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Regard critique · Justice sociale

Des Molenbeekois rendent son nom au parc Bonnevie

À Molenbeek-Saint-Jean, le parc Bonnevie fait peau neuve. Nouvelles plantations, nouveaux jeux, nouveau mobilier : le parc, situé dans un quartier densément peuplé, vaconnaître un profond lifting. Au-delà du réaménagement en lui-même, c’est le processus de mise en œuvre du projet qui attire l’attention.

04-10-2010 Alter Échos n° 302

À Molenbeek-Saint-Jean, le parc Bonnevie fait peau neuve. Nouvelles plantations, nouveaux jeux, nouveau mobilier : le parc, situé dans un quartier densément peuplé, vaconnaître un profond lifting. Au-delà du réaménagement en lui-même, c’est le processus de mise en œuvre du projet qui attire l’attention.

Le parc Bonnevie, à deux pas de la maison communale de Molenbeek, est le produit d’une longue histoire faite de lutte urbaine et de mobilisation des habitants. Au cours des années80, la construction du métro laisse derrière elle une saignée dans le tissu urbain du centre historique de la commune. Un groupe d’habitants décide d’investir des terrainslaissés à l’abandon pour y aménager une plaine de jeux. En 1996, Bruxelles-Environnement reprend la gestion de l’espace vert. Les années passent et les jeux pour enfant sedégradent. Le moment est venu de renouveler les équipements. Bruxelles-Environnement a voulu associer les habitants et les associations du quartier au projet : « Le quartieravait oublié les luttes menées dans les années 80 pour que ce parc voie le jour », confie Andréa Urbina du service Participation et développement chezBruxelles-Environnement1. « Nous étions aussi confrontés à des problèmes d’insécurité. Il fallait que la population seréapproprie Bonnevie. » Ce nouveau projet représentait une bonne occasion de retisser des liens sociaux qui s’étaient distendus.

Pour stimuler l’implication des habitants, Bruxelles-Environnement confie l’organisation de la participation à la maison de quartier Bonnevie2, dont les locaux sont situésaux abords du parc. Pendant trois mois, son équipe va multiplier les réunions et les animations. Lors des rencontres avec les mères de famille, les écoles, les jeunesadultes ou encore les associations locales, de nombreuses pistes seront explorées. Faut-il installer des fontaines ? des bacs à sable ? Quel type de jeux retenir ?« Les débats ont été parfois animés à propos des options fondamentales du projet, souligne Gwendoline Daems, chargée de travail communautaire ausein de la maison de quartier Bonnevie, nous sommes cependant parvenus à trouver des consensus. Les habitants ont formulé des remarques et des demandes qui ont vraiment faitévoluer le projet. »

Un constat que partage Christophe Mercier, architecte au bureau Suède 363. « Nous avons participé aux réunions dès le début du processus.Cela permet de dépasser les représentations, souvent caricaturales, que l’on peut avoir sur les quartiers défavorisés de Bruxelles. » L’architectereconnaît d’ailleurs que ses plans et maquettes ont fait l’objet de plusieurs modifications à la suite des remarques de la population. Aujourd’hui, les travaux du parc Bonnevie touchentà leur fin. Pas question pour autant de considérer que la réappropriation du parc se termine avec son simple réaménagement. L’animation et la surveillance sontd’ores et déjà confiées à deux gardiens de parc de Bruxelles-Environnement. La maison de quartier planche sur un projet de charte pour la gestion de l’espace vert. Leprojet Kicot se chargera de la propreté quotidienne.

Un projet emblématique

Pour Marie-Claire Migerode, responsable de la maison de quartier Bonnevie, « ce projet est emblématique du changement de vision de la Région sur ses espaces verts. Pendanttrès longtemps, constate-t-elle, les pouvoirs publics régionaux ne s’intéressaient qu’aux grands parcs de la seconde couronne de la Région. Les parcs situés dansles quartiers centraux doivent faire l’objet de la même attention. Ils sont vecteurs de lien social. Pour de nombreuses femmes du quartier, la fréquentation du parc Bonnevie est biensouvent une des seules occasions de la journée de sortir. »

Andréa Urbina rappelle que Bruxelles-Environnement a mené plusieurs projets de cet ordre dans les quartiers anciens de la capitale : « Le parc de la Rosée àCureghem ou le square des Ursulines transformé en Skatepark ont fait l’objet d’un investissement participatif et social très important. À chaque fois, des budgets sontréservés pour financer la participation et pour que des projets sociaux en relation avec la vie du parc puissent voir le jour. » Quant au parc Bonnevie, il devrait êtreinauguré à la fin de l’année. Gageons que ce type d’expérience participative sera répliquée ailleurs.

1. Service participation et développement – Bruxelles-Environnement :
– adresse : Gulledelle, 100 à 1200 Bruxelles
– tél. : 02 775 75 75
– site : www.bruxellesenvironnement.be
2. Maison de quartier Bonnevie :
– adresse : rue Bonnevie, 40 à 1080 Molenbeek
– tél. : 02 410 76 31
– courriel : bonnevie@bonnevie40.be
– site : http://bonnevie.vgc.be/fr/bonnevie.asp
3. Suède 36 :
– adresse : rue de Flandre, 156 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 229 03 79
– site : http://www.suede36.be
– courriel : christophe@suede36.be

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