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Regard critique · Justice sociale

Et à la fin, c'est Céline Fremault qui gagne

Sans surprise, c’est Céline Fremault qui est devenue la nouvelle ministre de l’Emploi et de l’Economie à Bruxelles. Même si le CDH a essayé de mettre un peu de suspens.

Sans surprise, c’est Céline Fremault qui est devenue la nouvelle ministre de l’Emploi et de l’Economie à Bruxelles. Même si le CDH a essayé de mettre un peu de suspens.

Un footballeur anglais célèbre, Gary Lineker, avait dit un jour : « Le football est un jeu simple. 22 hommes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. » Pour ce qui est de la désignation du nouveau ministre bruxellois de l’Emploi et de l’Economie, la donne était à peu près la même puisque l’on savait qu’à la fin, ce serait le CDH qui l’emporterait. Benoît Cerexhe, le ministre de l’Emploi sortant, étant finalement parti étrenner sa nouvelle écharpe mayorale du côté de Woluwe-Saint-Pierre, son successeur se devait en effet d’appartenir au même groupe politique. Un successeur qui avait toutes les chances d’être Céline Fremault, la cheffe de groupe CDH au parlement bruxellois, dont le nom circulait avec insistance depuis quelques mois. Mais ne dit-on pas que la glorieuse incertitude du sport permet d’envisager tous les scénarios avant qu’une partie ne soit jouée ? On avait donc pris le parti de patienter et de voir…

« Ça vaut bien la peine d’attendre »

Le 4 mars dernier, le CDH met donc tous les atouts de son côté pour entretenir ce (petit) suspens en convoquant la presse au matin pour dévoiler le nom de l’heureux/l’heureuse élu(e) à l’issue d’un bureau politique du parti. Table (recouverte d’une nappe orange bien sûr) pleine de tasses de café, journalistes blasés chipotant sur leur smartphone, caméramans nerveux à l’idée de louper la joyeuse entrée du ou de la ministre, l’ambiance a des airs de conclave du Vatican, même si on y parle aussi du penalty raté la veille par Milan Jovanovic ou des capacités de stockage des mémoires de téléphones portables. « Il n’y aura pas de fumée blanche avant 11 h », lance d’ailleurs un responsable de comm’ à l’assemblée qui frémit lorsqu’un tweet d’un journaliste du quotidien « La Capitale » annonce à 10 h 45 que ce sera bien Céline Fremault. Quelqu’un a craché le morceau. « Ça vaut bien la peine d’attendre, maintenant », grogne un déçu en réponse.

Malgré cela, on joue encore à croire que d’autres candidats tiennent le bon bout. Bertin Mampaka et Hamza Fassi Fihri sont cités comme ministrables potentiels, même si plus personne ne semble dupe. On vient en effet d’apprendre que les acteurs de ce film à suspens se trouvent à l’étage supérieur et attendent la presse. « Cela ne sert à rien de vous agglutiner devant la porte d’entrée [NDLR du siège du CDH], tout le monde vous attend en haut et vous pourrez prendre autant d’images que vous voudrez », envoie encore le responsable de comm’ aux cameramans avant que ne s’ouvre une porte dans laquelle tout le monde s’engouffre pour débouler à l’étage supérieur où attend une tablée qui a des allures de « Dream Team » du CDH, puisqu’elle réunit André Antoine, Benoît Lutgen, Marie-Dominique Simonet, Benoît Cerexhe, Julie De Groote et… Céline Fremault. Devant cette dernière, une petite pancarte mentionne « Céline Fremault, ministre de l’Emploi et de l’Economie de la Région de Bruxelles-Capitale »…

Il va falloir se battre

C’est donc cette souriante jeune femme de 39 ans qui succèdera à Benoît Cerexhe pour une durée de quinze mois, jusqu’aux prochaines élections régionales de juin 2014. La bio distribuée à la presse recense quelques informations intéressantes à son sujet : députée bruxelloise depuis 2004, elle a partagé jusqu’à présent son temps entre le parlement et le CDH où elle était présidente de la structure nationale des femmes et membre de la Commission Wallonie-Bruxelles. Elle est également échevine des Familles, des Crèches, de la Santé et de l’Egalité des Chances à Uccle depuis décembre 2012.

