Au terme de plusieurs mois et quelques tables-rondes de rencontre1, Arbeid en Milieu2 a clôturé par un symposium sa réflexion sur l’emploi écologique pour personnes peuqualifiées et l’économie sociale. Pari difficile car une fois les critères environnementaux et d’insertion alignés, le « scoop » est étroit. Les intérêtsdivergent. Par exemple, certains métiers liés à l’environnement demande une très grande qualification…
Pourtant, les nombreux participants ne s’y sont pas trompés. Tantôt environnementalistes, tantôt bios, tantôt alarmés par la dégradation de la terre, tous ontaussi une vision égalitaire et démocratique du droit au travail, de la lutte contre l’exclusion. Les amoureux de la nature ne sont pas des « bêtes »… Certainement, il y a unesimilitude d’esprit entre environnementalistes, entrepreneurs sociaux et associations de formation et d’insertion. Mais au-delà de la théorie, de la militance, le symposium aposé très concrètement les questions d’identification de « niches d’emploi vertes sur le marché », du soutien politique à ce type d’initiative, sans hésiterà confronter l’efficacité du secteur privé marchand et l’économie sociale dans leur capacité à organiser un entrepreneuriat durable créatif en emplois »écologiques ». Pour aboutir in fine sur la question financière, faut-il créer un fonds d’investissement « vert » afin d’associer rentabilité financière et plus-valuessociales et environnementales ?
Après une rapide tour d’horizon des activités développées par le centre d’incubation (maternage d’entreprises) « De Wolkammerij » initié par Vitamine W, Walter Vanden Bergh, coordinateur du SST3, coupole des Sociale Werkplaatsen a présenté une série de « niches vertes », telles l’entretien du patrimoine naviguant, le développement deséjours scolaires, le recyclage des voitures, la construction écologique, … en plus de tout ce qui existe déjà dans le secteur du recyclage. « Mais la question reste: les autorités politiques sont-elles prêtes à payer ce type de facture pour encourager l’emploi ? » interroge Walter Van den Bergh dénonçant comme beaucoup laconfusion entre aide publique pour l’insertion socioprofessionnelle et soutien financier pour la plus value écologique de ce type de projet (tel les Kringloopcentra – sorte de magasin deseconde main en Flandre). « Le secteur de l’insertion a toujours été proche de l’écologie… », ajoute Walter Van den Bergh.
Côté politique, Olivier Decock, du Cabinet Vande Lanotte4, a rappelé les objectifs de son ministre en matière d’économie sociale et les résultats àatteindre : diminution du taux de TVA (6%), subside d’État plus important pour les art. 60, volonté de relayer les expériences régionales d’insertion de clauses socialesdans les marchés publics et surtout la volonté d’encourager le secteur privé à se diriger vers le développement durable car « c’est aussi de l’économiesociale », précise Olivier Decock. À la fin de la journée, le ministre de l’Économie sociale, Johan Vande Lanotte, a livré cette conclusion en forme d' »aveu » : « leparti socialiste a perdu le combat contre le marché, il faut donc trouver les moyens de rendre le marché plus social ».
Mais concrètement, quelles sont les capacités des secteurs privés et d’économie sociale à organiser des emplois écologiques ? : « L’économie socialedoit sortir de son rôle de réparateur des dégâts du marché classique », explique Alain Laigneaux, de Solidarité des Alternatives Wallonnes avantd’énumérer tous les secteurs où l’économie sociale est présente. Ce à quoi Niko Demeester de la FEB a répondu : « la croissance économique estun vecteur de création d’emploi… »
Pour y arriver, faut-il un fonds d’investissement « vert » ? Personne n’a vraiment répondu à la question, et Hefboom5 en a profité pour présenter son nouveau Fonds departicipation flamand de l’économie solidaire6.
1 Le symposium fait suite à quatre tables-rondes déclinées sur les thématiques de l’emploi, l’économie sociale et quatre sous-thèmes environnementaux :déchets, énergie, agriculture bio et gestion de la nature, mobilité.
2 Arbeid en Milieu asbl, organisation syndico-environnementaliste, Statiestraat, 179 à 2600 Berchem, tél. : 03 218 78 03, fax : 03 218 80 77, e-mail : secretariaat@a-m.be
3 Walter Van den Bergh, Samenwerkingverband Sociale Tewerkstelling, tél. : 03 366 09 10.
4 Cabinet Vande Lanotte, rue Royale, 180 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 210 19 60.
5 La mission d’Hefboom consiste à soutenir l’entrepreneuriat solidaire, via le financement, le conseil et l’aide à la gestion (voir AE n°89 du 15 janvier 2001, p. 7). Contact : BertVan Thienen, Vooruitgangstraat, 333/5 à 1030 Brussel, tél. : 02 201 04 10.
6 Alter Echos reviendra prochainement sur ce dossier encore en phase préparatoire. On parle de démarrage pour mai 2001 avec un budget attendu de 81 millions.
Archives
"Emploi écologique et économique sociale : expériences concrètes"
serge
12-02-2001
Alter Échos n° 91
serge
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