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Éducation, pères et repères

Hommes et femmes, semblables face à l’éducation de leurs enfants ? C’est le postulat de l’équipe de l’asbl bruxelloise flamande Link=Brussel et duCentre d’intégration Foyer1 qui, depuis trois ans, réunit chaque mois un groupe de pères de toutes origines autour de cette thématique.

01-02-2007 Alter Échos n° 222

Hommes et femmes, semblables face à l’éducation de leurs enfants ? C’est le postulat de l’équipe de l’asbl bruxelloise flamande Link=Brussel et duCentre d’intégration Foyer1 qui, depuis trois ans, réunit chaque mois un groupe de pères de toutes origines autour de cette thématique.

« Les activités de type émancipatoire sont généralement proposées aux femmes, les travailleurs sociaux sont souvent des femmes, les thèmes choisissont orientés vers un public de femmes, constate Dimitri Thienpont, le responsable du projet, or, les hommes ont aussi leurs problèmes. » Une petite enquête dans le quartierdu centre ville où est implantée l’association le confirme. « Les hommes sont de plus en plus ouverts à de telles initiatives, le débat etl’émancipation des hommes ne sont plus tabous », ajoute Kalifa Diaby, responsable de la maison d’émancipation (pour hommes et femmes) Camelia dont dépend Linket qui co-anime ce groupe. Régulièrement, des pères se présentent à eux avec des convocations de l’école pour qu’on les leur lise, maishélas souvent aussi après la date de la réunion. D’un point de vue humain, ils éprouvent des difficultés par rapport à l’éducation desenfants, par rapport à l’école. Ils ne connaissent pas les services qui existent. « Nous rencontrons une nouvelle génération de pères qui veulents’occuper davantage de leurs enfants, fait remarquer Dimitri Thienpont, ils veulent établir très tôt un lien avec eux. Ils voient des jeunes qui tournent mal et ne veulentpas de cela pour les leurs. »

Tous concernés

Des constats, un manque, des questions et un lieu disponible… le groupe s’est constitué sous forme de rencontres avec des professionnels de l’éducation, de lapsychologie. « Les pères ont besoin d’un lieu de parole, insiste Kalifa Diaby, ils ont assez peu de repères, ils sont en recherche de nouveaux modèles qui ne sont pasnécessairement liés à leurs origines. » En fait, quelles que soient leur culture d’origine, leur éducation, leur religion et leur profession, ils se posenttous les mêmes questions et, si les valeurs diffèrent dans chaque famille, les pères partagent néanmoins les mêmes inquiétudes. « Les comparer et enparler a soudé le groupe », remarquent les animateurs. Une dizaine de pères participent à ces rencontres mensuelles, ils sont originaires du Maroc, duSénégal, de la Guinée, du Sierra Leone, du Congo, de Belgique, d’Iran, d’Espagne, des États-Unis… Ils parlent français ou néerlandais, peuou prou. Ils ont entre vingt et quarante ans pour la plupart et leurs enfants fréquentent l’école primaire. « Cette idée que les hommes issus de l’immigrationne sont pas intéressés par l’éducation des enfants tombe. On ne veut pas rater ce train-là », disent les deux animateurs.

La première rencontre a tourné autour des liens entre l’éducation qu’ils ont eux-mêmes reçue et celle qu’ils veulent donner à leursenfants, les différences d’époque et les besoins d’aujourd’hui, le contexte dans lequel les enfants grandissent. Un thème en appelle un autre : la violence, lajalousie, l’agressivité, les limites, les relations mère/père, les lignes de conduite qu’il faut partager… « Au départ, nous avonsdélibérément invité des experts masculins issus aussi de l’immigration, explique Dimitri Thienpont. C’était inhabituel pour nos participants de voir unhomme s’occuper de psychologie et d’éducation, de voir un homme de leur religion qui en a fait son métier. »

Les pères ne viennent pas seulement du quartier mais aussi de Molenbeek, de Schaerbeek, du quartier Anneessens. Ce qui laisse penser qu’un tel projet pourrait trouver écho dansd’autres coins de la ville. C’est d’ailleurs ce que souhaitent ses deux promoteurs. « Nous dépensons beaucoup d’énergie à rencontrer desassociations qui désirent mettre des groupes semblables sur pied et nous les y encourageons », disent-ils. Car à Link=Brussel, la motivation est déterminante. En effet,aucune aide structurelle n’est allouée à cette activité. Cela ne les a pas empêchés de construire et d’en être récompensé. Le projetde groupe interculturel de pères a reçu en 2006 le prix Hugo Van Mierlo, un prix créé dans le cadre de la Fondation Roi Baudouin afin d’améliorer lesrelations entre les pères et leurs enfants.

1. Link=Brussel/Integratiecentrum Foyer, rue Marcq, 17 à 1000 Bruxelles – tél. : 02 501 11 40 – courriel : dimitri.thienpont@foyer.be.

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