SOS jeunes, au plus fort de la vague de froid, a tiré la sonnette d’alarme : des mineurs étrangers non accompagnés dormaient à la rue. Des places d’urgence ont puêtre trouvées. Cette crise permettra-t-elle de résoudre ce problème lancinant ? Rien n’est moins sûr.
Des mineurs étrangers non accompagnés (Mena) ont été contraints de dormir à la rue. C’est cette situation « inacceptable » qu’a vouludénoncer le service d’aide en milieu ouvert (AMO) SOS jeunes-Quartier libre1, lors d’une conférence de presse, le 7 février. L’AMO organise l’accueil temporaire, et enurgence, de Mena. Le service n’a que quatre lits à proposer. Au faîte de la vague de froid, ce sont près de vingt jeunes non accompagnés qui ont débarqué chezSOS jeunes. « Ils arrivent très abîmés, après avoir passé plusieurs nuits à la rue ou dans des squats », témoigne XavierBriké, le coordinateur pédagogique de l’AMO.
Les Mena, on le sait, sont des victimes de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile. Depuis plusieurs années déjà, Fédasil n’organise plus l’accueil de ces mineurslorsqu’ils ne sont pas demandeurs d’asile. Alors que leur âge devrait leur garantir une place. C’est parfois vers les structures de l’Aide à la jeunesse qu’ils se tournent. Mais biensouvent, les autorités mandantes ne considèrent pas le fait d’être Mena non hébergé comme une situation de danger. Rappelons que dans ce dossier, des discussionsentre les principaux concernés (Aide à la jeunesse, Fédasil, CPAS) devaient permettre de clarifier les responsabilités de chacun. « Le travail de ce groupes’est arrêté avec les affaires courantes. Nous avons demandé à Maggie De Block qu’il reprenne », nous dit Olivier Petit, le chef de cabinet d’EvelyneHuytebroeck.
Les Mena non demandeurs d’asile ne sont donc pas accueillis. Cette situation qui est plus ou moins ignorée pendant l’année devient intolérable pendant une période degrand froid comme celle qui a sévi. Sera-t-elle à nouveau ignorée avec le dégel ?
Ces dernières semaines, les services d’urgence comme le Samu social ont été assaillis de demandes. SOS jeunes a constaté qu’il était très difficile d’ycaser des Mena, pourtant très vulnérables.
Vincent Manteca, coordinateur de jour au Samu social2 rappelle, en effet, que son service a « l’interdiction formelle d’accueillir des Mena. Nous en avons accueilli pour nepas les laisser dans le froid. Mais cet accueil n’est pas adapté à leur âge. Il y a une population qui peut être préjudiciable aux mineurs et, inversement, certainsmineurs ont des comportements limites. » De son côté, Olivier Petit conteste cette vision des choses. Il nous rappelle qu’Evelyne Huytebroeck est aussi ministre de l’aide auxpersonnes en région bruxelloise : « Une convention a été passée avec le Samu social. Rien n’interdit a priori que des Mena aillent au Samu social. La seuleexception concerne les demandeurs d’asile. » Difficile d’y voir clair.
« Ce qu’il faut, c’est parler du fond »
Maggie De Block, secrétaire d’Etat à l’Asile et à l’Immigration3 avait annoncé la création de 800 places d’urgence. Sa porte-parole nousdéclarait : « Nous faisons en sorte que chaque personne qui demande un lit en reçoive un. » Force est de constater que, grâce au raffut de SOS jeunes,des places d’urgence pour les Mena ont fini par être trouvées. Dans des hôtels, ou dans les centres de Fédasil. « Mais ce qu’il faut maintenant, c’est parler dufond », lance Fatima Zeitouni de SOS jeunes, et d’ajouter : « Cela fait quatre ans que l’on bricole avec des jeunes qui vivent une instabilité incessante. Soit onapplique la loi, soit il faut trouver des solutions alternatives. »
Les associations s’organisent comme elles peuvent. SOS jeunes, Point jaune à Charleroi et Abaka à Bruxelles accueillent des Mena pour quelques jours. Mais ce n’est pas suffisant.Pendant la « nuit la plus froide de l’hiver », quatre Mena ont dû être accueillis à la Mosquée de Molenbeek.
Les services AMO sont de plus en plus confrontés à la problématique des Mena. Ils comptent faire entendre leur voix à travers Menamo4, un projet qui viseà défendre le droit de ces mineurs isolés. Leur intention est claire : « Déposer une action en référé pour faire injonction àl’Etat belge d’accueillir tous les Mena dans des structures adaptées », affirme Charlotte Van Zeebroeck, la coordinatrice.
La vague de froid aura au moins eu ce mérite : faire parler des mineurs non accompagnés laissés à l’abandon.
1. SOS jeunes quartier libre :
– adresse : rue Mercelis, 27 à 1050 Bruxelles
– tél. : 02 512 90 20
– courriel : contact@sosjeunes.be
2. Samu social :
– adresse : rue du rempart, 5 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 551 12 20
– courriel : info@samusocial.be
3. Maggie De Block, secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration :
– adresse : boulevard de Waterloo, 115 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 542 80 11
– courriel : info.maggiedeblock@ibz.fgov.be