupe technique mis en place par son prédécesseur, Willy Taminiaux, la ministre a mis en perspective les défisque la formation tout au long de la vie pose à l’EPS : intégration de nouvelles compétences, approfondissement des partenariats avec le public comme le privé, poursuite del’objectif d’égalité des chances, conservation du lien au système éducatif par la validation des compétences qu’il assure… Défis que, selon la ministre, laqualité de notre EPS permet de relever pour autant qu’il soit conservé au sein de la Communauté française. « Comparativement aux autres pays, nous n’avons pas àrougir en la matière : on nous envie notre système », a-t-elle souligné. L’inspecteur J. Léonard, dans son rappel de l’évolution qui s’est dessinée depuis ledécret de 91, a confirmé le haut niveau de qualité du travail accompli en promotion sociale. Il a surtout rappelé l’originalité profonde de l’organisation modulairede l’EPS. Mais sur ce plan, tout ne serait pas acquis selon lui. Des circulaires d’application devraient encore finaliser le passage du régime I (linéaire) au régime II(modularisé) et certains PO résisteraient à la philosophie des modules capitalisables qui compliquent la gestion des établissements en individualisant les parcours, et quipermettent aux élèves, par la validation des acquis, de supprimer certaines formations de leur programme et donc les subsides qui y sont liés. D’autres avançaientplutôt, pour expliquer la prudence des acteurs, la difficulté de valider des compétences quand leur reconnaissance sur le plan légal n’est pas assurée à tousles niveaux. L’inspecteur Léonard a terminé son intervention par un appel à l’uniformisation des formations et à un regroupement des EPS officiels sous l’égide d’unseul PO, la Région wallonne, afin de combler « le déficit d’image de ce joyau de notre système éducatif ».
Les louanges adressées à l’EPS par ces deux intervenants ont par la suite été confirmées par le vice-président de l’université de Lilledéplorant la situation française dans laquelle « les budgets et dispositifs ont été réorientés vers des formations liées à des résultatsplus directs pour les entreprises ». « Tandis qu’en Flandre, a expliqué le directeur de l’école d’EPS Mercator de Gand, M. Van Landschoot, l’option a été prised’intégrer les certifications supérieures délivrées par l’EPS aux Hautes écoles, posant des problèmes d’intégration et de statut des autres formationsEPS ». Des témoignages d’anciens élèves, mais aussi des présentations de collaborations originales entre la promotion sociale et le secteur associatif (au travers de Lireet écrire Namur) ont précédé les interpellations de Matéo Alaluf, professeur à l’ULB, dénonçant l’idéologie actuelle selon laquelle lestravailleurs seraient par définition inadaptés et devraient suivre des formations sans effets de droit. Sur ce plan, L. Derminne, enseignant en école de commerce, ainsisté quant à lui sur la nécessité d’acquérir de nouvelles compétences, mais bien validées.
Une avant-midi fort riche mais qui n’aura pas épuisé les questions des participants, trop rarement abordées de front par les orateurs : les concurrences avec d’autresopérateurs, le caractère individualiste de la modularisation…
Pour ce qui est des travaux du groupe technique de refonte de l’EPS, visant à assurer sa souplesse de fonctionnement, des conclusions ne sont pas attendues avant début juin. Ilsemblerait que si, sur le plan de l’offre de formation, les différents acteurs se soient très rapidement mis d’accord sur les rationalisations à opérer, desdifficultés se présenteraient quant à la validation des compétences et à ses conséquences légales, notamment du fait que l’enveloppe budgétairede l’EPS n’augmentera pas à court terme, comme la ministre l’a souligné.
1 Contact : Marie-France Marlière, présidente de la Cozac (Commission zonale d’avis et de coordination de Namur) et présidente de l’Institut supérieur provincial deformation socio-éducative, rue Henri Blès 188-190 à 5000 Namur, tél. : 081 72 97 70, fax : 081 72 97 79, courriel de la Cozac : formation.adulte@province.namur.be. Un siteinternet regroupant l’ensemble des formations organisées par la promotion sociale dans la province, tous réseaux confondus, sera bientôt sur pied.
2 Cabinet de la ministre, avenue Louise 65 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 533 71 11, fax : 02 533 71 98, contact : Alain Diseur.
Archives
"Débat sur l'avenir de la promotion sociale à Namur"
Donat Carlier
26-03-2001
Alter Échos n° 94
Donat Carlier
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