Des professionnels de l’enfance lancent un manifeste pour «des milieux d’accueil de qualité». Ils réclament de changer la formation initiale, pour qu’elle colle aux réalités d’un métier de plus en plus complexe.
Des professionnels de l’enfance publient un manifeste intitulé «Accueillir les tout-petits. Oser la revendication». Il a été lancé par l’association NOE – pour Nouvelle Orientation enfance – présente à Liège et en province de Luxembourg. Il s’agit d’un manifeste «de terrain pour des milieux d’accueil de qualité». L’initiative compte plus de 2.000 signataires, essentiellement des travailleurs du secteur de l’enfance.
«Notre but est de montrer la complexité de notre métier et d’insister sur la nécessité de revoir la formation initiale», explique François Maréchal, membre de NOE, psychopédagogue pour les crèches de la Ville de Seraing et… travailleur de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE). Car c’est bien le sens de cette initiative: revoir la formation initiale des professionnels de l’enfance pour qu’elle prépare mieux à la réalité du travail de terrain.
«Les formations restent centrées autour du ‘nursing’.», François Maréchal, ONE et… NOE (Nouvelle Orientation enfance)
L’idée de lancer un manifeste a germé à la suite de la publication de deux recherches de Florence Pirard, de l’Université de Liège, en 2010 et 2015. Des recherches commandées par l’ONE. Les formations initiales des professionnels de l’enfance et des équipes d’encadrement: enjeux et perspectives était le titre de la dernière d’entre elles. «Ces recherches confirmaient ce qui était ressenti intuitivement depuis longtemps sur le terrain», enchaîne François Maréchal. Elles ont constitué un déclic.
Pour un bachelier «accueil de l’enfant»
Ce ressenti de terrain, c’est celui d’un métier qui se complexifie et qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qui se faisait dans les crèches il y a trente ans, alors que les formations, de niveau secondaire professionnel, sont restées un peu figées. «Les compétences relationnelles, réflexives, ne sont pas travaillées», affirme François Maréchal, qui fait office de porte-parole du manifeste.
Le travail en crèche s’est d’abord construit autour d’une fonction économique. Il s’agissait avant tout de garder les enfants, les nourrir, les changer, pendant que les parents travaillaient. Puis le métier a muté. Il a fallu intégrer des fonctions sociales et éducatives à la panoplie de l’accueillant en milieu d’accueil, qui doit être attentif au vécu de l’enfant, à son développement physique et émotionnel. L’accueillant doit devenir un soutien à la parentalité, connaître les théories du développement de l’enfant, être attentif aux situations de précarité. Le métier n’est plus uniquement centré sur le soin, «alors que les formations restent centrées autour du ‘nursing’», ajoute François Maréchal.
Les auteurs de ce manifeste demandent la création d’un «bachelier accueil de l’enfant», qui serait accessible après avoir obtenu son CESS ainsi qu’aux personnes qui travaillent déjà dans le secteur.
À l’ONE, Benoît Parmentier se dit «favorable» à ces revendications. «Elles émanent en grande partie d’études et de références produites par l’ONE; donc nous partageons les objectifs des auteurs du manifeste.» C’est désormais au gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et au ministre de l’Enseignement supérieur Jean-Claude Marcourt, de saisir la balle au bond.
En savoir plus
«Quand enfance rime avec errance», Alter Échos n° 437, 30 janvier 2017, Caroline Van Pee