Un nouvel adage est né dans les années’70 : quand les parents divorcent, les enfants trinquent. Alors que le phénomène s’est largement banalisé, lesadultes ont parfois du mal à appréhender la charge de souffrance que leur séparation peut faire peser sur leurs enfants. Un petit guide pratique les aide à y voir plusclair, sans culpabilisation.
Le phénomène est devenu tellement banal qu’on en oublierait presque la singularité de chaque histoire et son lot de souffrance, de cris, de fâcheries àjamais et de traumatismes collatéraux. En Europe, la Belgique est en tête du ratio divorce/mariage avec près de 80 désunions pour 100 unions.
Et même si papa et maman ont décidé d’éviter de s’envoyer les assiettes au visage ou de se traîner dans la boue, en clair, même s’ils ontaccepté de se séparer de manière civilisée, ce n’est pas pour autant que les enfants ne vont pas pâtir de la séparation. Les Services d’aideà la jeunesse (SAJ) et les professionnels en contact avec les enfants, au sens large, en savent quelque chose. Régressions, agressivité, peurs nocturnes chez les plus petits,colère, désintérêt généralisé, décrochage scolaire, comportement agressif, culpabilité et somatisations diverses chez les plus grands,les stigmates de l’enfant de divorcés sont loin d’être anodins.
De la parentalité à la co-parentalité
« Si c’était simple… ça se saurait », proclame la toute nouvelle brochure1 proposée par les SAJ de Bruxelles.Élaborée grâce à l’expertise de différentes associations spécialisées dans la médiation familiale2, elle est la suite logiquedu répertoire d’adresses utiles publié l’an passé sous le titre « Séparation et divorce, guide des principes etprocédures »3. Cette fois, il s’agit de s’intéresser plus spécifiquement aux démarches à mettre en œuvre pourprotéger les enfants.
En une vingtaine de petites pages, l’opus retrace la vie du couple, de sa formation à son éclatement et donne des pistes pour préserver au maximum les enfantsdans et après la tempête. Textes hyper didactiques et sobres, graphisme sympa, le guide traite le sujet sans entrer dans les jugements de valeur ou la culpabilisation. « Seséparer peut aussi être une étape salutaire pour améliorer la vie de chacun », postulent les auteurs. En somme, une séparation bien assumée etcorrectement gérée est souvent préférable à une union qui tient vaille que vaille dans les querelles incessantes, sources de stress pour les enfants.
Le guide décrit les grands cas de figure des étapes d’une rupture. Chaque chapitre est construit avec une série de conseils pratiques et de questions clés :« que dire ? », « que faire ? », « vers qui se tourner pour avoir de l’aide ? ». Les conseils sont simples àmettre en œuvre et sont évidemment l’alternative la plus responsable à la « guerre totale » entre ex-conjoints. Par petites touches, les auteursdessinent ce qu’il peut y avoir de sordide et en même temps de « tellement humain » dans une séparation conflictuelle. Les conseils sont de bon sens,aussi : « Ça aide nos enfants si nous évitons de dénigrer notre ex devant eux et si nous pouvons régler nos comptes d’adultes en dehors deleur présence. » « Soyons attentifs aux besoins des enfants de rester fidèles à leurs deux parents, à leurs deux lignées. » Mais lebon sens, c’est précisément ce qui fait le plus défaut quant les adultes sont aveuglés par des sentiments de tristesse, d’humiliation ou de ressentiment.
Et pour ceux qui seraient encore trop à fleur de peau pour envisager de discuter sereinement avec l’ex-conjoint, le texte se termine par une charte de co-parentalité encinq points. Si le dialogue est rompu, ce guide devrait au moins aider à mettre tout le monde d’accord.
1. Si c’était simple… ça se saurait. Comment se séparer en préservant nos enfants ?, Le guide peut être téléchargésur
http://www.aidealajeunesse.cfwb.be/fileadmin/sites/ajss/upload/ajss_super_editor/professionnel/documents/a_la_une/Si_ct_simple_ca_se_saurait.pdf
2. Le comité de pilotage était composé de représentants de l’asbl Le Patio, du service de santé mentale Le Grès, du planning familial de Saint-Gilles,du Centre européen de médiation familiale et d’un 1er substitut du Procureur du Roi. La coordination et la rédaction ont été assurées par laSection de prévention générale du SAJ de Bruxelles.
3. Le répertoire est encore disponible sur le site de l’Aide à la jeunesse. Il peut être téléchargé gratuitement sur
www.aidealajeunesse.cfwb.be/index.php?id=ajss_jef