Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Carte blanche

Écologie: «Éveiller les consciences et prendre conscience de nos contradictions»

Ces articles ont été écrits par des jeunes lors d’ateliers Scan-R, le dispositif média innovant d’accompagnement à l’expression des 12-30 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles.

© shutterstock

ÉCOLOGIE: ÉVEILLER LES CONSCIENCES EN LIEU ET PLACE DE CHERCHER DE LA COHÉRENCE

Fortuné, 24 ans, Liège

L’être humain est incohérence par nature

Il y a à peu près trois ans, je me suis retrouvé devant mon incohérence lorsque je me suis rendu compte que j’étais animé par des valeurs écologiques et des tendances consuméristes. En effet, comme la majorité des jeunes de mon âge, la question écologique m’était importante. Cependant, l’influence de la société de consommation me poussait à accumuler des choses futiles qui in fine ne m’étaient pas nécessaires. Ainsi, j’en suis arrivé à la conclusion que ma relation aux biens matériels devait changer. Ce changement ne pouvait se produire qu’à la condition qu’un changement de mentalité ait également lieu.

Ce changement effectué, il me restait seulement à réduire ma consommation progressivement à une consommation raisonnable. Ainsi, le changement premier fut la réduction d’achat de vêtements et chaussures. Je me suis mis à acheter des vêtements qui duraient plus longtemps, de meilleure qualité et produits dans le respect du droit du travail. Malgré ce changement, au regard de la consommation, persistent des comportements qui sont en totale contradiction avec les valeurs écologiques. En effet, il m’arrive assez souvent d’aller manger dans les grandes chaînes de fast-food, tout en sachant que cela est mal.

Étant par nature un insatisfait, mes contradictions m’empêchaient d’avancer vers ce chemin de changement, car je me trouvais hypocrite du fait de défendre le mode de vie écologique, et en même temps participer à la société de consommation.

Éveiller les consciences et prendre conscience de nos contradictions.

Après mûre réflexion sur mes contradictions, j’en suis arrivé à la conclusion que l’incohérence dans mon comportement ne devait pas constituer un frein pour mon changement, mais un moteur. «Moteur», car c’est précisément grâce à ces contradictions que je reste éveillé quant au chemin qu’il me reste à faire pour atteindre mon objectif.

Ensuite, l’éveil des consciences doit également nous permettre d’être conscients que le chemin, le parcours n’est pas le même pour tout un chacun. En effet, selon les situations socioéconomiques, les changements seront de différentes intensités. Par exemple, il m’est possible d’acquérir des vêtements d’une certaine qualité et, de ce fait, plus chers. A contrario, d’autres personnes ne pourraient pas faire de même. Donc, l’important est que nous agissions en ayant conscience de l’impact écologique de nos actes et essayions de le réduire au mieux selon nos moyens.

En somme, je nous invite à éveiller les consciences à la valeur écologique en lieu et place de chercher de la cohérence dans les actes de ceux qui veulent atteindre cet objectif.

 

DE L’ÉCOLOGIE. NOUS SOMMES TOUS RESPONSABLES DE NOTRE AVENIR

Martin, 21 ans, Liège

«Nous sommes responsables de ce qui nous unira demain.»

Cette phrase de Simone Veil est d’autant plus vraie pour la question écologique. En effet, nous sommes tous individuellement responsables de ce qu’il adviendra de notre planète bleue et des milliards d’âmes qui l’habitent dans les années à venir. C’est pourquoi nous devons, dès aujourd’hui, nous unir afin de combattre cette crise climatique qui nous mène chaque jour vers un destin tragique.

Si nous sommes en majorité toutes et tous conscients du problème, nous devons agir. Agir, c’est raisonner ceux qui nient encore le fait que dans quelques années il faudra peut-être survivre. Agir, c’est prendre garde à ses actions quotidiennes.

L’écologie, ça commence par en bas pour arriver petit à petit en haut. Nos actions individuelles ont du sens. Chacun de nous a son rôle à jouer. Pourtant, certains se trouvent des excuses tandis que d’autres finissent par être découragés.

Découragés par quoi? Par la croyance que l’action individuelle est inutile si le collectif ne suit pas. Par l’inertie politique et sa lenteur dans la prise de mesures afin d’éviter la catastrophe. Par les géants économiques qui continuent de polluer impunément. Mais est-ce vraiment utile de se déresponsabiliser pour responsabiliser le système et autrui?

