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Entre salariés et volontaires, l'alchimie est-elle possible ?

Salariés et volontaires du non-marchand sont-ils complémentaires ? Un colloque a tenté d’y répondre.

13-03-2009 Alter Échos n° 269

Organisé par la Croix-Rouge1, le colloque « Volontaires et salariés du non-marchand : complémentarité ? Concurrence ? Opportunité ? » asoulevé presque plus de questions qu’il n’a apporté de réponses.

S’il ne fallait retenir que deux interrogations issues de cette journée de la Croix-Rouge consacrée aux volontaires et aux salariés du non-marchand, ce seraient celles-ci :que signifie la professionnalisation rampante actuelle de la plupart des bénévoles actifs dans le secteur du non-marchand ? Quelles relations salariés et volontaires peuvent-ilsentretenir alors que bien souvent statuts (volontaire/permanent) et casquettes (employé, directeur, cadre) se mélangent, au sein d’une même structure, en un magmafavorisant les quiproquos et les tensions ?

Concernant la première question, c’est Frédéric Schoenaers, professeur de sociologie à l’Université de Liège qui, en ouverture de journée, avaitposé les premiers jalons d’une longue réflexion. « Nous sommes actuellement dans un changement de société assez important que j’appellerais « nouvelle grammaire de laresponsabilité », explique-t-il. À l’heure actuelle, on ne supporte plus le hasard. La malchance n’est plus acceptée comme excuse lorsque quelque chose tourne mal. Dèslors, dans cette société du risque zéro, la professionnalisation du volontariat semble avoir tout son « sens ». » Une professionnalisation qui pose question et qui ferad’ailleurs débat un peu plus tard lors d’un atelier organisé sur le thème « Le tandem salariés/volontaires : synergie ? Rivalité ? Tremplin pour l’Emploi ?».

Au cours de celui-ci, Yves Hellendorf, secrétaire national CNE secteur non-marchand, aura ces mots : « Est-ce qu’on attend du volontariat qu’il devienne professionnel ? Si laréponse est « oui », on peut alors considérer que le volontariat devient un concurrent de l’emploi. Et c’est un « mauvais » emploi qui en chasse un « bon »… » Des propos quecomplète d’ailleurs Christian Masai, secrétaire fédéral Setca secteur non-marchand, lorsqu’il parle des indemnités attribuées aux volontaires : « Laconclusion à laquelle certains pourraient arriver est la suivante : pourquoi se donner la peine de payer un travailleur alors que l’on peut l’indemniser ? » Plusieurs intervenantsémettent en effet l’idée que le bénévolat viendrait opportunément combler certains manques dans des domaines dans lesquels le monde politique ne se donne pas lapeine d’investir volonté et deniers. Par manque de moyens ou par une politique presque cynique. Rappelons qu’à l’heure actuelle, certains estiment que les bénévolesreprésenteraient, en Belgique, environ 76 000 équivalents temps plein. En temps de crise, la tentation de recourir à cette « main-d’œuvre » bon marchépourrait être assez forte…

Un directeur bénévole et un subalterne salarié ? C’est possible !

Autre question abordée tout au long de la journée : la confusion des statuts et des « casquettes » au sein d’une même structure. Au point que l’on en arrivequelquefois à des situations potentiellement génératrices de stress, comme la possibilité pour un individu d’être à la fois salarié etbénévole pour une même structure. Ou encore de voir un directeur bénévole avoir sous ses ordres un employé salarié. Deux situations parmi d’autres quipeuvent facilement devenir problématiques. Pour Yves Hellendorf, il est à ce sujet impératif de savoir sous quelle casquette on se trouve, à quel moment. « Ilimporte que, de manière structurelle, l’organisation identifie de manière claire, organigramme à la main, qui se trouve où dans l’organisation »,déclarera-t-il à ce sujet.

Avant que Christian Masai ne s’interroge, sans remettre en cause les qualités des bénévoles, sur certains aspects du volontariat : « Les membres des conseilsd’administration [NDLR : souvent des volontaires] doivent souvent gérer des budgets importants ou se retrouvent face à des responsabilités énormes en termes d’emploi. Lesgens qui les composent sont-ils toujours bien outillés pour affronter ces responsabilités malgré toute leur bonne volonté ? Cela ne met-il pas en danger les emploisliés à l’objet social de l’organisation…? »

1. Croix-Rouge de Belgique :
– adresse : rue de Stalle, 96 à 1180 Bruxelles
– tél. : 02 371 31 11
– courriel : info@redcross-fr.be
– site : www.croix-rouge.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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