Active depuis 30 ans, la Compagnie namuroise Hypothésarts1 a lancé en 2008 le concept du théâtre agora. Accessible à tous, adaptables à tout type de lieu, ces pièces servent de point de départ à des débats citoyens, entre autres dans les écoles
L’asbl Hypothésarts se niche dans la rue des Brasseurs, au fond d’une cour pavée à l’ancienne, à laquelle l’on accède après être passé sous un vaste porche. Mais la plupart de leurs réalisations sont beaucoup plus accessibles au public. Cette compagnie théâtrale littéraire, reconnue en Arts de la scène, a développé parmi ses activités le « théâtre agora ». Plus mobile, cette forme de théâtre peut se jouer dans tous les lieux publics : écoles, associations, bibliothèques publiques (un partenariat existe avec celles de la Province de Namur). Parmi les formes que l’on pratique, c’est la plus diffusée et la plus accessible à tous », explique Jeanne Henrion, attachée à la production. Tout en gardant le cap vers l’excellence artistique avec des pièces plus littéraires, l’asbl a la volonté de créer un pont entre éducation permanente et théâtre. Le principe est simple, il consiste à utiliser le spectacle comme outil pour aborder des thématiques citoyennes, organiser des débats… Le tout sans artifice, avec un décor minimaliste et en pratiquant un tarif démocratique.
Pour Hypothésarts, les pièces – adaptations de textes littéraires – « s’inscrivent dans une volonté de chercher ensemble à comprendre la société, ses enjeux et ses implications afin de pouvoir y vivre en autonomie ».
Des débats nourrissants
Pour Colette Van de Velde, administratrice déléguée et attachée au secteur Education permanente de l’asbl, les rencontres avec le public sont toujours étonnantes. « Quand les délibérations prennent bien, il y a toujours une émulation entre les participants. Avec « Le cœur des enfants léopards », qui traite de la violence chez les jeunes, il y a des fois dans les écoles des partages de paroles entre les jeunes, qui permettent d’élever le débat, qui s’évadent du spectacle. Quand on arrive à cela, on peut se dire qu’on a gagné. » Jeanne Henrion, elle, se souvient d’un débat ayant suivi « Venant du cœur » sur le thème de la perte d’emploi. Les jeunes ne voyaient pas forcément leur avenir de manière noire. Ils se posaient aussi des questions pertinentes, comme : « Est-ce que je dois répondre à un objectif de carrière ou est-ce que je dois faire ce que j’ai envie de faire pour être bien ? »
Au-delà des débats, l’intention est aussi de donner goût au théâtre à travers une aventure collective, qui cimente l’équipe. « Le collectif est indispensable pour s’observer, se scruter, insiste Colette Van de Velde. C’est important de construire ensemble un projet comme celui-ci. De plus, chaque débat nourrit et précise le projet. »
• « Venant du coeur », de Nicole Malinconi, évoque la perte d’emploi.
• « Ecris ta source », de Franck Adriat, s’adresse aux élèves entre 10 et 12 ans, et invite à l’écriture d’une histoire.
• « Le cœur des enfants léopards », de Wilfried N’Sondé, traite de la violence chez les jeunes.
• « Une Antigone », de Michel Tanner, parle de démocratie et de liberté de penser
• « La langue des papillons », de Manuel Rivas, se situe au début de la guerre d’Espagne et aborde les questions du totalitarisme et de la montée des extrêmes.