Une nouvelle plateforme de financement participatif a vu le jour en Wallonie, à Braine-le-Comte. Son nom: Ekifin.be. Elle soutient des projets locaux et responsables sur le plan social et environnemental.
Tout juste sorti de ses études de comptabilité, Géraud Strens (24 ans) a décidé de lancer sa propre plateforme de crowdfunding. Le jeune étudiant n’a pas fait ce choix au hasard : après un stage chez Look&Fin, plateforme de financement des PME par le prêt, il a consacré son travail de fin d’études au crowdfunding. «J’ai constaté que le crowdfunding sous forme de don avec contrepartie était encore peu existant en Belgique», explique-t-il. Fin octobre, Ekifin.be voyait le jour, avec l’aide du Groupe One, soutien à l’entrepreunariat social.
Projets équitables et écologiques
Ekifin n’accueille pas tous les projets, et c’est bien ça qui fait sa spécificité. «Je veux soutenir des projets qui doivent être vivables et équitables au niveau écologique et sociale et viables au niveau écologique et économique», explique le jeune entrepreneur, désireux de revenir aux sources du crowdfunding, basé sur la participation et l’échange. Ekifin se base sur le système du «reward crowdfunding», qui implique que le public reçoive des contrepartie non-financières en échange des fonds versés. «Les contreparties peuvent aussi se penser en termes de services», insite Géraud Strens. Il est par ailleurs possible de faire des dons sans rien recevoir en échange.
Quatre projet sont actuellement en financement. Trois d’entre eux relatifs à l’alimentation durable –micro-ferme, foodtrucks slowfood, commerce local et fairtrade- et le quatrième vise à récolter des fonds au profit d’une association pour améliorer le quotidien des parents d’enfants hospitalisés dans un hôpital de la région.
Pour Géraud, l’idée est de donner des coups de pouce à des initiatives locales. «Pour le projet Les 2 choux de table par exemple, une micro-ferme bio qui cherche à diversifier son offre, le crowdfunding leur permet de faire une avance sur leur chiffre d’affaire. De plus, c’est un test sur le marché, afin de voir si le public est réceptif. Ils peuvent donc se lancer plus facilement», explique-t-il.
Un accompagnement global
Outre la récolte de fonds, la plateforme propose aussi de soutenir les porteurs de projet dans leur plan communication. «On réalise une vidéo avec eux, on crée une campagne, on discute du montant à récolter, des contreparties, etc… On les conseille aussi dans la communication de leur campagne par les réseaux sociaux par exemple», détaille Géraud Strens. Récemment, Ekifin a organisé un livecrowdfunding, une expérience inédite en Wallonie.
Aujourd’hui, le pourcentage perçu est de 4 pourcents, frais bancaires compris. Mais cela changera à l’avenir. «Les vidéos deviendront payantes pour les initiateurs des projets et le pourcentage passera à 5%, frais bancaires toujours compris dans un premier temps, non compris plus tard», précise le jeune entrepreneur.
A l’avenir, Géraud Strens compte bien faire fleurir Ekifin, sans s’éloigner des critères de sélection des projets et de l’aspect local. Son concepteur envisage-t-il un modèle économique différent, comme une coopérative par exemple ? «Je n’y ai pas encore pensé je vous avoue… On pourrait en effet imaginer laisser le capital ouvert à des coopérateurs, mais peut-être pas dans le conseil d’administration… », répond Géraud Strens. Pour l’heure, il ne vit en tout cas pas de cette plateforme. Il s’apprête à ouvrir une épicerie de produits bios et vendus en vrac, à Braine-le-Comte. Financée par… un crowdfunding sur Ekifin, évidemment.
Le crowdfunding (ou financement participatif) a le vent en poupe. Ce mode de financement alternatif lève des fonds qui intéressent de plus en plus les banques ou les pouvoirs publics. Quelles sont les limites de ce mode de financement ? Le potentiel est-il illimité ? Les pouvoirs publics peuvent-ils y puiser des ressources pour leurs missions ? Les associations monnaient-elles leurs convictions sur la place publique ? Crowdfunding, les limites du budget public, un dossier d’Alter Échos (mai 2015).