On jugera Didier Gosuin sur pièce. Mais dans l’interview qu’il a accordé à Alter Échos – et que vous trouverez dans ce numéro – le ministre bruxellois a au moins eu le mérite d’asséner quelques évidences… pas si évidentes que ça pour un élu. Notamment concernant l’accumulation de plans divers et variés dans la capitale. « Cela fait 20 ou 25 ans qu’on met des politiques les unes à côté des autres, qu’on les empile et qu’on les présente comme la solution qui va tout régler », a-t-il affirmé. Lue comme ça, cette citation peut paraître banale. Et sur le fond – comment faire autrement ? – elle ne dit rien non plus. On fera également remarquer que dans la déclaration de politique Cocom, Didier Gosuin se propose de lancer un « Plan de santé bruxellois ». Une « alliance emploi-formation » est également prévue dans la déclaration régionale…
Il n’empêche, pour un élu bruxellois, cette saillie est tout de même « osée ». À plus forte raison pour un ministre de l’Emploi. À Bruxelles, il y a pourtant matière. Voilà des années que les plans en tous genre se multiplient. Sans évaluation, bien souvent. Qui se souvient de ce fameux accord-cadre signé le 14 octobre 2008 par le gouvernement bruxellois et les interlocuteurs sociaux représentés au sein du CESRBC (Conseil économique et social de la Région de Bruxelles-Capitale) ? Son objectif était pourtant de créer 1000 emplois pour les jeunes dans les douze mois suivant sa signature. Quatre ans plus tard, Alter Échos s’était aventuré à faire le bilan de cet accord. Un bilan bien maigre : quelques réunions du comité de pilotage censé suivre l’évolution de l’accord. Et un nombre d’emplois créés introuvable…
Soyons honnêtes : la capitale n’a pas l’apanage des plans. On fera d’ailleurs remarquer que c’est dans les secteurs en crise, plutôt que dans telle ou telle zone géographique, que ceux-ci se multiplient à l’envi. Rien de plus normal finalement. Même si cela sonne parfois comme un aveux d’impuissance. À défaut de moyens, on trouvera toujours bien un petit plan… L’enseignement en Communauté française, autre secteur où la « planite aiguë » règne, en sait quelque chose. On ne se prononcera pas ici sur le contenu du « Pacte d’excellence » pour l’enseignement lancé récemment par Joëlle Milquet. Mais le nom en lui-même vaut déjà le détour. Et met une sacrée pression sur les épaules de la Communauté française. Avec un patronyme de ce genre, il faudra en effet exceller. À moins que l’on se contente de laisser le soufflé retomber et de ne jamais évaluer ?