Dans son speech d’introduction, perturbé par les plaintes d’une sonorisation visiblement en fin de parcours, la nouvelle ministre insiste tout d’abord sur certains chantiers réalisés par Benoît Cerexhe durant ses neuf années de travail : accent mis sur la connaissance des langues, contrat pour l’économie et l’emploi, obligation du CPP (Contrat de projet professionnel) pour les moins de 25 ans… Elle souligne également ses priorités, comme « Se battre sur les grands projets de notre région » (« Je veux donner aux Bruxellois l’envie de rester à Bruxelles », dit-elle en affirmant que la capitale a besoin de grands projets mobilisateurs et qu’il faut que les nouveaux emplois créés profitent aux Bruxellois), « Se battre pour les entreprises » et surtout « Se battre pour les jeunes ». « Il faut d’avantage d’efficacité dans la politique d’accompagnement à l’emploi, du coaching ciblé par rapport aux métiers en pénurie et d’avenir, et augmenter les cours de langue à destination des moins qualifiés », explique-t-elle en annonçant également qu’il y aura obligation pour les entreprises de communiquer leurs offres d’emploi à Actiris. Elle prendra également le temps de définir certaines actions avec Rachid Madrane (PS), nouvellement en charge de la Formation à la Cocof. Un point intéressant lorsque l’on sait que l’on a peu de nouvelles pour l’instant des fameuses politiques croisées emploi-formation, amorcées il y a de cela un an par Benoît Cerexhe et Emir Kir (PS), le prédécesseur de Rachid Madrane à la Formation, parti depuis à Saint-Josse en tant que bourgmestre. Un poste décidément très en vogue.

Malgré cela, pour plus de détails, il faudra patienter. « Je ne savais pas encore hier si j’allais être désignée, s’excuse-t-elle lorsque nous l’interpellons à ce sujet dans une salle désertée par les radios et les télés, parties fissa après une interminable session de photo et d’interviews express, journal de 13 h oblige. Donnez-moi quelques jours et nous en reparlerons. » Rendez-vous est donc pris, notamment sur certaines questions relatives à l’économie sociale, une compétence de la ministre dont personne n’a parlé en cette journée d’intronisation. Il est vrai qu’il faut le savoir…

Un beau jeu de dominos

La nomination de Céline Fremault n’est pas le seul mouvement de troupes annoncé ce 4 mars par le CDH en Région de Bruxelles-Capitale, en Région Wallonne et au sein de la Communauté française. Accrochez-vous, c’est parti :
• Céline Fremault devient donc ministre de l’Economie, de l’Emploi, de la Recherche scientifique, du Commerce, du Commerce extérieur, de la Santé, de la Formation des classes moyennes et de la Fonction publique en Région de Bruxelles-Capitale. Le tout en lieu et place de Benoît Cerexhe ;
• Benoît Cerexhe, justement, devient Bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre suite aux élections communales d’octobre 2012 et remplacera Céline Fremault comme chef de groupe CDH au Parlement bruxellois ;
• Julie De Groote sera la nouvelle cheffe de groupe au Parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles en remplacement de Marc Elsen, devenu bourgmestre de Verviers ;
• Hamza Fassi Fihri, un des ex-ministrables, occupera le poste de président du Parlement francophone bruxellois, à la place de Julie De Groote ;
• Bertin Mampaka, un autre ex-ministrable, siègera en tant que sénateur à la place de Dimitri Fourny, devenu bourgmestre de Neufchâteau ;
• Enfin, Maxime Prévot a été confirmé comme chef de file du CDH au Parlement wallon.

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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