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"Déscolarisation des Centres wallons d'accueil de jour pour jeunes caractériels"

03-12-2001 Alter Échos n° 110

En janvier 2002, les nouveaux arrêtés d’application concernant les CAJJ (Centres d’accueil de jour pour jeunes handicapés) seront d’application. Ceux-ci ont comme objectifspour le 31 décembre 2003 que les 21 centres CAJJ se transforment pour affecter 50% de leur financement et de leur personnel à l’accueil des personnes handicapées adultes (toushandicaps confondus) ou des jeunes polyhandicapés. L’autre moitié étant dorénavant affectée à une nouvelle structure qui n’est pas encore définie, leSAI (Service d’aide à l’intégration). Le SAI servira à l’orientation, à la prise en charge des enfants en dehors du temps scolaire (week-end, vacances, etc.) et àl’organisation d’activités ponctuelles. On veut offrir un service ambulatoire plutôt qu’un service attaché à une école comme c’est souvent le casjusqu’à présent. En effet, les CAJJ sont des institutions qui accueillent les jeunes pendant la journée. Beaucoup sont attachés à une école et offrentdes services éducatifs et thérapeutiques aux enfants dans le cadre même de l’école, qui est censée faire en partie de même.
Laisser les écoles prendre en charge les enfants caractériels
Il s’agit d’un changement fondamental dans les missions de l’Awiph vis-à-vis des jeunes. Plus de la moitié des jeunes (en prise en charge équivalent temps plein) dont doits’occuper l’Awiph est en fait constituée d’enfants caractériels scolarisables (code 140). D’un autre côté, on assiste à une augmentation du nombre et des besoins depersonnes handicapées adultes et d’un manque de place pour les enfants polyhandicapés. L’Awiph a donc décidé de réaffecter une part importante des moyensaccordés jusqu’ici aux enfants caractériels. Parallèlement, le rapport de février 2001 de la Cour des comptes stigmatisait les CAJJ à cause des cumuls au sein d’unmême établissement. Les prises en charge thérapeutiques et éducatives (logopède, psychologue, éducateur, etc.) se font alors pendant les heures de classe.Aujourd’hui, la Région veut éviter ces « doublons ».
Double reconversion
Toujours en 2001, une table ronde fut organisée avec les acteurs du terrain pour établir un constat, les priorités et des propositions de stratégies d’intervention. Ilapparaissait que certains enfants étaient en complète illégalité sur le plan de l’obligation scolaire car difficilement gérables en classe; ils passaient beaucoupde temps hors classe avec un éducateur. Avec la réforme, les SAI continueront « d’intervenir au sein des écoles, mais dans la logique d’un suivi en fonction des personnes, pas desécoles », précise le cabinet Detienne1. Tel CAJJ ne sera plus attaché à telle école. Ce sont ces plages libérées qui serviront aux enfantsdéscolarisés ou aux adultes lourdement handicapés. Il est également prévu de former le personnel des CAJJ pour leur permettre de suivre un nouveau type depopulation. Beaucoup d’éducateurs n’ont en effet qu’une formation secondaire supérieure et une expérience limitée aux enfants caractériels.
Les enseignants des écoles spéciales auxquelles est attaché un CAJJ, qui ne sont pas concernés directement par la réforme, en subiront les conséquences. Ilparaît nécessaire à plusieurs enseignants aux prises avec les problèmes inhérents aux troubles du comportement d’avoir une aide extérieure ponctuelle face auxproblèmes de violence. De plus, dans ce type d’école, c’est rarement un seul enfant qui demande une présence éducative mais l’ensemble du groupe. Le problème sepose de façon plus aiguë pour l’organisation des sorties et des classes vertes. Au cabinet du ministre Detienne, on fait savoir que des demandes ponctuelles et des dérogationspourront être obtenues à l’Awiph. Des inter-cabinets sont organisés entre la Région et la Communauté pour accompagner la réforme. Au cabinet, on faitremarquer qu’elle fera l’objet d’une évaluation continue dès la première année (2002). Les CAJJ et les écoles d’enseignement spécial de type 3 aurontdonc six ans pour s’adapter, le plus progressivement possible. Il apparaît cependant ces derniers jours que les parents en particulier mais aussi les éducateurs et les écoles nesont pas encore convaincus par ce scénario. De fait la Communauté ne s’est pas encore véritablement emparée du dossier.
Et à Bruxelles?
Contrairement à ce qui se passe en Wallonie, les arrêtés d’application concernant les CAJJ bruxellois ne sont pas encore fixés et n’entreront en vigueurqu’en janvier 2003. Ces arrêtés font partie des derniers qui doivent être adoptés dans le sillage du “décret Picqué” de la Cocof du 4 mars1999. Un premier projet d’arrêtés d’application fut vivement critiqué, entre autres par les acteurs du terrain, certains responsables politiques ou membres del’administration. Le ministre de tutelle, Willem Draps2, a dû faire marche arrière. Par exemple, dans cette première mouture, l’encadrement accordé àcertains établissements accueillant des enfants caractériels scolarisables était fortement réduit au profit d’autres institutions accueillant des enfants avec deshandicaps plus lourds comme les polyhandicapés. Le budget n’était pas réorienté vers des adultes, comme en Wallonie. Aucune concertation avec les acteursn’avait été prévue et les changements ne leur paraissaient pas établis selon des critères précis et objectifs. Pour remédier à cettesituation, une étude a été commandée par le cabinet Draps à Jean-Jacques Detraux, professeur à l’ULg.
1 Cabinet, rue des Brigades d’Irlande 4 à 5100 Jambes, tél. : 081 32 34 11.
2 Cabinet, rue Capitaine Crespel 35 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 508 79 11.

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