Yes, serait-on tenté de dire. Alter Échos tient enfin son «spécial riches», comme il avait pris l’habitude de le nommer familièrement. Voilà des années que le sujet venait orbiter autour de la table en salle de rédaction, à l’image d’une comète. C’était devenu notre petite Tchouri à nous. On l’apercevait l’espace d’un instant, le temps de dire «oh», avant de la voir disparaître à l’horizon sans avoir pu mettre la main dessus. Une sorte de running gag (comique de répétition) à intervalle annuel. Pour fêter notre 400e numéro, on s’est dit que c’était l’occasion ou jamais.
Après moult tergiversations, Alter Échos a enfin réussi à s’arrimer au petit objet, à l’image de Philae, ce robot de l’Agence spatiale européenne ayant défrayé la chronique il y a quelques mois. Comme pour la conquête de l’espace, il a fallu des années avant que la mission devienne réalité. Les questions concernant la faisabilité du projet étaient légion. Et puis, soyons honnête, il était aussi parfois question de barrières mentales. Parler des riches? De certains problèmes sociaux des riches? Passer de l’autre côté du miroir? Alter Échos ne risquait-il pas de se retrouver brûlé sur le bûcher, la langue entravée par un mors de bois, comme l’infortuné Giordano Bruno? Mais oui, rappelez-vous ce pauvre philosophe italien qui osa affirmer un jour que l’Univers était infini. Pour finir par le regretter amèrement le 17 février 1600 à Rome, accusé notamment d’apostasie. Non sans avoir lâché: «Vous éprouvez sans doute plus de crainte à rendre cette sentence que moi à la recevoir.»
Eh bien non, Alter Échos n’a pas eu peur, citoyens de Rome… euh, citoyens «altériens». Il est passé de l’autre côté du miroir. Et a décidé que son panel de sujets, lui aussi, pouvait être infini. Certes, on ne se refait pas. Au détour de ce dossier, vous vous délecterez ainsi d’articles «de tradition» consacrés à la transaction pénale ou encore la «délinquance des élites». Mais vous pourrez aussi vous mettre sous la dent des papiers plus iconoclastes. Comme celui concernant ces CPAS qui accueillent un nombre grandissant d’anciens «aisés» tombant dans la précarité. Ou encore cet article qui vous embarquera pour le très chic 8e arrondissement de Paris, passé à la loupe par des étudiants en sociologie issus de la banlieue.
Des sujets variés finalement, pour un dossier réglé et équilibré comme une petite sonde. À déguster avec une bonne petite frite sauce riche.