Un film réalisé par le Centre vidéo de Bruxelles1 (CVB) parle des jeunes, de leurs parcours vers l’emploi. Une série de portraits intéressants.
Semé d’embûches, le parcours des jeunes bruxellois vers l’emploi avait fait l’objet, le 15 mars dernier, d’un colloque organisé par le cabinet d’Emir Kir et intitulé« Parlons Cash de l’avenir des jeunes ». Dans ce contexte, un film réalisé par le Centre vidéo de Bruxelles, commandité par le cabinet avaitété diffusé, avait beaucoup alimenté le débat. Intitulé Témoignages, ce document de quarante-sept minutes présente la trajectoire deneuf jeunes. Encore aux études, en recherche de travail ou ayant trouvé un emploi, ces neuf personnes exposent des expériences très différentes mais ils ont encommun le fait d’avoir vécu ou de vivre une forme de décrochage par rapport à l’école ou l’emploi. « Personnellement, cela m’énerve quand on parle des »jeunes » de manière générale, explique Christian Van Cutsem, le réalisateur du film. Il existe tellement de profils différents… Dans ce contexte, nous n’avonsd’ailleurs pas voulu prendre que des personnes « dans l’impasse ». Si tu t’en es tiré, tu as aussi un avis à donner qui peut être intéressant. »
Un avis autorisé
Et en effet, les témoignages dévoilés résonnent comme autant de vérités, même si on n’évite pas à certains moments deux ou troisclichés. C’est que, outre une volonté d’exposer des vécus singuliers, l’objectif de Christian Van Custem était aussi plus « prospectif ».« Ces jeunes donnent en quelque sorte un avis autorisé sur cette question, il s’agit d’une observation de première ligne », expose-t-il. Une observation depremière ligne qui dévoile certaines constantes, comme un problème crucial lié à la confiance, qu’il s’agisse de la confiance en soi, dans les autres ou de laconfiance que ces autres portent aux jeunes. « Avant [NDLR avant de commencer un cursus en menuiserie], je n’avais confiance en personne, explique ainsi Karim dans le film. C’est à causedu quartier, on nous dit « Faut avoir confiance en personne ». Alors j’avais confiance en personne. (…) Et puis je n’avais pas confiance en moi non plus. »
Une confiance que Christian Van Cutsem a aussi dû gagner pour recueillir ces témoignages. « Si les jeunes sont liés à une structure2, c’est plusfacile », nous dit-il. Mais beaucoup se méfiaient. Pour gagner leur confiance, nous avons été clairs. Nous leur avons dit : « Ce document servira àintroduire un colloque, à vous de voir si vous voulez prendre la parole ou pas. » » Ce qui a manifestement porté ses fruits puisque d’autres problèmes que la confiance sontaussi pointés par les intervenants, comme les difficultés à trouver un emploi et le cycle infini des formations alors que l’on a fini ses études, l’appropriation par lesjeunes de leur parcours scolaire, l’importance d’avoir des bases scolaires solides pour réussir un cursus en enseignement qualifiant ou encore les problèmes d’orientation(« Ce n’est que quand je n’avais plus le choix, que toutes les portes étaient fermées qu’ils ont commencé à faire des recherches. (…) Je me suis rendu compteque si j’avais su ça avant, j’aurais peut-être commencé plus tôt », déclare ainsi Floro en parlant de son choix en faveur de l’enseignement en alternance).Néanmoins, des expériences positives sont aussi montrées, comme celle de Raho qui après avoir été soutenue par une mission locale, a fini par suivre uneformation d’auxiliaire à la petite enfance et travaille maintenant dans une crèche.
Le déclic ?
Du côté des jeunes, la réaction envers le document est plutôt positive. Raho, justement, se montre assez enthousiaste. « Le document rend bien compte de monparcours, explique-t-elle. Et si ça peut aider des jeunes qui se cherchent, si cela peut amener un petit déclic, c’est bien. » « Témoignages »risque d’ailleurs bien d’être visionné un certain nombre de fois dans un futur proche puisque le cabinet d’Emir Kir aurait commandé une centaine d’exemplaires du document pour lesdistribuer dans le secteur de l’insertion socioprofessionnelle. Il a également été question de diffuser le film sur RTBF 3, mais le projet a étéabandonné. « Certains jeunes n’avaient parlé qu’à condition que ce ne soit diffusé que dans un certain cadre », explique Christian Van Cutsem. Unproblème de confiance ?
1. CVB :
– adresse : rue de la Poste, 111 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 221 10 50
– courriel : info@cvb-videp.be
– site : www.cvb-videp.be
2. Les jeunes étaient entre autres issus de Solidarcité, du service d’accrochage scolaire Le Seuil, de l’AMO Amos, du Gafi (Groupe d’animation et de formation pour femmeimmigrée)…