Le mosquito, répulsif anti-jeunes fait à nouveau parler de lui. L’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe recommande à l’unanimité aux Étatsd’interdire l’utilisation de cet appareil. Un avis non contraignant que certains vont utiliser pour relancer le débat.
Difficile de faire fuir des groupes de jeunes archi-bruyants avec de la citronnelle. C’est pourquoi Howard Stapleton eut l’incroyable idée, en 2005, d’inventer un répulsifanti-jeunes, généralement connu sous le nom de « mosquito ». La petite machine envoie des signaux sonores haute fréquence audibles par la plupart des jeunes de moinsde vingt ans. Ce dispositif a connu d’emblée un grand succès au Royaume-Uni, puis s’est répandu, non sans débats animés, en France, en Suisse, aux Pays-Bas et enBelgique. Aucun de ces pays n’a formellement interdit le mosquito. À l’heure actuelle, on estime que 5 000 mosquitos sont en usage… dont 3 500 au Royaume-Uni.
Un acteur de taille s’est joint au concert de protestations contre le mosquito : l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Les parlementaires ont voté àl’unanimité, le 25 juin, une recommandation, adressée aux quarante-sept États membres, leur enjoignant d’interdire l’utilisation de ces appareils. Ils mettent en cause « undispositif extrêmement nocif qui constitue une discrimination à l’égard des jeunes, les traitant comme des oiseaux ou des insectes indésirables ». Certes, les avis duConseil de l’Europe ne sont pas contraignants ; certes, cette institution n’a plus le lustre d’antan. Mais le Conseil de l’Europe reste une référence en matière de droits del’Homme, et ses avis peuvent être habilement utilisés pour faire pression sur ceux qui décident : les États ou les institutions européennes.
C’est ce qu’essaie de faire Marc Tarabella (PS), député européen1. Il n’a jamais aimé ces répulsifs anti-jeunes et avait tenté, lorsqu’ilétait encore ministre de la Jeunesse en Communauté française, de les faire interdire, au niveau européen. Une initiative qui n’alla pas bien loin. Marc Tarabella nousexplique son engagement contre le mosquito : « Il y a deux aspects qu’il faut mettre en avant. Tout d’abord, la liberté de circuler est atteinte par ce dispositif qui fustige unecatégorie de population. L’autre aspect est lié à la santé. On ne sait pas exactement quel impact ont ces sons sur des enfants en bas âge, par exemple ».À la suite du vote du Conseil de l’Europe, Marc Tarabella souhaite relancer le débat au niveau européen et a déjà interpellé le Conseil des ministres et laCommission : « La Commission européenne dit toujours « c’est aux États membres de décider d’une interdiction ». Mon premier pas est de leur demander si cette attitude n’estpas en contradiction avec la décision du Conseil de l’Europe. Je veux ensuite savoir si la Commission a des informations sur la nocivité du produit. Ensuite, je compte relancer letravail des parlementaires européens sur la question. »
« Contraire aux droits humains »
Des initiatives qui raviront certainement Giuseppe Porcuro, secrétaire général du Forum européen de la jeunesse. En 2008, le Forum avait lancé diverses actionspour tenter de faire interdire le mosquito, estimant que cet appareil était contraire aux droits humains. Leur campagne a clairement contribué à l’adoption de larésolution par le Conseil de l’Europe. « En 2008, notre première cible institutionnelle était le parlement européen, se souvient Giuseppe Porcuro. Nous voulions unedéclaration écrite de parlementaires, mais trop peu avaient signé. Pendant deux ans, les campagnes ont surtout été relayées au niveau national. Le Conseil dela jeunesse britannique s’est beaucoup impliqué ; et puis il y a eu cette année un rapport du Conseil de l’Europe, suivi du vote de l’assemblée parlementaire. Même sice n’est pas contraignant, nous avons accueilli très favorablement ce texte. Cela nous encourage à poursuivre notre travail contre le mosquito, d’abord au niveau national, puis,pourquoi pas, au niveau européen. »
Lorsqu’on téléphone à la Commission européenne (John Dalli, commissaire à la Santé) la réponse de l’attaché de presse n’est pas des pluslimpides : « Sachez que ce n’est pas de la compétence de l’Union européenne, c’est aux États de prendre des décisions en la matière. Néanmoins,votre demande circule entre les bureaux. C’est peut-être la Citoyenneté qui est compétente, ou la Jeunesse, on vous rappellera. »
1. Marc Tarabella, Parlement européen :
– adresse : rue Wiertz, ASP . 12 G 157 à 1047 Bruxelles
– tél. : 02 284 74 44
– courriel : marc@tarabella.eu
– site : www.tarabella.eu
2. Forum européen de la jeunesse :
– adrsse : rue Joseph II, 120 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 230 64 90
– site : www.youthforum.org