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Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

Des formations professionnelles à la place des réductions fiscales

Le départ des libéraux du gouvernement flamand en 2009 a sonné le glas du « jobkorting », cette réduction fiscale qui était accordée auxtravailleurs à bas revenus résidant en Flandre. Le gouvernement flamand planche aujourd’hui sur différentes pistes pour compenser cette disparition. Et c’est celle de la« formation » qui tient la corde.

25-06-2011 Alter Échos n° 318

Le départ des libéraux du gouvernement flamand en 2009 a sonné le glas du « jobkorting », cette réduction fiscale qui était accordée auxtravailleurs à bas revenus résidant en Flandre. Le gouvernement flamand planche aujourd’hui sur différentes pistes pour compenser cette disparition. Et c’est celle de la« formation » qui tient la corde.

L’année dernière, quelque 600000 travailleurs à bas salaire ont encore bénéficié de cette réduction fiscale créée en 2007 par legouvernement flamand. Au départ, pour rentrer en ligne de compte, il fallait bénéficier de revenus professionnels annuels nets compris entre 5500 et 22250 euros. La limitesupérieure avait été dans un deuxième temps abaissée à 18500 euros. Ce cadeau fiscal était accordé une fois par an, généralementsous forme d’une réduction de précompte professionnel au début de l’année civile.

La mesure avait été introduite comme remède aux pièges à l’emploi mais elle a été supprimée en novembre dernier, le gouvernement de KrisPeeters estimant qu’elle n’atteignait pas son but. En effet, beaucoup de bénéficiaires étaient payés à un barème relativement élevé maistravaillaient à temps partiel. Par ailleurs, l’Europe estimait cette mesure discriminatoire par rapport aux personnes travaillant en Flandre et n’y résidant pas. Elle menaçait laRégion d’un recours. Supprimer le « jobkorting » permettait aussi de récupérer 75 millions pour le budget, chose devenue politiquement possible depuis que l’Open VLDa rejoint les bancs de l’opposition.

Formations professionnelles en entreprise

Depuis lors, le gouvernement flamand était à la recherche de mesures alternatives pour lutter contre les pièges à l’emploi.

Le ministre flamand de l’Emploi, Philippe Muyters (N-VA), propose maintenant une allonge budgétaire de 15 millions pour étendre à un plus grand nombre les possibilitésde formation professionnelle. Les IBO, des formations professionnelles individualisées d’une durée d’un à six mois, s’adressent à des demandeurs d’emploi – etsont donc supervisées par le VDAB –, mais elles sont dispensées dans une entreprise. Pendant la formation, le candidat bénéficie d’une « prime deproductivité » qui s’ajoute à son allocation de chômage. A l’issue de l’IBO, il est engagé par l’entreprise avec un contrat à duréeindéterminée et jouit d’une protection contre le licenciement pendant une période égale à la durée de la formation suivie. Philippe Muyters souhaite revoirl’organisation de ce système et en faire bénéficier 5 000 demandeurs d’emploi supplémentaires. Il plancherait également sur un nouveau type de formations àl’attention des chômeurs de longue durée, des formations qualifiées d’IBO curatifs et qui offriraient quelque 1 000 places. Enfin, le gouvernement flamand investirait aussi 7millions dans des projets de lutte contre la pauvreté ainsi qu’un million et demi dans l’assistance par le travail (à l’attention de personnes n’ayant pas ou plus accès aumarché du travail, pas même en atelier protégé).

Dans l’esprit du gouvernement flamand, ces mesures s’ajoutent aux 15 millions qu’il entend investir à partir de 2012 dans l’aide aux structures indépendantes d’accueil de la petiteenfance de manière à rendre leurs tarifs accessibles aux travailleurs à bas revenus. Ces mesures-là entrent en effet également dans le cadre de la lutte contre lespièges à l’emploi.
N’empêche, pour le ministre-Président Kris Peeters (CD&V), la priorité en la matière – et par la même occasion, selon lui, le meilleur moyen pourrépondre aux exigences de la Commission européenne en matière de réforme de l’économie – reste encore l’activation des chômeurs. C’est ce qu’il arépondu début juin à la question d’un député de son propre parti, Koen Van den Heuvel, au parlement flamand.

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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