Alors que l’Union européenne (UE) verra bientôt s’achever le processus « Éducation et Formation 2010 », la Commission et le Conseil de l’Unioneuropéenne ont déjà planché sur la suite des opérations. « Éducation et Formation 2020 » est dans les starting-blocks.
En approuvant au mois de mai 2009 une série de cinq « nouveaux » benchmarks, le Conseil de l’UE a donné une suite logique au processus« Éducation et Formation 2010 ». Pour rappel, celui-ci avait été adopté en 2002 dans le cadre de la Stratégie de Lisbonne et détaillaitles objectifs futurs à atteindre, à l’horizon 2010, par l’UE en ce qui concerne l’éducation et la formation. Dans ce cadre, une série de cinq benchmarks, oucritères de référence, avait été mise sur pied. La plupart de ces critères ne seront jamais remplis par les 27. Un constat quelque peu morose qui ne sembletoutefois pas avoir altéré les ambitions de l’UE puisque l’adoption des cinq « nouveaux » benchmarks marque l’avènement d’un processus« Éducation et Formation 2020 » fixant une série d’objectifs pour les dix prochaines années.
Nouveaux, les benchmarks ?
Néanmoins, si les guillemets semblent d’application lorsque l’on parle de cinq « nouveaux » benchmarks, c’est que seuls deux d’entre eux sont réellement neufsalors que les trois autres sont restés tels quels ou ont été légèrement modifiés. « Le premier nouveau venu est la volonté d’atteindre,d’ici à 2020, une proportion d’au moins 40 % de personnes âgées de 30 à 34 ans diplômées de l’enseignement supérieur, déclare DominiqueBarthelemy, directeur général de la DG des Affaires générales et de l’Audit budgétaire et financier1, en charge de la coordination du processus pour laCommunauté française. Quant au deuxième nouveau critère de référence, il insiste sur le fait qu’au moins 95 % des enfants ayant entre quatre ans etl’âge de la scolarité obligatoire doivent participer à l’enseignement préscolaire. » Deux nouveaux benchmarks pour lesquels la Belgique semble d’ailleursdéjà dans les temps puisque, en 2008, 42,5 % des personnes âgées de 30 à 34 ans y étaient diplômées de l’enseignement supérieur etque la participation à l’enseignement préscolaire y est de 99,7 %.
À noter également que deux benchmarks établis dans le cadre d’ « Éducation et Formation 2010 » ont été abandonnés :« Atteindre une proportion de 85 % de jeunes achevant le second cycle de l’enseignement supérieur » et « Augmenter de 15 % le nombre dediplômés des filières mathématiques, scientifiques et technologiques », un dernier critère (le seul) que l’ensemble de l’UE avait d’ailleurs facilementatteint.
Des critères maintenus ou plus exigeants
Concernant les benchmarks maintenus ou modifiés, Dominique Barthelemy enchaîne : « Le premier d’entre eux, concernant le pourcentage d’adultes devant participerà des activités de formation tout au long de la vie, a été rendu plus exigeant puisque l’on est passé de 12,5 % à 15 %. Le deuxième, qui sedonnait pour ambition de réduire d’au moins un cinquième le pourcentage de jeunes ayant de mauvais résultats en lecture, a été élargi puisqu’il concerneégalement désormais les résultats en mathématiques et en sciences. Quant au troisième (moins de 10 % de jeunes en situation de décrochage scolaire), iln’a pas changé. » Trois domaines dans lesquels l’UE et la Belgique affichent des résultats largement en dessous de ce qui est exigé.
« Il faut cependant voir ce processus comme quelque chose d’évolutif, une série de balises à garder en ligne de mire, déclare Dominique Denis, attachéà la DG des Affaires générales et de l’Audit budgétaire et financier. Le but de l’opération est que les pays en « retard » rattrapent ceux qui sont en têtetandis que ceux-ci maintiennent leurs efforts, tout cela dans une optique de résultat européen global. À ce sujet, regarder les résultats pays par pays n’est pas vraimentintéressant, même si la Commission le fait, en rendant des rapports « individuels » chaque année, afin de maintenir la pression. »
Dans ce contexte somme toute assez positiviste, le Conseil de l’UE a invité la Commission à mener une série de travaux complémentaires concernant trois autres domainesdans lesquels des benchmarks pourraient encore être établis : la mobilité (un benchmark « faisable », d’après nos interlocuteurs, et qui mettraitl’accent, dans un premier temps, sur la mobilité physique entre les pays dans le domaine de l’enseignement supérieur), l’apprentissage des langues (fin 2012) et l’employabilité(fin 2010), un thème assez polémique. « Concernant l’employabilité, cela risque cependant d’être plus compliqué, conclut Dominique Denis. Beaucoup de paysse sont en effet interrogés à propos de la signification de ce terme. Il n’existe pas à ce jour de définition claire… »
1. DG des Affaires générales et de l’Audit budgétaire et financier :
– adresse : bd Léopold II, 44 à 1080 Bruxelles
– tél. : 02 413 36 17.