Elles étaient quelque 750 à manifester avant les élections fédérales de ce mois de juin pour réclamer un véritable statut de travailleuse. Ellestentaient ainsi, une fois encore, d’attirer l’attention des politiques. Elles, ce sont des accueillantes d’enfants conventionnées. Celles que l’on nommait par lepassé « gardiennes encadrées ». À l’heure où l’ouverture de places d’accueil pour les tout jeunes enfants semble activer lesdécideurs, elles poussent la sonnette d’alarme pour l’avenir d’un accueil de type familial.
Ces femmes – pour l’immense majorité des cas – sont près de 2 500 en Belgique francophone. Elles accueillent à leur domicile des enfants en bas âge,avant leurs entrées à l’école. Dans le paysage de l’accueil des petits, elles représentent 30 % des places d’accueil, ouvrant leurs portes àjusque quatre bambins. Les parents qui leur confient leurs progéniture y voient les avantages « d’un cadre familial, d’une bonne qualité relationnelle, d’uneattention individualisée, du professionnalisme de l’accueil, de la socialisation des enfants et de la souplesse des horaires », résume la Fédération desservices maternels et infantiles de Vie féminine (FSMI), une des fédérations de services d’accueillantes1.
En effet, ces accueillantes se distinguent des accueillantes « autonomes »2, par la convention qui les relient à un service. Une convention synonymed’encadrement. « Le métier n’est pas facile : être seule 10 heures par jour avec quatre enfants… », avance Emmanuelle Devuyst, responsable nationale de la FSMI.Ainsi, parties d’un service, elles rencontreront par exemple une assistante sociale régulièrement, elles bénéficieront de formations continuées engroupe…
Sortir du « filet » pour accéder à un réel statut de salariée
Si 2003 avait vu poindre quelques avancées pour celles que l’on considérait auparavant comme des bénévoles défrayées, leur combat n’a pasencore atteint son terme. En 2003, leur avait été accordé un « filet » de protection sociale minimum, estiment-elles, pas un statut social à partentière, celui d’un travailleur salarié ordinaire. « Au jour le jour, elles peuvent s’en sortir, mais si un accident de la vie survient c’est la catastrophe», insiste Emmanuelle Devuyst.
À l’époque, elles avaient acquis certains droits « parmi ceux qui sont reconnus à tout travailleur en Belgique, dont celui de ne pas travailler en étantmalade ou récemment accouchée, de bénéficier de leur propre mutuelle, de recevoir des allocations familiales et de cotiser pour la pension ». Mais endéans lestrois ans, d’autres pas devaient être franchis pour aboutir à un statut complet. Elles évoquent « la valorisation de l’ancienneté, la reconnaissance desformations suivies, les congés payés, le droit au chômage, les pécules de vacances… » Ne voyant rien poindre à l’horizon les deuxfédérations de services (FSMI et Cosege – coordination des services d’accueillantes conventionnées) ont mobilisé une nouvelle fois les troupes.
D’aucuns se souviennent qu’elles étaient tout récemment encore dans la rue, en novembre 2006, offrant 7000 « tuttes » qui symbolisaient une pétition de 7 000signatures aux ministres Rudy Demotte (fédéral – Affaires sociales – PS) et Catherine Fonck (Communauté française – Enfance – CDH).
Des ministres que les délégations ont rencontrés une nouvelle fois ce début juin. De même que certains de leurs collègues comme Didier Reynders (ministrefédéral des Finances – MR) et Inge Vervotte (Communauté flamande – Enfance – CD&V). Interpellée au Parlement de la Communauté française, laministre Catherine Fonck répondra : « Vous n’êtes pas sans savoir que l’apport du gouvernement fédéral est indispensable au financement d’un telstatut. Dans sa déclaration de politique communautaire, le gouvernement s’était engagé à étudier les éléments du dossier en synergie avec lepouvoir fédéral. Je souhaite que le principe d’un statut complet soit inscrit dans la déclaration de politique générale du futur gouvernementfédéral et que ce projet puisse aboutir pour la fin de l’année 2011. » Les moyens de la Communauté française sont au cœur du débat. Enattente de concrétisation, les fédérations mettent dans la balance l’avenir de la profession et de ce type d’accueil.
1. FSMI :
– adresse : rue de la Poste, 111 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 227 13 30
– site : http://viefeminine.no-ip.org
Cosege :
– adresse : clos des mésanges, 50 à 1342 Limelette
– tél. : 010 43 65 11.
2. On estime leur nombre à une centaine sur le territoire des provinces francophones. Et inégalement réparties : avec un nombre plus élevé dans le Luxembourg et laBrabant wallon.