Ancien coordonnateur du Cefa de la Communauté d’Evere, enseignant détaché, René Dodeur est depuis début janvier 2002 responsable du Secrétariat du Bureaupermanent de la formation en alternance bruxellois1. Ce Bureau où sont représentés les acteurs de la formation bruxelloise est un organisme né d’un accord decoopération entre la CFWB et la Cocof datant de juin 1999.
Le premier travail dont R. Dodeur a été chargé est d’effectuer un état des lieux qui réactualise le rapport de la Drisu (d’avril 1999). Sa note a étédéposée au Bureau, mais n’a pas encore été approuvée. D’après R. Dodeur, il y a essentiellement deux choses qui ont changé depuis 1999 au niveau desCefa – qui réunissent 998 élèves en Région bruxelloise dont 370 sans activités professionnelles (stages d’observation ou d’attente et élèveslibres).
> La Convention d’insertion socio-professionnelle (existante depuis 1998) connaissait des difficultés au démarrage. Elle représente aujourd’hui deux tiers des contratsréalisés par les Cefa (424 contrats) sans avoir bénéficié de primes comme en Région wallonne. Le problème principal est aujourd’hui levépuisque, « dans les faits, la CISP est aujourd’hui reconnue comme contrat en droit par les acteurs de terrain ».
> Le nouveau décret CEFA de 2001. Si celui-ci confirme que « l’alternance est désormais clairement reconnue comme filière de formation du jeune », toute une série derisques et de contradictions doivent être soulignés et observés dans leur évolution puisque « on se trouve actuellement en phase de transition ». R. Dodeur craint d’abord uneperte de souplesse dans l’adaptation des Cefa à la vie économique : tout doit être préprogrammé. Un Cefa pouvait rapidement répondre aux entreprises quivoulaient lancer un type de formation spécifique alors que maintenant toute une série de volets de contrôle l’en empêchent. Cette rigidité pourrait influencerégalement le travail sur le parcours du jeune. « 80% des élèves des Cefa ont de grosses difficultés scolaires (échecs successifs, renvois et le décretrenforce le cadre scolaire. Or le CEFA doit à présent se référer à la norme du « plein exercice » et renforcer ses formes scolaires (heures de cours, gestion desprésences), qui ne leur conviennent pas.
Constats sur la réforme des Cefa
Autre problème : les sections comme plomberie sont en train de s’écrouler en termes de public scolaire (le métier professionnel noble par excellence étant devenu l’emploide bureau pourtant beaucoup moins porteur sur le marché de l’emploi). Pour ne pas les fermer, les écoles pouvaient faire basculer ces sections en dessous des normes de maintien endémarrant une collaboration avec un Cefa. Celui-ci, disposant de toute une série de pots d’heures, accueillait ce genre de formation qui mène directement à un emploi. Orle décret a imposé au Cefa une norme de maintien et de création identique a celle du plein exercice. Si la population n’augmente pas, les Cefa devront à terme fermer cesnouvelles sections. À la longue, l’enseignement risque de perdre des formations pourtant réellement qualifiantes, les métiers se tournant vers d’autres opérateurs deformation (comme les classes moyennes, dont l’objectif pédagogique n’est pas nécessairement aussi généraliste).
Enfin, s’il est positif que ce décret donne les mêmes titres que le plein exercice, cela pourrait consacrer une concurrence entre les publics actuels des Cefa et de nouveaux publicsvenant des écoles techniques et professionnelles. D’autant plus que l’alternance est passée d’un objectif de moyens à un objectif de réussite : le Cefa est maintenantobligé de fournir rapidement un emploi au jeune ; or toute une série d’autres facteurs interviennent parfois pour le rendre impossible (les discriminations par ex.). Cetterevalorisation implique aussi d’augmenter la formation générale (notamment pour les passerelles vers le supérieur) et de diminuer la formation technique donnée au centre.Or les entreprises sont spécialisées et pourront difficilement assurer l’ensemble des aspects de cette formation.
Pistes d’action
Au-delà de ces constats, le Bureau a pour objectif de promouvoir l’alternance au-delà des Cefa (pour toucher le public 18-25 ans). Concrètement, il est chargéd’élaborer le cahier des charges relatif à l’agrément des formations en alternance, d’examiner les demandes d’agrément et de rendre un avis au membre du Collège dela Cocof compétent. Un projet de dossier d’agrément (réalisé en concertation avec Bruxelles-formation) est d’ailleurs soumis ce mardi 26 mars au Bureau et unedécision ministérielle est espérée pour juin. Pour l’instant, seuls deux opérateurs de formation en alternance sont actifs : les Cefa et les IFPME (qui peuventrecevoir des jeunes à partir de 15 ans). Mais ces derniers ne remplissent pas toutes les conditions prévues dans l’accord de coopération : des négociations sontentamées avec les Classes moyennes afin que la norme de formation théorique soit respectée. Pour les autres opérateurs (Bruxelles Formation et la Promotion sociale), il neleur manque qu’un réseau d’accompagnateurs (à trouver notamment auprès des Cefa). Pour ce qui est de sa dernière mission de proposition de mesures de développement,le Bureau cherche à coordonner toutes ces offres, notamment en régulant les incitants qu’on pense mettre en place dans l’avenir (primes, aides, équipements…).
1 Avenue Louise, 166 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 626 79 24.
Archives
"Démarrage du Bureau permanent de la formation en alternance bruxellois"
Donat Carlier
18-03-2002
Alter Échos n° 116
Donat Carlier
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