Le 14 juin, plus d’une centaine de personnes ont participé à une matinée de Forum sur la revitalisation urbaine à Bruxelles. Organisée par le secrétariatrégional au développement urbain (SRDU)1, cette activité avait pour but de dégager des pistes de travail permettant le renforcement des processus derevitalisation. Trois axes de réflexion ont été développés au cours d’ateliers de travail sur la base d’exemples : participation (le projet Four Cities), espacepublic (le parc Bonnevie) et culture (la Zinneke Parade).
Une participation plus en amont
De l’atelier « participation », Stefaan Decorte (Cosmopolis) a dégagé la piste de travail suivante : il faut faire du dossier de base d’un contrat de quartier unvéritable diagnostic du quartier et non pas un simple constat de la situation immobilière. Ceci implique de mobiliser plus tôt les habitants dans la dynamique locale et de faireun inventaire des stratégies politiques – autre que le contrat de quartier – menées dans le quartier.
Le dossier de base constituerait alors « la première étape d’un scénario du développement global du quartier ». Son élaboration devrait êtreintégrée dans le processus de participation, grâce à une phase préparatoire plus longue. Pour y parvenir, il faudrait renforcer la légitimité deshabitants membres de la Commission locale de développement intégré (CLDI), favoriser une véritable co-décision CLDI-Conseil communal et former à ce processustous les partenaires (habitants, partenaires institutionnels et non-institutionnels, personnels politique et administratif).
Vers la création d’une plate-forme multiculturelle
Mustafa Largo, parlant pour l’atelier « culture », plaide en faveur d’une vraie politique culturelle dont il livre les trois axes : 1) favoriser la connaissance culturelle de chacun,2) favoriser la mixité sociale et intergénérationnelle et 3) lutter contre toute forme de fondamentalisme et de repli communautaire en soutenant la cohésion sociale. Pourconcrétiser cette politique, il suggère la mise en place d’une plate-forme interculturelle en septembre. Celle-ci regrouperait les différents acteurs culturels,éducatifs, communaux et administratifs. Autres pistes envisagées : inciter la création artistique en liens avec le quartier, utiliser les infrastructures existantes pourpermettre des rencontres culturelles au niveau du quartier, valoriser les différences culturelles, mettre en place des instruments administratifs plus appropriés au travailartistique.
Espace public, gérer l’après
Dans l’atelier espace public, les participants ont décidé d’aller au-delà des contrats de quartier. Pour eux, « la gestion de l’espace public est autant un vecteur derevitalisation que l’aménagement de cet espace ». D’où l’urgence de promouvoir une approche plus globale de l’espace public. Parmi les pistes évoquées,épinglons :
> la création d’une structure participative plus transversale pour impliquer tous les acteurs du quartier : pouvoirs publics, transports, habitants… ;
> la modification de la subsidiation : elle doit se faire sur le long terme et être répartie entre aménagement et gestion, couvrir les investissements matériel ethumain, etc. ;
> la nécessité d’adapter la concertation autour de l’espace public en fonction de l’évolution des besoins des habitants et des riverains ;
> e développement dans les quartiers d’espaces dont l’aménagement doit rayonner à l’échelle de la ville, au-delà du quartier ;
> la communication et la confiance pendant l’aménagement et la gestion des espaces publics.
Certaines personnes insistent sur la nécessité de consulter aussi les usagers (ceux qui passent dans le quartier) en plus des habitants. D’autres sur le besoin d’informer etd’impliquer les jeunes et les femmes – les utilisateurs de demain –, car on trouve surtout des hommes âgés dans les CLDI.
Conclusions du ministre
De toutes ces discussions, Eric Tomas, ministre en charge de la Revitalisation des Quartiers, retire les conclusions suivantes : « il faut renforcer le pilotage des programmes derevitalisation en augmentant les moyens des acteurs ; il faut accroître la formation des habitants et des acteurs locaux administratifs et politiques ; il faut améliorer l’accompagnementdes porteurs de projets et surtout des petits porteurs de projets qui manquent de moyens humains. » De même, il estime nécessaire de prolonger les effets du contrat de quartier,afin de préserver leurs réalisations. C’est la question de la gestion de l’espace public sur la durée. D’où l’idée de mettre en place des processus permanents degestion et de participation.
Il est toutefois plus réticent quant aux critiques sur le dossier de base – pour lui, « le diagnostic est correct » –, mais il admet qu’il peut y avoir desfrustrations. « Les contrats de quartier ont leurs limites. Ils ne peuvent pas résoudre tous les problèmes. Ainsi, il a fallu faire un deuxième contrat de quartier àAnnessens après le premier », rappelle-t-il. Les CLDI pourraient sans doute aussi servir de caisses de résonances pour d’autres demandes que celles des contrats de quartier.
Et de conclure : « Les contrats de quartier ne sont pas la panacée. Mais le politique doit aussi accepter de discuter, d’être confronté, car nous ne sommes pas àl’abri d’erreurs. Les autres acteurs peuvent apporter beaucoup à la réflexion politique. » C’est dans cet esprit que le ministre prévoit un deuxième forum sur larevitalisation urbaine l’année prochaine.
1. SRDU, quai aux Briques 76 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 500 36 36, fax : 02 500 36 39.