En réalité, que ce soit en Belgique ou au niveau européen, le fonctionnement politique au sens institutionnel ne permet pas de résoudre le problème aussi rapidement que nous le voudrions.

C’est pourquoi les actions des citoyens belges, européens et mondiaux sont utiles. La somme de nos actions individuelles a du sens. Le véritable détenteur du pouvoir sur la question de l’écologie, ce ne sont pas les hémicycles, c’est nous. Nous sommes tous nécessaires.

Certains blâment les entreprises à cause du poids de leur empreinte carbone. C’est là que l’enjeu climatique va prendre une teinte économique. Si les politiques doivent engager des mesures pour faciliter la transition écologique de ces entreprises, n’oublions pas que nous sommes des consommateurs et que nous pouvons sanctionner à notre niveau ceux qui font du profit en n’ayant que faire des milliers de personnes qui vivent sous une chaleur étouffante, de ceux qui perdent leur vie dans des inondations et de tous les êtres vivants qui souffrent du dérèglement climatique.

Ensemble, nous pouvons agir. Alors, arrêtons les excuses et unissons-nous, individus, pour que collectivement demain soit meilleur.

 

CULPABILISATION ET RESPONSABILITÉ

Simon, 18 ans, Liège

Chaque année, le constat s’aggrave, chaque année, les promesses restent des promesses, chaque année, nos espoirs se noircissent.

Nos oiseaux d’acier entaillent les cieux, nos étendues d’eau devenues ecchymosées par nos poissons de fer, quelles sont nos excuses pour nos paysages désolés?

200 millions de tonnes de plastique dans nos mers. 9 millions de morts chaque année dues à la pollution. 20 arbres sont coupés chaque seconde, soit à peu près 500 millions l’année dernière.

150 millions de migrants d’ici 30 ans, l’unique cause de ce nombre, le changement climatique.

Tout le monde est concerné, personne ne va dire qu’il s’en fout de vivre dans une poubelle. Donc qui refuserait cette cause si belle et légitime. Le Cheval est entré dans la cité…

J’accuse ceux qui font les règles de ce monde, ceux qui les écrivent, ceux qui vivent au-dessus d’elles de malhonnêteté.

Nous, la population ordinaire, nous sommes blâmés pour notre crime de prétendu confort. Les grands auteurs de nos vies nous invitent à éviter de voyager, d’acheter inutilement, de réduire nos plaisirs gustatifs.

On demande aux gens qui survivent d’apprendre à faire des compromis, on demande à ceux qui se lèvent à 6 heures d’être moins égoïstes, on reproche à des enfants d’être nés.

Mais où sont les grands moralisateurs? Que consomment-ils? Comment voyagent-ils? Comment s’habillent-ils?

Quand une famille divise leurs repas, un porte-conteneurs démarre du port. Alors oui, nous avons tous une responsabilité, il ne faut pas le nier, mais sommes-nous tous égaux?

Sommes-nous tous les grands bénéficiaires de ce système écologique désastreux, car on aime acheter un vêtement de temps à autre?

L’ironie est telle qu’on se fait gronder par des hommes et femmes, dont la ceinture coûte plus cher que notre loyer, de ne pas nous serrer la ceinture.

J’accuse ceux qui se laissent faire. J’accuse ceux qui préfèrent se conformer par peur. J’accuse ceux qui deviennent ce qu’ils méprisaient.

Allons-nous encore subir la moraline de ceux qui n’ont aucune morale?

Je voudrais voir mes futurs enfants grandir sur une terre en bonne santé, en aurai-je l’occasion?

J’accuse ceux qui font les règles de tricher. J’accuse ceux qui ont tout de prendre les restes de ceux qui n’ont rien.

Mais cela ne changera pas, car les dés sont faits et on joue contre nous-mêmes.

 

ÉCOLOGIE, SUJET CONTROVERSÉ

Eloïse, 19 ans, Liège

Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que l’écologie est un sujet d’actualité. Mais je pense aussi que nous sommes tous d’accord pour dire que c’est un sujet complexe dans lequel on peut vite s’y perdre. Nous baignons constamment dans des informations contradictoires. Nous sommes noyés entre les médias qui nous rabâchent qu’il faut trier ses déchets, prendre les transports en commun, ne plus manger de viande, et les médias qui nous expliquent que les multinationales sont les grands pollueurs de ce monde. Difficile de se forger son propre avis entre articles sensationnels, fake news et revues scientifiques. Que penser de toutes ces informations? La responsabilité individuelle qui devient de la culpabilité individuelle est-elle bien nécessaire? Penser qu’on ne peut rien changer face aux grands pollueurs de ce monde, est-ce fataliste ou juste réaliste?

