Jean-Claude Daoust a visiblement vu juste. En choisissant de diffuser par voie de conférence de presse un appel à la diversité dans l’entreprise, le président de laFédération des entreprises de Belgique (FEB), entouré pour l’occasion de six patrons de grandes entreprises belges de secteurs variés, a suscité l’approbation– et la surenchère – du côté politique.
C’est en se fondant sur des arguments non seulement moraux (droit individuel au respect) mais aussi économiques (la diversité comme stimulateur de performances ; les effets positifsde la diversité sur la qualité des produits et services,…1) que le président de la FEB a lancé son appel. Celui-ci vise notamment à soutenir les« initiatives régionales œuvrant très concrètement à plus de diversité au travail ». Au-delà de l’importance symbolique de cet appel, resteà voir ses effets concrets. D’autant plus que Jean-Claude Daoust plaide essentiellement en faveur de mesures incitatives mais s’oppose à la mise en œuvre de pratiques pluscontraignantes telles que les quotas ou les cv anonymes2. Ceux-si sont vus comme des « moyens artificiels qui risquent de stigmatiser les différences plutôt que de lesvaloriser. »
Reste que, dans un contexte où l’Unizo (fédération des classes moyennes flamandes) vient de défendre une entreprise accusée de pratiques discriminatoires par leCentre pour l’égalité des chances, l’aspect symbolique du discours est d’autant moins à négliger qu’il ne semble pas universellement partagé parmi les chefsd’entreprise belges.
Christain Dupont embraye
Rebondissant sur la balle, et restant toujours dans le domaine de la « soft law » et des incitations, le ministre de l’Intégration sociale et de l’Égalité deschances, Christian Dupont (PS), a rappelé son intention d’étendre le « Plan d’action diversité dans la Fonction publique fédérale » à l’ensembledes entreprises belges, et ce, en instaurant un « label de diversité ». Approuvée en mai 2005 par la Conférence interministérielle sur l’Intégrationdans la société, cette proposition a fait l’objet d’une étude de faisabilité. Celle-ci aurait montré l’intérêt des partenaires sociaux, du Centre pourl’Égalité des chances et de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes, à l’égard de la mise en place d’un tel label.
Benoît Cerexhe aussi
Quant à Benoît Cerexhe, ministre bruxellois de l’Économie et de l’Emploi (CDH), il s’est lui aussi réjoui de l’appel qu’il a inscrit dans la logique de la Charte de laDiversité, lancée en décembre 2005, et signée par plus de 50 entreprises bruxelloises :
• former leurs dirigeants, DRH et collaborateurs impliqués dans le recrutement aux enjeux de la non-discrimination et de la diversité ;
• garantir et promouvoir l’application du principe de non-discrimination dans toutes les étapes de gestion des ressources humaines ;
• chercher à refléter, aux différents niveaux de qualification, la diversité ethnique et culturelle de la société bruxelloise ;
• élaborer des plans de diversité dans le cadre d’un dialogue avec le personnel.
Enfin, les entreprises s’engagent à rendre compte de leurs avancées sur chacun de ces points, en précisant les méthodes et procédures adoptées, ainsi queles résultats obtenus. Signalons, pour rappel que Philippe Van Muylder, secrétaire général de la FGTB-Bruxelles, regrettait récemment l’absence totale deconcertation avec les syndicats lors de la rédaction de cette charte : « Or, il va de soi que nous sommes preneurs d’une démarche diversité. Comme chacun sait, les acteursde la discrimination sont potentiellement multiples : lors de l’embauche, elle concerne essentiellement l’employeur ; pendant la durée du contrat, il peut arriver que la discriminationprovienne de collègues de travail ; enfin, il n’est pas rare que des licenciements s’opèrent à l’instigation des clients de l’entreprise. »
1. Signalons sur le même thème la parution d’un n° spécial de la Harvard Business Review entièrement consacré au management de la diversité. Voircompte rendu dans Alter BusinessNews n° 106
2. Pour l’anecdote, on se souviendra qu’en France, la pratique du CV anonyme avait été vigoureusement défendue par Claude Bébéar (ex pdg d’Axa).