Selon une étude du Hiva, les immigrés qui ont suivi un parcours d’intégration trouvent plus facilement du travail. Mais, une fois le parcours terminé, ils n’ont plusbeaucoup de contacts avec des autochtones et leur apprentissage de la langue ne progresse plus.
C’est en 2004 que le décret sur les parcours d’intégration (Inburgering) est entré en vigueur en Région flamande. Cette année-là, 6 245immigrés s’étaient inscrits dans un des bureaux d’accueil pour y suivre un module composé de cours de langue néerlandaise, de cours d’orientation sociale (ouintégration civique) et d’orientation professionnelle. Quatre ans plus tard, en 2008, ils n’étaient pas moins de 20 411.
L’Onderzoeksinstituut voor Arbeid en Samenleving (Hiva) de la KUL s’est déjà, par le passé, livré à plusieurs enquêtes d’évaluation de cettepolitique mais pour la première fois, il a aussi interrogé les intéressés eux-mêmes. Ceux-ci sont autant d’hommes que de femmes – même si cetéquilibre n’est pas systématique, loin s’en faut, lorsqu’on l’examine nationalité par nationalité. Les migrants turcs et marocains restent par ailleurs nombreux mais sontrejoints par de plus en plus de primo-arrivants en provenance de pays d’Europe de l’Est et d’Afrique subsaharienne. En majorité, tous sont satisfaits des bureaux d’accueil et sont convaincusde l’utilité des cours, y compris ceux de langue néerlandaise. Les cours en question leur ont même permis de se construire un petit réseau de connaissances dans leur paysd’adoption même si, par la force des choses, celui-ci est surtout composé de primo-arrivants comme eux. De plus, les cours sont utiles pour décrocher un emploi. En moyenne,33 % des primo-arrivants ont du travail alors que, parmi ceux qui ont une attestation de parcours d’intégration, le taux monte à 44 %. Mais curieusement, ceux qui ont unemploi sans avoir suivi de parcours ont en moyenne un salaire plus élevé que les autres. Autres atouts procurés par les cours : une nettement meilleure connaissance destechniques de recherche d’emploi, des diplômes, du fonctionnement du système de santé ou du système judiciaire. Les primo-arrivants qui n’ont pasbénéficié du système mettent plus longtemps à comprendre le système et sont aussi parfois incorrectement informés.
Revers de la médaille
Mais la médaille du système a aussi son revers. Selon les enquêteurs du Hiva, le niveau de connaissance de la langue de la moitié de ceux qui ont suivi un parcoursd’intégration « ne dépasse pas le niveau de la survie ». Alors que ceux qui n’ont pas eu de cours s’en tirent nettement mieux de ce point de vue.
Un problème relevé par les enquêteurs est que les cours sont les mêmes pour tout le monde. Le médecin diplômé d’origine iranienne et la femmeanalphabète issue des hauts-plateaux d’Afghanistan reçoivent identiquement la même formation, calibrée pour le primo-arrivant moyen. Autre pierre d’achoppement :après la fin du parcours, beaucoup de participants n’ont plus le moins contact avec des Belges de souche et retombent dans l’univers fermé de leur communauté d’origine.
Le ministre en charge de l’Intégration, Geert Bourgeois (N-VA), souhaite s’attaquer aux deux problèmes : créer des cours différents pour les primo-arrivantsdiplômés de l’enseignement supérieur et aussi faire quelque chose pour garder ceux qui ont terminé leur parcours d’intégration en contact avec lasociété flamande. « Peut-être devrions-nous les orienter davantage vers les clubs de sport ou les mouvements de jeunesse. Peut-être les communes devraient-elleségalement prévoir un accueil spécifique pour les primo-arrivants », estime-t-il. Il envisage enfin également la mise en place d’un système de tutorat «pour s’assurer de ce que les nouveaux venus trouvent leur place dans la société ». Les auteurs, eux, verraient plutôt une approche ciblée des parcours selonl’âge ou la provenance géographique des participants, vu les différences de taux de réussite des uns et des autres. En moyenne, quatre sur cinq finissent le cycle avecsuccès.
D’après De Morgen et De Standaard