Il n’est pas toujours facile de faire de l’insertion en zone rurale, là où les problèmes de mobilité sont plus aigus qu’ailleurs. Trois entreprises d’économiesociale du sud de la province de Namur innovent en créant des parcs de vélos électriques partagés. Une première étape.
Tout part d’un constat partagé par l’EFT La Calestienne1 à Beauraing, Florennes Titres-services2 et l’EFT Espaces à Ciney3 : les besoinsen mobilité sont plus importants pour les personnes en situation d’insertion en zone rurale. En cause : l’offre limitée de transports en commun, des distances parfois plusimportantes à couvrir, sans oublier les coûts que représentent l’obtention d’un permis de conduire, l’acquisition et l’entretien d’un véhicule. La nécessitéde trouver une solution s’imposait.
« On parle beaucoup de mobilité, mais il faut aller au-delà de la parole, passer aux actes, explique Michel Thomas, directeur de La Calestienne. On a vu qu’il y avait desprojets de vélos électriques dans des entreprises privées. L’idée est créer un maillage d’entreprises d’économie sociale ayant ce type d’équipements.On s’est associé avec Florennes Titres-services et Espaces à Ciney, parce que nous sommes à une trentaine de kilomètres l’une de l’autre et que nous sommes assezreprésentatifs au sud de la province de la Namur. » Pour Vincent Laureys, directeur de Florennes Titres-services, « le projet est vraiment innovant, propre au secteur del’économie sociale. La dynamique est plus riche à trois, c’est important pour obtenir un impact et développer le projet par la suite. Chez nous, les travailleurs doiventêtre mobiles chaque jour. On ne veut pas que cela soit un frein à l’emploi. En plus, c’est une alternative aux transports plus polluants. Pour nous, c’est aussi la premièreétape d’un plan mobilité au niveau de l’entreprise. »
Un projet en plusieurs phases
Dans une première phase, les trois entreprises projettent d’acquérir vingt-quatre vélos électriques (huit chacune) avec le soutien de la Région wallonne afin deconstituer « un parc de véhicules partagés qui apporte une réponse appropriée et emblématique dans un premier cercle de mobilité de quelqueskilomètres autour des trois entreprises. »
« Le vélo électrique est un moyen de se réapproprier le vélo. Cela compense l’effort dans une région assez vallonnée »,déclare Michel Thomas de La Calestienne. Il pointe aussi une grosse contradiction dans les réponses apportées en termes de mobilité à un publicdéfavorisé et désargenté : « Souvent, on a des stagiaires qui n’ont pas accès à l’emploi parce qu’ils n’ont pas de permis de conduire. On lespousse à passer le permis – ce qui représente un coût –, puis à acheter une voiture – nouveau coût. Cette contradiction est encore plus grande quandon sait que la mobilité et le défi énergétique vont pénaliser les zones rurales. »
L’inauguration officielle du projet devrait se dérouler ce 10 septembre dans le Pôle beaurinois de formation et de développement. Mais Michel Thomas ne compte pas en resterlà : « On voudrait étoffer notre parc assez rapidement en achetant une voiture hybride ou à faible consommation, des vélos non assistés, ainsi quedes vélomoteurs. Concrètement, on aura un véhicule pour l’apprentissage de la conduite des stagiaires ou que l’on pourrait leur prêter pour effectuer des démarchesou comme véhicule de remplacement. » Au-delà des travailleurs et d’un public défavorisé, l’idée est aussi d’interpeller le grand public :« Cela pourrait éviter aux gens d’acheter un deuxième véhicule. »
Ciney, mal desservie ?
On pourrait s’étonner de voir Ciney reprise dans un projet concernant la mobilité en zone rurale. Et pourtant… Les stagiaires ont parfois du mal à se rendre à l’EFTEspaces située au coeur d’un zoning commercial, entre ville et campagne et loin de la gare. « Ciney n’est pas mal desservie au niveau des TEC mais les déplacements vers lesplus petites entités posent problème, confie Eric Paquet, coordinateur pédagogique d’Espaces. De plus, les horaires ne sont pas toujours adaptés. On a voulu adapter noshoraires à ceux des transports en commun, mais cela ne correspond pas aux réalités du monde des entreprises. Ce n’est pas rendre service aux personnes en formation. »Le projet de véhicules partagés a donc tout son sens. Toutefois, insiste Eric Paquet, il faudra mettre en place une bonne sensibilisation des personnes afin d’éviter unéchec : « Il y a déjà eu des projets de vélomoteurs partagés dans la région, et les vélomoteurs restaientinutilisés. »
1. La Calestienne
– adresse : Faubourg Saint-Martin, 22 à 5570 Beauraing
– tél. : 082 71 10 52
– site : www.calestienne.be
2. Florennes Titres-services :
– adresse : place de la Chapelle, 1/11 à 5620 Florennes
– tél. : 071 68 78 12
– site : www.tsflorennes.be
3. Espaces
– zoning de Lienne, 7 à 5590 Ciney
– tél. : 083 21 50 13
– site : www.espaces.be