Cela fait 30 ans que je fais de la recherche dans le secteur de l’économie sociale. Je pense donc que je peux parler en termes de perspectives sur le long terme. J’ai aussi pu constater les progrès qui ont été faits par rapport au passé. Il y a cependant un dossier dans lequel j’espère voir une évolution depuis longtemps: il s’agit de la loi belge de 1873 concernant les coopératives, qui est la plus bête du monde dans ce domaine. Ce texte présente en effet tous les principes propres aux coopératives – notamment les deux plus importants qui sont la démocratie dans l’entreprise et la limitation dans la rémunération du capital – comme optionnels. Ce qui fait qu’il existe aujourd’hui des dizaines de milliers de coopératives qui fonctionnent comme des SPRL classiques, la seule différence étant qu’elles ont bénéficié d’une ouverture de capital plus facile du fait de leur statut de coopérative. Il faudrait donc revoir cette loi, en intégrant les principes propres aux coopératives. Il faudrait aussi qu’elle puisse recouvrir une large palette de coopératives, comme en France: coopératives de travailleurs, de consommateurs, agricoles, etc. De manière plus générale, je veux dire aussi que j’ai été le témoin de la naissance de l’Agence Alter, il y a de cela 20 ans. Je me souviens lui avoir confié quelques missions dès le début. À l’époque, Alter s’intéressait déjà beaucoup à l’économie sociale. C’était même son centre d’intérêt principal si je me souviens bien.
Jacques Defourny, directeur du Centre d’économie sociale de l’Université de Liège (contacté par téléphone)