« Il n’y a pas d’alternative ». Ce mantra répété inlassablement par Bart De Wever a piqué le groupe Ecolo/Groen au vif. Non, l’épure gouvernementale n’est pas une fatalité, répond le duo écologiste de l’opposition. Mardi, les chefs de file des partis verts ont présenté un véritable « budget de rechange », fruit de trois semaines de travail acharné. Une alternative traduite immédiatement en propositions déposées à la Chambre.
Les Verts ont élaboré leur budget avec les mêmes critères que le gouvernement Michel : mêmes objectifs de déficit global, même rythme d’efforts structurels, mêmes prévisions de croissance et d’inflation, avec un retour à l’équilibre en 2018… Mais la manière diffère. Le budget « sauce wasabi » expurge celui du gouvernement d’une liste de mesures, emmenées par le saut d’index, le report de la pension, les coupes dans la SNCB ou encore les restrictions visant les crédits-temps et les allocations sociales. Par prudence, Ecolo/Groen ont aussi intégré un « buffer conjoncturel » d’1,5 milliard en 2015 et 2,54 milliards en 2016.
Taxer le capital
Au cœur des propositions vertes : un « shift fiscal », quasi inexistant dans l’accord du gouvernement. Soit le glissement de la fiscalité sur les revenus du travail vers d’autres revenus. En entrée, les verts s’attaquent à la spéculation, en s’appuyant sur un cadastre des fortunes unique et progressif. L’idée est de taxer progressivement (entre 25% et 50%) le rendement généré par la part des avoirs dépassant le patrimoine du ménage médian. « Seuls 15% des Belges les plus riches devront contribuer davantage qu’aujourd’hui », estiment les Verts. Les autres seraient préservés. Ce prélèvement sur le patrimoine devrait abreuver les caisses de l’Etat de 3,5 milliards d’euros, en 2018.
Ecolo/Groen prévoit aussi une contribution plus élevée du secteur financier : 500 millions, au lieu des 100 à 150 escomptés par le gouvernement Michel. Notamment par une réforme de la taxe boursière et la taxation des plus-values réalisées dans l’année, selon une logique dégressive: plus longtemps l’actif a été détenu, plus légère est la taxe. Toujours au niveau de la fiscalité, les Verts suggèrent de réduire les charges pour les employeurs, via une meilleure progressivité des cotisations sociales. Et, d’autre part, de diminuer l’impôt des sociétés. Au total, les charges sur le travail seraient réduites de 3,2 milliards d’euros, soit plus que le budget du gouvernement Michel, tandis que le financement de la sécurité sociale serait garanti. 300 millions seraient, par ailleurs, issus de la lutte contre la fraude fiscale en 2015. Une mesure qui rapporterait 1,2 milliard en 2018.
Au total, en suivant le chemin budgétaire tracé par l’opposition écologiste, les recettes fiscales augmenteraient de 8,5 milliards d’euros d’ici 2018 contre 2,4 milliards dans l’épure du gouvernement Michel.
En savoir + :
Budget pluriannuel alternatif Ecolo/Groen : http://www.ecolo.be/IMG/pdf/budget_tiga_ppt_f.pdf
Tableau de comparaison : http://www.ecolo.be/IMG/pdf/budget_tiga_2015_-_2018_vdeff.pdf