Retour sur le travail des instances de pilotage de l’enseignement qualifiant
Lancées il y a trois ans, les dix « Ipieq » comme on les appelle (voir encadré), ont pour but de revaloriser l’enseignement qualifiant et d’aboutir à un redéploiement progressif pertinent et non concurrentiel de l’offre d’enseignement dans la zone concernée. Un redéploiement qui se doit d’être en accord avec le contexte socioéconomique des zones – et notamment, les métiers en pénurie – et qui se voit encouragé par un système d’incitants. Trois axes de travail sont prévus : le soutien d’options peu fréquentées, le soutien à la création de nouvelles options, et enfin la concentration d’options dans un établissement (ce qui devrait amener un ou plusieurs établissements à abandonner cette même option).
Un peu de concentration
Aujourd’hui, après avoir fonctionné lors de la première année par le biais d’un appel à projet « hors décret » qui a permis l’émergence de projets intéressants, mais ayant peu de rapports avec les trois axes évoqués plus haut (organisation d’un salon des métiers, réalisation d’un film censé casser les préjugés relatifs aux métiers manuels), les rentrées 2011 et 2012 ont vu les instances introduire leurs propositions dans le cadre de deux appels à projet « décret ». En 2012, ce sont ainsi 117 projets (88 de maintien, 27 de création et deux de concentration) sur 213 dossiers introduits qui ont été approuvés par le gouvernement, même si 18 d’entre eux n’ont ensuite pas abouti.
Parmi les enseignements à tirer de ces chiffres, on peut voir que le nombre de projets « de concentration » est faible. Une tendance qui se confirme pour la rentrée 2013, pour laquelle ils seraient également au nombre de deux. « Il ne s’agit pas d’un problème de volonté, nous explique Anne Hellemans, responsable de la Direction « Relations Ecoles – Monde du travail » à la Communauté française. Le problème réside plutôt dans le fait qu’un projet de concentration doit prendre place, conformément au décret, sur sept années, ce qui peut coûter cher à l’instance qui sera peut-être plutôt tentée de privilégier un projet de création d’options, par exemple, qui s’étale lui sur deux ans. » Rappelons, en simplifiant, que chaque instance de pilotage reçoit un budget global qui lui est attribué en fonction de l’indice socioéconomique de la zone. Celui-ci est ensuite « redistribué » aux projets, dans les limites du décret, notamment sous forme d’octroi de périodes complémentaires aux périodes-professeur, de priorité d’accès au Fonds d’équipement ou de dotation ou de subvention, selon les cas.
De manière plus générale, une réforme du décret pourrait également se profiler à l’horizon afin de procéder à certains ajustements après trois ans d’application. L’occasion de proposer certaines modifications importantes ? Si la proposition est encore à prendre avec des pincettes, l’administration et les Ipieq verraient en tout cas d’un bon oeil que « les instances puissent prendre part à des projets hors décret, comme cela s’était fait lors de la première année de lancement », explique Anne Hellemans qui pointe également la réflexion à propos des parfois sibyllins bassins de vie comme l’un des enjeux pouvant influencer l’évolution des instances dans les années à venir. Il est vrai que les bassins de vie pourraient en quelque sorte ressembler à des « Méga Ipieq ». Doublon en vue ?
Aller plus loin
Alter Echos n° 313 du 03.04.2011 : https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=313&l=1&d=i&art_id=21036 Enseignement qualifiant : un an déjà pour les instances de pilotage