Dans le cadre de la quatrième Biennale internationale de design 2008 organisée à Liège, le centre de compétence « DesignInnovation »1 présente une exposition regroupant les plans d’affaires de dix designers. Points communs entre ceux-ci : ils sont tous demandeurs d’emplois,souhaitent se lancer comme indépendants et ont pour ce faire suivi une formation intitulée « Entreprendre le design ».
Il y aurait à l’heure actuelle près de 6 000 designers à la recherche d’un emploi en Région wallonne. Porteur d’une valeur ajoutée que certains estimentà près de 350 millions d’euros, le « secteur » du design semble néanmoins souffrir d’un chômage endémique qui inquiète. Il faut dire queles besoins en termes de design sont, la plupart du temps, ponctuels et ne permettent donc pas de créer des postes permanents au sein des entreprises. « La seule solution àce problème, pour cette catégorie de travailleurs, est de devenir indépendant », déclare Thierry Van Kerm, directeur du centre de compétence« Design Innovation ». Mais s’installer à son propre compte n’est pas toujours chose évidente. Surtout, à en croire Thierry Van Kerm, si l’on estdesigner. « La plupart des gens travaillant dans le domaine du design sont très créatifs tant qu’ils restent dans le cadre de leur discipline. Mais dès qu’il s’agitd’entrer dans les détails techniques ou administratifs relatifs au statut d’indépendant, cela devient compliqué. C’est un domaine pour lequel ils ne sont pas du toutformés lors de leurs études », renchérit-il. Un constat qui a poussé « Design Innovation » à organiser, en collaboration avec leForem, une formation économique à destination de ce public bien particulier. Intitulée « Entreprendre le design », celle-ci a pour but de former lesdesigners aux trucs et astuces du métier d’indépendant.
Trois modules ont ainsi été déjà organisés à Mons, Charleroi et Liège et ont accueilli une trentaine de designers, tous diplômés etchercheurs d’emploi. « L’objectif est de leur fournir une formation pluridisciplinaire. Nous faisons intervenir des personnes extérieures, des banquiers, des représentants del’Awex, de Fedustria2, des designers déjà installés comme indépendants. Notre but est de leur donner un avant-goût de la réalité. Nousessayons de les inciter à prendre vraiment un rôle dans le contexte économique régional actuel. » Une démarche encore renforcée par la mise surpied de l’exposition « Dix designers exposent leur plan d’affaire » qui, comme son nom l’indique, permet à dix des participants à la formation d’exposer leurbusiness plan.
Un milieu pas assez « transparent » ?
Si elle est légitime, la volonté de « prendre sa place » manifestée ici par le milieu du design peut être considérée comme un changementnotable d’attitude dans le chef d’un secteur qui semble, en général, souffrir d’un mal assez particulier. « Le problème du secteur du design réside en fait danssa relative opacité, renchérit Thierry Van Kerm. En effet, il n’existe à l’heure actuelle aucun recensement vraiment fiable à propos du secteur, aucun fichier, aucundossier. Ainsi, nous connaissons le nombre de designers chercheurs d’emploi grâce aux chiffres du Forem mais il est très difficile d’avoir une idée du nombre global de designersactuellement présents sur le marché. » Une situation qui serait due, entre autres, à la transversalité des fonctions touchant au design. Architectes, stylistes,graphistes, artisans, le nombre de professions ayant un rapport avec cette discipline est en effet important, ce qui rend toute perception d’ensemble du secteur assez compliquée. Sans parlerdes problèmes de visibilité…
Dans ce cadre, l’exposition « Dix designers exposent leur plan d’affaire » constitue un beau coup de publicité pour le milieu et, surtout, pour une formation quisemble faire des heureux. « Je suis vraiment très contente, affirme ainsi Christine Muller, une créatrice de vannerie contemporaine que l’on retrouve parmi les dix designerssélectionnés pour l’exposition. Cette formation m’a beaucoup appris. Les études artistiques développent l’ego des étudiants mais pas toujours lescompétences nécessaires pour se lancer une fois sorti de l’école. C’est donc quelquefois dur… La formation nous a donné un peu d’humilité à tous, touten nous offrant les outils nécessaires pour nous rendre confiant par rapport à notre projet. »
1. Centre de compétences « Design innovation » :
– adresse : rue Warmonceau, 318 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 23 21 33
– site : www.designinnovation.be
2. L’Awex est l’Agence wallonne à l’exportation. Fedustria est la Fédération belge de l’industrie textile, du bois et de l’ameublement.