N’est-ce pas celui qui porte la chaussure, plus que le cordonnier, qui est capable de dire si elle blesse et où elle blesse? À cette question, le psychologue et philosophe américain John Dewey répondait par l’affirmative. Il utilisait cette métaphore pour expliquer que la démocratie devait parvenir à ce que les individus élaborent des connaissances sur leurs expériences sociales, sur leurs conditions d’existence en vue de les comprendre et, quand elles sont problématiques, les transformer.
C’est en substance le processus qui a inspiré et qui anime depuis sa création l’École de transformation sociale, dispositif de formation participatif à destination de celles et ceux qui gravitent autour du secteur social, car ils y travaillent, l’étudient ou en utilisent les services.
Même si cette hétérogénéité d’acteurs implique des points de vue, des expertises et des expériences multiples, on leur trouve toutefois des problématiques communes. Tous sont confrontés à la fatigue, à la difficulté d’entrevoir un horizon plus juste et aux désillusions de l’action sociale, creusées par cette pandémie sans fin.
C’est ainsi que travailleurs de terrain, chercheurs, dirigeants d’associations ou de structures sociales, politiques et citoyens ont investi l’ETS qui permet d’abord de s’arrêter, de souffler. Mais aussi de troquer les sabots trop lourds du quotidien contre les pantoufles douillettes, la chaise de bureau pour les coussins, le colloque singulier pour le cercle de parole.
Il s’agit aussi de produire – au fil des journées – un savoir et un récit commun, qu’on pourrait aussi qualifier d’«enquête» en marchant sur trois problématiques sociales qui se sont amplifiées avec la pandémie. 1) Comment assurer un logement de qualité et durable pour tous? 2) Précarité alimentaire: de la gestion de l’urgence à la justice sociale. Quels enjeux et quelles alternatives? 3) Quel est le rôle de l’économie informelle en temps de crise?
Pour y arriver, il a d’abord fallu éclaircir ces enjeux, les objectiver, en souligner les nœuds, ou les impensés, pour chacun des trois chantiers thématiques proposés.
Notre équipe de rédaction a suivi ces laboratoires. Nous nous sommes imprégnés des échanges. Nous sommes allés, durant les pauses café et autres échanges informels, creuser davantage certaines questions auprès de ces experts par l’expérience. Nous avons récolté d’autres témoignages en dehors des sessions de travail de l’ETS. À partir de nos observations, nous avons, avec les participants, contribué à l’identification/formulation d’un message et à la recherche d’un destinataire à qui l’adresser.
Comme autant de «traces» de ces chantiers, nous vous proposons:
- des podcasts qui documentent le processus et proposent un récit choral de l’enquête qui mène à chacun des messages. Vous pourrez les écouter sur notre site et celui du Forum Bruxelles contre les Inégalités à partir de mars 2022. alterechos.be et/ou sur https://soundcloud.com/agence-alter
- des articles qui permettent de prolonger ou de creuser les réflexions. Télécharger le PDF via ce lien.
L’ETS est un projet co-organisé par le Forum – Bruxelles contre les inégalités, Bruxelles Laïque, le Conseil bruxellois de coordination sociopolitique, la Fédération des services sociaux, HE2B–IESSID et l’Agence Alter. Avec le soutien de la Fondation CERA, la COCOF, la COCOM, la Fédération Wallonie-Bruxelles.