Le capitalisme a ceci de merveilleux qu’il recycle tout et n’importe quoi. Chaque opportunité, chaque problème, même les idéologies qui lui sont opposées, sont une occasion de faire de l’argent. L’exemple le plus frappant étant peut-être les fameux T-shirts, vendus par brouettes entières, à l’image de Che Guevara ou du drapeau de l’URSS. Que des gars soient prêts à lâcher 11 euros sur Amazon pour un T-shirt «Fruit of the Loom» portant le marteau et la faucille avant d’aller s’encanailler dans un meeting du PTB ou de Die Linke doit probablement faire se retourner Lénine dans sa tombe.
Plus récemment, un phénomène assez particulier semble se développer dans le champ de l’hébergement. Face à l’afflux du nombre de réfugiés, de nombreux pays européens auraient choisi de se tourner vers le logement en conteneurs pour les héberger. Dans un article du Financial Times, on apprend ainsi que CHB Bonitz, une compagnie basée à Berlin, vient de remporter un contrat pour fournir un logement – en conteneur bien sûr – à près de 1.650 demandeurs d’asile. Comme quoi, le malheur des uns fait aussi le bonheur des autres. Et sait-on jamais, en Belgique, le secteur de l’économie sociale pourrait aussi en profiter. Pour rappel, un des gros opérateurs du secteur en Wallonie est une asbl nommée le Cof. L’Agence Alter avait consacré un Focales à son projet de logements en conteneurs il y a de cela un peu moins d’un an. Pour les non-initiés, vivre en conteneur n’a rien d’étrange. La pratique est même plutôt courante dans certains pays comme les Pays-Bas. Les gros monstres d’acier sont en effet transformés en véritables petits logements.
Cela dit, voir le secteur du logement en conteneur, souvent présenté comme «alternatif», profiter du flux de réfugiés a quelque chose d’ironique. Le Cof n’a quant à lui pas été en mesure de répondre à nos questions – l’asbl a-t-elle, elle aussi, été contactée pour produire des conteneurs à destination de réfugiés? – malgré nos sollicitations.