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Regard critique · Justice sociale

Logement

Des kots passifs face à la crise du logement

Pour loger ses étudiants, l’Institut Paul Lambin a fait construire un bâtiment passif de 49 kots sur le site de l’UCL à Woluwe-Saint-Lambert.

16-03-2012 Alter Échos n° 334

Pour loger ses étudiants, l’Insitut Paul Lambin1 a fait construire, sur fonds privés, un bâtiment passif de 49 kots sur le site de l’UCL à Woluwe-Saint-Lambert.

La crise des kots étudiants est en passe de devenir une ritournelle, au même titre que la crise du logement. Il suffit de se repencher sur les récents débats et études menées sur le sujet (Alter Echos n° 322 : « Carence de kots bruxellois ») ou les initiatives portées par l’associatif (Alter Echos n° 298 : « Habitat kangourou : générations sous un même toit »). Si certains sites sont pourvus en suffisance, ailleurs, c’est le règne de la débrouille. L’Institut Paul Lambin, qui délivre des formations en lien avec les métiers médicaux, y est sensible. « Nous n’avions pas de kots nous appartenant, explique le directeur Benoît Dupuis. Nous fonctionnons avec une liste de propriétaires et nos étudiants peuvent accéder aux kots de l’UCL, quand ils sont en surnombre. Ce qui n’est plus le cas actuellement. » Face à cette situation, l’Institut décide de construire un bâtiment pouvant accueillir une cinquantaine de kots. Pour financer le projet (trois millions d’euros hors taxe), il fait appel à une asbl parallèle : l’Institut Paul Lambin Recherche et Formation. Elle finance le projet moitié sur fonds propres et a contracté un emprunt pour l’autre moitié. « Notre entrepreneur nous a conseillé de faire le saut pour du passif, raconte Benoît Dupuis. Le surcoût n’étant que de 8 à 10 %. La prime de 53 000 euros de la RBC compense en partie ce surcoût, mais ce sont surtout les économies d’énergie qui vont compenser à terme cet investissement. »

L’immeuble se dresse sur cinq niveaux. « Il contient d’une part 23 logements autonomes, dont un pour une personne à mobilité réduite, et d’autre part 26 kots répartis en quatre espaces communautaires comportant chacun un living commun et 6 ou 7 chambres. » Le bâtiment fonctionne comme un thermos. Doté d’une épaisse isolation (triple vitrage, 24 cm d’isolation pour les façades, 36 cm dans les caissons de toiture, etc.), le bâtiment est rendu étanche à l’air. « On colmate chaque trou, chaque joint ou raccord avec des matériaux spécifiques. En fin de travaux, un « blowerdoor » (test d’étanchéité à l’air) a été réalisé pour vérifier la valeur réelle de l’étanchéité (…) Afin de pouvoir vivre confortablement dans ce « thermos », de l’air neuf est amené et l’air vicié extrait de chaque local. Cette ventilation « forcée » est réalisée de manière mécanique. »

Et vous pouvez ouvrir les fenêtres

Le bâtiment accueille des étudiants depuis le mois d’octobre 2011. Ceux de l’IPL sont prioritaires, « mais un système d’échange de places permettra un brassage avec les étudiants de l’UCL », souligne-t-on à l’Institut. Par ailleurs, pour la bonne utilisation du bâtiment, une liste de points d’attention a été remise aux occupants. « Ce n’est pas si contraignant que cela dans les faits », explique Benoît Dupuis. Contrairement à un préjugé bien ancré concernant le passif, il n’est pas interdit d’ouvrir les fenêtres. « Les étudiants peuvent aérer. La pièce mettra juste un peu plus de temps à se réchauffer », constate le directeur de l’Institut. Un autre défi du projet était de lutter contre la surchauffe en été. Celui-ci a été résolu en créant un bâtiment massif en béton qui va garder la fraîcheur acquise la nuit pour la restituer la journée. La consommation énergétique du bâtiment est quatre fois moindre que celle d’une construction traditionnelle.

Le bâtiment a traversé correctement son premier hiver, même si les étudiants ont eu parfois un peu froid. « Dans chaque chambre, il y a un radiateur électrique d’appoint. Ce sont des 500 watts, les plus petits que l’on peut trouver sur le marché », souligne notre interlocuteur. Et de conclure : « Il y a quelques problèmes de jeunesse, mais ce n’est pas lié au bâtiment. Et ce ne sera pas un problème pour le long terme. »

1. IPL :
– adresse : Clos Chapelle-aux-Champs, 43 à 1200 Bruxelles
– tél. : 02 764 46 46
– courriel : lambin@ipl.be
– site : http://www.ipl.be

Baudouin Massart

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