Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Du beau projet au mauvais plan ?

Bilan contesté de la politique du logement à Bruxelles

29-05-2009 Alter Échos n° 274

Le RBDH fait le bilan de la politique bruxelloise en matière de logement1. L’action de la ministre est notée 4/10. Bon projet mal réalisé, conclutl’association.

Rassemblant une cinquantaine d’acteurs de terrain de première ligne, le Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat (RBDH) affiche une forte déception faceau bilan de l’action gouvernementale depuis 5 ans2. « Quand nous avons découvert l’accord de 2004, nous étions plutôt séduits », nousexplique Nathalie Delaleeuwe, porte-parole du RBDH. Mais l’équipe a rapidement déchanté. Cible claire : la secrétaire d’État au Logement qui,malgré des crédits renforcés, aurait mal géré son dossier. « Notre déception vient surtout du manque de résultats. Le plan « logement » aété mal préparé, manquait de vision et sa mise en œuvre a manqué des plus élémentaires compétences. La ministre n’a pas bienanalysé les intérêts des acteurs, a mal évalué les réticences, notamment des communes, et elle a changé plusieurs fois de stratégie pour finirpar se contenter de faire des campagnes d’effets d’annonce. » Difficile d’être moins nuancé !

Un triple baromètre

Le RBDH a choisi trois baromètres pour évaluer la politique du logement : l’augmentation du nombre de logements sociaux, l’encadrement des loyers et l’instaurationd’une allocation-loyer. Les sociétés de logement sont aussi pointées du doigt. Un tiers d’entre elles n’a pas construit de nouveaux logements sociaux depuisquinze ans. L’encadrement des loyers n’a pas évolué. Mais là, il est difficile d’en faire le reproche au gouvernement régional puisque c’est unematière fédérale, à ce stade. Enfin, l’allocation-loyer a fait l’objet d‘inscriptions budgétaires pour des expériences dans les logementscommunaux dès 2007, mais l’arrêté introduisant la mesure n’a été pris que le 6 mars 2008. « Quant à l’évaluation de la mesureprévue début 2009, elle n’a même pas eu lieu », tempête le mouvement.

Plus de 15 000 logements vides

Le constat sur le nombre de logements vides est évidemment inquiétant. Plus de 15 000 sont recensés grâce au débit (proche de la nullité) descompteurs d’eau. « Ces chiffres sont sans doute plus importants. Ce sous-investissement dans le bâti est une situation scandaleuse », tempête le RBDH, qui a mis sur piedune « plate-forme logements vides »3. « Les objectifs sont de développer les collaborations avec les communes pour appliquer la taxation sévère votée par leParlement bruxellois. Pour cela, les communes doivent mettre des services spécifiques sur pied », commente-t-il encore. Mais l’ordonnance en question n’est-elle pas avanttout un incitant pour remettre les logements sur le marché, notamment grâce aux agences immobilières sociales ? « On est passé de 1 200 à 2 000logements disponibles par ce biais en cinq ans. C’est incontestablement positif », concède le RBDH.

Le cabinet de la ministre, de son côté, tape sur le clou. « Le budget régional consacré aux AIS est passé de 2 650 000 euros en 2005 à4 888 000 euros en 2009, soit une augmentation de 84 %. Le nombre de logements gérés en AIS a plus que doublé pour atteindre plus de 2 200 unités», indique le bilan de la ministre Dupuis.

Les bureaux vides sont aussi un problème souvent évoqué. « La ministre s’est contentée de commander une étude. Mais depuis, rien de concret n’asuivi… », critique le RBDH. L’étude démontrait un potentiel de 3 200 logements.

Alors, ces 20 000 logements potentiellement disponibles à Bruxelles ne constituent-ils pas une priorité à investiguer lors de la prochaine législature ? Enréaffecter le quart équivaudrait au plan coûteux dont les effets tardent à sortir de terre au risque et pourrait être détricoté par le prochaingouvernement. En tout cas, le risque existe et le RBDH ne s’y trompe pas. « La prochaine législature doit reprendre les mêmes objectifs mais mieux les appliquer ! »,conclut-il.

1. Celle-ci est détaillée dans la revue Art.23 n° 34, « La politique du Logement à Bruxelles 2004-2009 : notre évaluation », 60 pp., à consulter sur
www.rbdh-bbrow.be/IMG/pdf/article_23_34_basse-def.pdf

2. Le bilan peut être consulté sur http://francoise-dupuis.skynetblogs.be

3. À voir : www.rbdh-bbrow.be/spip.php?article653

Jacques Remacle

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