Il y a quelques jours, un communiqué de presse passé inaperçu notait «une relative invisibilisation au sein des politiques en Belgique des violences fondées sur le genre contre les femmes». Pourtant, le document ne provenait pas d’une petite asbl ou d’un(e) militant(e) isolé(e). C’est le Conseil de l’Europe qui en était l’auteur. Il se faisait en cela le relais du Grevio, l’organe spécialisé indépendant chargé de veiller à la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (aussi appelée Convention d’Istanbul).
À la lecture de la note de formation du nouveau gouvernement fédéral, on se dit que les femmes pourraient bien avoir été à nouveau oubliées ici et là.
Doit-on y voir un lien? En tout cas, à la lecture de la note de formation du nouveau gouvernement fédéral, on se dit que les femmes pourraient bien avoir été à nouveau oubliées ici et là. Prenons les pensions. Le nouveau gouvernement entend monter la pension minimum à 1.500 euros net pour une carrière complète. Magnifique nouvelle. Mais si on lit les détails de ce que la Vivaldi prévoit, on note qu’afin de rendre le système des pensions plus soutenable financièrement, elle entend instaurer «une condition d’emploi effectif» – d’une taille encore à déterminer – dont chaque pensionné devra se prévaloir afin d’accéder à la pension. En d’autres mots, le gouvernement pourrait dans un futur proche être tenté de toucher aux fameuses «périodes assimilées», c’est-à-dire à ces périodes de chômage involontaire – qui ne sont donc pas de l’emploi effectif – jusqu’ici prises en compte pour le calcul de la pension. Parmi elles, il y a notamment – et principalement – les congés de maternité, mais aussi les congés parentaux, l’interruption de carrière (sous certaines conditions), etc. Autant de dispositifs concernant exclusivement ou majoritairement les femmes. Deux scénarios sont possibles. Un: le gouvernement décide d’instaurer une «simple» condition d’emploi effectif pour accéder à la pension. Dans ce cas, les femmes, parce qu’elles prennent des congés de maternité, parce qu’elles sont plus souvent en congé parental, auront plus de difficultés à satisfaire à cette condition. Deux: le gouvernement décide de changer la manière dont il prend en compte les périodes assimilées dans le calcul de la pension. Ici aussi, ce sont les femmes qui risquent de trinquer. Et qui, dans les deux scénarios, pourraient se retrouver avec des pensions moins élevées. Un comble alors que la note prévoit aussi dans le même chapitre de «prendre en compte les inégalités entre hommes et femmes et les réduire autant que possible».
Alors bien sûr, être tenté de chipoter avec les pensions, ce n’est pas – encore – de la violence à proprement parler. Mais les raboter pour un public déjà bien fragilisé sur le marché de l’emploi (voir à ce propos l’article «La pension», publié dans ce numéro), ce ne serait tout de même pas très doux…