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Regard critique · Justice sociale

Edito

Deux Editos pour le prix d’un

Comme toutes les deux semaines, arrive le moment de choisir le sujet de l’Edito. En général, nous ne devons pas chercher bien loin pour trouver un sujet qui nous inquiète, nous agace, nous donne envie de réagir à chaud. Mais cette semaine, mazette, l’actualité nous a vraiment gâtés! À l’heure où le gouvernement wallon boucle son budget dans une certaine discrétion, les communiqués émanant du monde associatif s’enchaînent pour alerter la presse et l’opinion sur les restrictions budgétaires qui menacent le secteur. Notre directrice était déjà en train d’aiguiser sa meilleure plume pour dénoncer ces mesures. Mais au moment de publier ce billet d’humeur, c’est une autre information tout aussi indigeste qui tombait dans les rédactions. Quelque 135 jours après les élections, la coalition suédoise sort son projet d’accord de gouvernement soufflant un vent glacé d’austérité sur le pays.

The business of life, 1936

Comme toutes les deux semaines, arrive le moment de choisir le sujet de l’Edito. En général, nous ne devons pas chercher bien loin pour trouver un sujet qui nous inquiète, nous agace, nous donne envie de réagir à chaud. Mais cette semaine, mazette, l’actualité nous a vraiment gâtés! À l’heure où le gouvernement wallon boucle son budget dans une certaine discrétion, les communiqués émanant du monde associatif s’enchaînent pour alerter la presse et l’opinion sur les restrictions budgétaires qui menacent le secteur. Éducation permanente, régies de quartier, santé de proximité, animation culturelle, lutte contre la délinquance ou la pauvreté, prévention en tout genre, les mesures devraient concerner les milieux associatifs ou socioculturels, tous domaines confondus, relaie Le Soir du 3/10/2014 dans un article au titre évocateur: «Vent de panique dans l’associatif». Sans parler des rumeurs qui pèsent sur l’avenir des points APE (Aides à la promotion de l’emploi)…

Notre directrice était déjà en train d’aiguiser sa meilleure plume pour dénoncer ces mesures: «Si on avait été naïf, on aurait pu se dire que, vu l’urgence sociale, vu la dégradation des conditions de vie d’une bonne partie des Belges, ce ne serait quand même pas sur le social – et donc sur le secteur non marchand – qu’on réaliserait les économies nécessaires à nous assurer un feu vert de l’Europe et un bon classement à la tête des États raisonnables.»

Mais au moment de publier ce billet d’humeur, c’est une autre information tout aussi indigeste qui tombait dans les rédactions. Quelque 135 jours après les élections, la coalition suédoise sort son projet d’accord de gouvernement soufflant un vent glacé d’austérité sur le pays: d’ici à 2018, il faudra économiser la coquette somme de 11,2 milliards d’euros. 30% de ces efforts porteront sur les rentrées, 70% sur les dépenses: soit une coupe de 7,9 milliards d’euros dans les dépenses publiques, dont 5,1 milliards plus spécifiquement dans la sécurité sociale, à réaliser sur les trois années à venir. Au menu des réjouissances: réductions des effectifs dans la fonction publique, limitation de la hausse des soins de santé, saut d’index, allongement de l’âge de la pension à 67 ans à l’horizon 2035 (une mesure qui ne figurait dans le programme d’aucun des partis), etc. Pour redorer la compétitivité salariale, la suédoise annonce une baisse des charges de 3,5 milliards d’euros pour les entreprises, qui sera financée grâce au saut d’index et à une réduction du précompte.

Dans son livre à succès Le capital au XXIe siècle
, Thomas Piketty retrace l’histoire des revenus et des patrimoines sur trois siècles. «Pendant les Trente Glorieuses, on a pu croire que l’évolution du capitalisme allait vers une réduction des inégalités. Or on constate aujourd’hui que la période de convergence des revenus au XXe siècle n’était qu’une parenthèse; l’accumulation du patrimoine s’accentue depuis une trentaine d’années, et nous ramène à une situation plus proche de celle du XIXe siècle.» À lire les réactions des syndicats et de l’opposition sur le préaccord de gouvernement, on n’est pas loin de croire que la suédoise a inventé la machine à remonter le temps…

Sandrine Warsztacki

Sandrine Warsztacki

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