Je pense que nous sommes en droit de nous poser ces questions quant à toutes les informations concernant le dérèglement climatique. Mais je pense surtout que c’est notre devoir de citoyens de s’intéresser à ce sujet plus qu’actuel.

Face à l’écologie, on retrouve tout type de profil. Il y a les éco-anxieux, les je-m’en-foutistes, les pollueurs, les fatalistes, etc. Chaque citoyen se trouve forcément dans une catégorie par rapport au dérèglement climatique. Les avis de chacun sont donc divergents. Pourtant, les conséquences sont et seront les mêmes pour tous. La montée des eaux, la migration qui en résulte, la sécheresse, les feux de forêt, les pénuries alimentaires impacteront la vie de chaque personne vivant sur cette planète. Il n’y aura aucune différence entre les personnes qui ont fait attention à leur mode de vie et celles qui polluaient sans la moindre culpabilité.

Nous sommes tous dans le même bateau et pour ne pas couler nous devons pagayer dans la même direction. J’appelle donc chaque citoyen à se poser les bonnes questions face à cette situation mondiale et à agir en conséquence.

J’ose espérer qu’une prise de conscience individuelle est possible et qu’elle amènera à un changement collectif!

 

TERRE NUANCE

Laura, 27 ans, Liège

– C’est un monde où les chiffres sur les billets de banque ont davantage d’importance que les vies humaines sacrifiées. Un monde où ce ne sont plus les politiques qui font les lois, mais bien les lois qui font la politique. Un monde où les puissances mondiales ne sont plus des personnes physiques, mais bien des personnes morales.

– Est-ce dans ce monde que j’atterris? demanda le nouveau-né au Destin.

– Oui. C’est un monde productiviste en quête permanente de la perfection et intolérant à l’erreur. Un monde où règne la dichotomie, tout en refusant de voir la réalité de l’autre. Un monde conformiste allergique à l’altérité. Oui, c’est dans ce monde et je sais que tu ne l’as pas choisi.

– Mais qu’est-ce que je viens faire ici?

– Tu devras faire face à des dilemmes moraux. Tu te sentiras impuissante en proie aux doutes et aux jugements. Ta conscience écologique te poussera à être végétarienne et à prendre les transports en commun, mais tout s’écroulera le jour où, poussée par l’envie de changement, tu enduiras tes cheveux de colorants. L’incohérence et le discrédit s’abattront sur toi et tes combats malgré ta bonne foi. Mais ces contradictions ne t’atteindront pas, car tu apporteras un élément indispensable à la convergence.

Bienvenue sur Terre Nuance!

 

(IM)MONDE

Estelle, 21 ans, Bruxelles

Le plus injuste dans ce monde immense, c’est l’immonde humanité qui l’inonde. Pleine d’hypocrisie et baignée dans le déni, elle propage la mort partout où elle passe.

Elle transforme les rivières en montagne de déchets, quelle ironie! Détruire la vie pour en faire des objets inertes qui finissent par s’entasser et être jetés. Consommer, c’est ce qui la fait vibrer, et la fièvre acheteuse s’est vite propagée à grands coups de paraître et de confort.

Des arguments si forts qu’on est tous convaincus qu’aller vendre son temps 50 ans pour de l’argent est synonyme de réussite. L’être humain est un être très docile.

Les bêtes enfermées par les barreaux de leurs écrans, je les observe errant dans la jungle urbaine. Moi, derrière mon carnet, je songe à comment les libérer, mais je reste perplexe, car leurs cages sont en fait grandes ouvertes. Il faut croire qu’elles apprécient trop le goût des croquettes qu’on leur sert pour essayer de s’enfuir.

Bouches émissaires, Jeunesses ardentes
Ce livre reprend les textes d’une centaine de jeunes que Scan-R a rencontrés durant l’année 2022 lors d’ateliers et du Laboratoire social et médiatique organisé en novembre 2022.
Cet ouvrage reprend les récits de jeunes à propos de quatre thématiques: Écologie, Genre, Migration et Scolarité et est le second recueil édité par Scan-R, après Bouches émissaires, Jeunesses confinées, publié en 2020 qui mettait en avant le vécu des 12-30 ans durant le confinement et la crise sanitaire inédite.
Pour plus d’infos: www.scan-r.be

Alter Échos

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)