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^’est à l’initiative du ministre wallon des Affaires sociales et de la Santé, Thierry Detienne1, qu’un appel à projets avait été lancé début 2001pour initier des écoles de consommateurs en Wallonie. Aujourd’hui, 105 projets ont été retenus par le cabinet, la Direction générale des Affaires sociales et de laSanté, l’Observatoire du crédit et de l’endettement avec les centres de référence de chaque province. Une journée de formation a marqué le démarrageofficiel des écoles le 7 septembre dernier et une rencontre des écoles eut lieu le 14 mars à l’Arsenal à Namur (organisée par l’OCE).
Les écoles de consommateurs se veulent des « lieux de solidarité et des lieux de paroles possibles pour des personnes qui n’ont pas l’habitude de prendre la parole, des lieux deconstruction et de mise en évidence des savoirs individuels en vue de les rendre collectifs, des relais entre particuliers et institutions, des lieux de découverte de lasociété. »
Nadine Fraselle, directrice de l’Observatoire du crédit, donne son analyse : « Il y a une dynamique de la consommation en amont du surendettement. Ces écoles favorisent leséchanges de savoirs. Les savoirs sont produits par les personnes elles-mêmes, il n’y a pas un expert qui détient un savoir. Ces écoles permettent aussi de relativiser lesproblèmes car les personnes ne sont plus seules face à leurs problèmes. Elles ont l’occasion de réfléchir collectivement sur les difficultés qu’ellesrencontrent ou les blocages qu’elles éprouvent au niveau de la consommation au sens large vis-à-vis des banques, des sociétés et même des services publics. Ellesapprennent à redevenir sujets et acteurs et à choisir leurs modèles de consommation face à la publicité, etc. Ces écoles se situent à l’interfaceentre l’exclusion et la consommation. «
Les écoles se créent au départ de groupements d’éducation permanente, maisons de jeunes, CPAS, services sociaux de quartiers etc. Soit que le travail sur la consommationpréexiste avant la création de l’école, soit que le travail démarre de zéro et le recrutement du public s’y avère plus fastidieux.
Résultats de l’enquête
Une enquête a réalisé la topographie du public des écoles de consommateurs : sur 653 réponses de participants, on constate un pourcentage de 70% de femmes. Il y a37,6% de célibataires, 21,3% de mariés. En ce qui concerne le type de ménages, les isolés représentent 44,1%, les couples sans enfants 21,9%, et les famillesmonoparentales : 19,5%. Le niveau de scolarité révèle un pourcentage de 23,4% de participants sans diplôme, 17,7% possédant un certificat d’études primaireset 30% possédant un diplôme d’études inférieures. Les bénéficiaires du minimex et d’allocations de chômage représentent les 40% de la population.Quant aux ressources, 84% des participants disposent de moins de 50.000 FB mais le profil général se répartit entre deux classes de revenus, de 20.001 FB à 30.000 FB et de30.001 FB à 40.000 FB.
Il est souligné que les écoles sont difficilement accessibles aux personnes ayant une activité professionnelle car les séances ont lieu pour la plupart du temps enjournée.
Les animateurs des écoles de consommateurs ont pu bénéficier de 4 journées de formation sur le thème de « la conduite de groupe et de la facilitation del’émergence de projets » pour apprendre à faire émerger chez les participants les questions et les thèmes à débattre. De surcroît, ellesbénéficient du travail de coordination et d’intervision des centres de référence, particulièrement apprécié dans des territoires vastes comme enprovince de Luxembourg.
Il est constaté que certaines écoles reposant sur de petites associations s’essoufflent du fait de l’ampleur de l’énergie que ce projet exige. Et un partenariat estsouhaité chez certaines dont le public est trop parsemé. Un besoin de formation continuée est ressenti particulièrement pour apprendre à ne pas pratiquerl’information descendante et ne pas prendre les participants pour des élèves mais au contraire à favoriser les échanges horizontaux.
Fut encore soulevé le danger d’adhésion forcée des participants, notamment dans le cadre des CPAS et de la future loi Van de Lanotte vis-à-vis des minimexés.D’autre part est étudiée la problématique de la mobilité en zones rurales.
Question budget, 5.700.000 FB (141.299 euros) ont été affectés au total pour les écoles de consommateurs.
1 Cabinet du ministre des Affaires sociales et de la Santé, 4, rue des Brigandes d’Irlande à 5100 Jambes – tél.:081/323 411 – fax.:081/323 429